Fatras de liberté, l'étalage des mots de
Prévert fait chaud au coeur. Les mots simples s'y endimanchent, mais s'y endimanchent sans messe, sans défilés, sans le sang qui coule des mitraillettes. On se balade en souriant, révolté, grinçant et léger, entre souvenirs d'une enfance qui s'obstine au bonheur, comptines qui se racontent sans se compter, chansonnettes sérieuses, mots-valises qui vous voyagent l'âme, scènettes absurdes et jolies, ou tweets avant l'heure (au hasard, "Métaphysique : tout cela pour dire comment ils ne savent pas pourquoi").
Prévert fait sa fête à la langue, il la chatouille, il lui fait du bouche-à-bouche quand on la tue à coups de prières et de savanteries. Alors les mots respirent en rythme, ils chantonnent pour faire taire la logique marmonnante des flics grammaticaux, ils démontrent sans mathématique qu'ils sont magiques, monstrueux et beaux.