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Lire le quadrille des maudits c'est renouer avec l'ADN originel du roman policier, exhumer les canons qui ont marqué la naissance du genre : une série de meurtres, une enquête menée par un inspecteur intuitif et malin flanqué d'un coéquipier rompu aux vieilles ficelles, une mise en scène spectaculaire de l'élucidation finale. Point d'enquêteur fourbu ou dépressif, ni de mise à jour d'un système corrompu ou mafieux. Guillaume Prévost ressuscite les enquêtes conduites par de fins limiers avec pour décor le Paris de 1919, avec sa faune et ses grands fauves déjà présents dans le milieu du cinéma. L'académisme est également respecté avec des personnages aux tempéraments presque cartoonesques qui portent le reflet de l'époque, sculptés par des dialogues qui fixent parfaitement les situations. En apparence un roman pêchu porté par une certaine vitalité dans l'écriture...jusqu'au moment où l'enquête piétine et dérive vers le passé de l'inspecteur principal François-Claudius avec une quête des origines énigmatiques. Il croisera le chemin de sa mère qui l'a abandonné mais aussi celui de son ex-fiancée, des éléments perturbateurs qui prennent une certaine ampleur au point de déplacer le centre de gravité de l'intrigue et laisser la sensation de narration flottante. Mais est-ce réellement la conséquence de ces événements qui viennent déstabiliser notre enquêteur ou la forme d'investigation adoptée qui, sans trop en dire, au risque d'en garder un peu trop, écarte totalement le lecteur/la lectrice de la recherche du coupable ? Personnellement j'ai été un poil frustrée avec le sentiment que l'auteur a écrit ce roman avec une impulsion puissante sans savoir où il allait, sans table d'orientation car on pourrait presque oublier qu'il y a un meurtrier à débusquer. Mais François-Claudius a toutes les qualités essentielles du héros de roman policier qui veut se faire un nom...le dénouement plutôt impétueux au regard du cheminement de l'enquête est surprenant. Le quadrille des maudits ne rime pas avec récit édifiant mais il y a une énergie, des vibrations séduisantes dans ce bouquin, on tombe facilement sous le charme de l'inspecteur François-Claudius qui se montre très attachant. Si Prévost avait tenu son idée d'une plume de fer, il aurait signé un roman sacrément pêchu. Lecture divertissante. + Lire la suite |