Un des livres fétiches de mon enfance...D'abord j'adorais ...son odeur! C'était une belle édition, avec des illustrations raffinées et naïves à la fois.
L'histoire iconoclaste et déconcertante me charmait: j'avais l'impression qu'elle réparait toutes les injustices du monde avec un aplomb et un culot monstres, sans niaiserie cul-béni , sans apitoiement charitable, avec l'évidence enfantine de la poésie.
L'histoire, présentée comme une pièce de théâtre- ou un
spectacle de marionnettes?- se passe la nuit de Noël, chez un vieux monsieur riche, maniaque et égoïste, mais surtout très seul.
Une famille pauvre avec un chien, un chat et un oiseau fait intrusion, le soir de Noël chez ce vieil homme et se met à sortir des placards tous les cadeaux de Noël jamais déballés, toute la belle vaisselle soigneusement empaquetée, toutes les chose précieuses soigneusement enfermées pour les préserver et qui ne servent jamais...et tous les souvenirs du vieil enfant qu'il a été se remettent à vivre , fragiles, cassables, sous les mains fébriles et joyeuses d'un petit garçon pauvre qui n'a jamais eu de jouet..
La famille fait un réveillon formidable et le vieil homme a un peu de compagnie même si son caractère ronchon gâche un peu le plaisir..On lui donne deux comprimés de Kidordine et on le met au lit dans la chambre de bonne au carreau cassé. le grand lit moëlleux, c'est pour le jeune couple!
L'humour tendre et vachard de
Prévert, sa gouaille parigote et généreuse sont défendus par des illustrations formidables faites par un ami de mon père, Henriquez, dont la maison était un enchantement: des automates, des marionnettes, des chevaux de cirque..Il fallait nous arracher de là quand nous allions lui rendre visite dans son antre!
J'ai toujours le livre...il est un peu écorné d'avoir été tellement lu, mais l'odeur délicieuse de ses pages est restée intacte...j'y replonge le nez de temps en temps...on a les petites madeleines qu'on peut!