L'un de mes plaisir de lectrice est de me plonger de temps en temps dans un bon roman policier historique, pas souvent parce que c'est un genre qui -il faut bien l'admettre – se répète souvent et je déteste ça, cette lassitude qui s'empare parfois de moi, ce «encore ! C'est toujours pareil ! » et parce que c'est un genre qui, s'il m'a offert de très bons moments de lecture, m' a aussi imposé de cuisantes déceptions. Je m'y rends donc avec une parcimonie toute calculée, de peur de gâcher le plaisir éventuel.
Et d'ailleurs choisir le bon polar historique relève de l'épreuve. Il y a tellement de titres, de séries qu'il y a forcement du médiocre dans le lot. Comment faire alors ? Avant souvent, je choisissais en fonction d'une époque qui m'attirait plus qu'une autre à une période donnée. Sauf que ce n'est pas parce que l'intrigue de l'ouvrage prend corps dans une époque qu'on apprécie qu'on trouvera nécessairement le livre bon… Il m'est arrivé de procéder par auteur. Parce que le roman de l'un d'entre eux m'avait plu, je me jetais plus ou moins dans sa bibliographie. Là encore, c'est prendre le risque de la répétition, de la redondance, de la monotonie et celui de la médiocrité. Je suis peut-être trop exigeante ou snob mais je suis convaincue qu'au bout de dix volumes d'une même série parus à la vitesse grand V, lesdits romans perdent en qualité, que leur auteur ne fait que combler les vides d'un cahier des charges sans se soucier de la qualité littéraire de ses écrits… Ainsi j'ai mis au placard ma manie des bibliographie, adoptant la stratégie suivante : lire le premier volume, le deuxième peut-être et après… stop, parce que je trouve ça répétitif et moins bons surtout (C'est à toi que je pense
Anne Perry dont je n'ai aimé que « L'étrangleur de Caterv Street », ou à toi
Olivier Barde-Cabuçon dont j'adorais pourtant les premières enquêtes du «commissaire aux morts étranges »).
A présent, ce sont l'instinct et les conseils des libraires qui président à mes choix et pour ce coup-ci, ni l'un ni l'autre ne m'ont trop trompée et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire «
Les Sept Crimes de Rome » orchestrés de manière diabolique par
Guillaume Prévost.
Nous sommes à Rome en 1514 (L'Italie renaissante…une de mes périodes favorites!) et on y découvre avec effroi le corps supplicié et décapité d'un jeune homme sur la statue de
Marc-Aurèle. le crime est signé, marqué : sur le mur s'étale en lettres de sang l'inscription « Eum qui peccat » (« Celui qui pèche »).
La suite de la citation ne se fait pas attendre : « … Deus castigat » (« Dieu le punit ») et elle signe un autre meurtre découvert peut après, celui d'un vieillard qu'on retrouve assassiné, nu et attaché à une échelle…
Bientôt, la Ville éternelle est en émoi d'autant que les meurtres se succèdent à une cadence effrénée… et aucune des pistes suivies ne semblent porter ses fruits, aussi sanglants fussent-ils…
Et ces messages qui parlent péchés et punitions divines…
Guido est étudiant en médecine et surtout le fils du défunt barigel de la ville, Vincent Sinibaldi. le jeune homme a hérité de son père la passion des affaires criminelles et des enquêtes. Protégé par le capitaine de police Barbieri dont son père fut autrefois l'ami, il se lance dans la résolution des crimes qui entachent Rome et avant qu'il ne parvienne à en élucider le mystère, sept victimes y perdront la vie. Pour ce faire, il sera aidé par
Léonard de Vinci, alors en résidence à Rome et sous la protection du frère du Pape Léon X. Les hommes ne seront pas trop de deux pour démêler l'écheveau d'une affaire particulièrement sombre et torturée qui les conduira des bas-fonds les plus sordides de Rome aux bibliothèques du Vatican, des geôles de la ville aux ors des réceptions, sur fond d'intrigues politiques et d'Histoire des Arts.
Certes l'intrigue et sa résolution même si je me suis faite avoir comme une bleue (mais qu'on ne s'y trompe pas, j'adore ça!) ne sont pas foncièrement originales mais j'ai passé un excellent moment avec «
Les sept crimes de Rome » menés tambour battant et de manière virtuose. On peine à lâcher le livre écrit dans un style fluide mais élégant, sans fioritures mais travaillé. L'idée de faire enquêter
Léonard de Vinci était audacieuse mais l'essai est plus que réussi. de plus,
Guillaume Prévost a su doser l'équilibre entre son intrigue et l'aspect historique de son roman dont l'érudition n'alourdit en rien le propos, au contraire. C'est même un plaisir de déambuler dans cette Rome-là, complexe et fascinante, en compagnie de personnages fort bien campés si ce n'est attachants.
On m'a dit que l'auteur avait écrit d'autres romans policiers dont il a placé l'intrigue au tout début des années 20. J'ai presque envie de me laisser tenter.