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3,39

sur 2703 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre fait partie de ces grands romans du XVIIIème siècle français à l'instar des Liaisons dangereuses, de Paul et Virginie, de Jacques le Fataliste ou La nouvelle Héloïse. Par ailleurs, l'histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut est devenue la légende d'un couple comme pour Roméo et Juliette (moins popularisée néanmoins). Son auteur a connu la notoriété et l'immortalité grâce à cet ouvrage même s'il était un écrivain prolifique. Je crois que cela revient au fait que cette oeuvre est inclassable et a pu rester moderne par son sujet.

D'abord, elle est classique par son style sobre et dépouillé de toute recherche du pittoresque. Mais elle est aussi préromantique par sa description de la passion fatale qui mène à un état presque maladive (comme dans René de Chateaubriand).

L'Abbé Prévost a mis beaucoup de lui-même et de son expérience personnelle dans ce roman. Ce dernier nous présente le témoignage intime du chevalier des Grieux, un garçon qui avait un avenir prometteur, un père des plus obligeants et prévenants et un ami des plus vertueux et compréhensifs. Celui-ci a choisi de poursuivre sa passion sulfureuse pour une fille nymphomane et vénale.

L'amour inextinguible de des Grieux nous offre un miroir de l'âme humaine qui aime avec tous les transports. Ce jeune homme désire la fidélité de sa maîtresse, il suit malencontreusement le désarroi de son coeur, et ce n'est pas assez de repousser tout conseil et sermon de son ami Tiberge ; il absout toutes les inconstances et les récidives de sa chère Manon. Il s'agit de l'image du premier amour, sincère, fatal et infernal qui est voué au désespoir, à la calamité et au désenchantement.

Ce roman de libertinage accumule les mésaventures de Des Grieux : jeu de cartes, affaires d'escroquerie, assassinat, proxénétisme, voyage en Amérique, duel…
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Ce livre a beau s'appeler Manon Lescaut, ce n'est pas son histoire qui est relatée ici. Elle n'est qu'un personnage secondaire, le personnage principal étant le Chevalier de Grieux un jeune aristocrate écervelé, geignard et irresponsable. A notre époque moderne on évoque souvent la légèreté de la jeunesse, celle qui succombe à l'argent facile plutôt que de travailler. Mais alors que dire de celle du 18eme siècle ? A longueur de romans chez les rejetons de la noblesse ou de la bourgeoisie ce n'est que paresse, suffisance et combine pour soutirer de l'argent à leurs parents. La plupart ont fait des études coûteuses mais pas un ne songe à travailler même quand les rentes familiales se tarissent. C'est le cas de notre jeune désoeuvré qui mange ses économies dans une vie de plaisir puis quand il n'en a plus profite de celles que Manon soutire à ses vieux amants fortunés. Évidemment elle lui doit beaucoup puisque c'est lui qui l'a sauvé du couvent ou sa famille voulait l'enfermer. Attaché irrémédiablement à elle, il va tout trahir, famille, amis, connaissances pour la suivre jusqu'aux colonies ou déportée comme prostituée elle mourra misérablement. Mais le jeune homme n'est pas Roméo, il ne suivra pas sa Juliette dans l'au-delà et même si ce n'est pas dit on l'imagine aisément rentrer en France et reprendre son rang dans la bonne société considérant plus tard cet épisode de sa vie comme une passade de jeune homme. "Manon Lescaut" est un classique agréable à lire qui plaira à tout amateur de bonne littérature française...
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J'ai eu envie de lire Manon Lescaut, car j'ai retrouvé le nom de ce roman dans plusieurs ouvrages du 19ème que j'ai lu, Notre coeur, Fort comme la mort... sans oublier La Dame aux camélias, ouvrage dans lequel le roman Manon Lescaut est un fil rouge. Manon Lescaut m'a d'ailleurs beaucoup rappelé La Dame aux camélias écrit après, mais que j'ai lu avant. Armand fait penser au chevalier des Grieux et Marguerite à Manon.
Il y a d'ailleurs des similitudes entre les deux romans, au niveau de l'intrigue (la présence de riches amants âgés, par exemple), mais aussi de l'écriture avec l'utilisation de la technique du récit enchâssé pour raconter l'histoire.
Cette histoire triste, certes, est très bien écrite, les tristes aventures des amants maudits nous sont racontées sans temps mort, j'ai beaucoup aimé.
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Ce livre m' a beaucoup plu.. et pourtant la romance du Chevalier et de Manon est assez risible au début : tout le monde ( les protagonistes , le lecteur, le Chevalier lui même) a conscience que Manon est pervertie par l'argent . Mais l'amour passion que porte le héros est si pur et si noble qu'il emporte tout : Manon devient réellement amoureuse et le lecteur ( moi) est ému devant un tel amour.
Je ne dévoilerai pas la fin mais celke- ci est assez conventionnelle ( c'est là ma seule déception).
Au final , plus qu'un roman d'amour c'est aussi un livre sur l'amitié car cette dernière est la seule fidèle au Chevalier tout au long de l'histoire..
Un classique qui mérite le détour!
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Alors celui ci autant vous le dire de suite c'est un de mes favoris : un superbe ouvrage sur une ame simple voulant juste passer une existence de plaisir sans pour autant demander le moindre argent : un classique de la litterature francaise à decouvrir vous en serez pas déçu !
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Une relecture qui m'a fait rire : quel couple extravagant et parfois grand-guignolesque que forme ce Des Grieux et la trouble Manon. Difficile de savoir ce qu'a voulu faire Prévost derrière ce récit qui pourrait être tout à fait moralisant mais provoque davantage le plaisir à voir ces libertins en pleine action. Et puis le rire, oui, le rire, car les deux sont certes épris d'une grande passion mais qui est elle-même d'un grand ridicule : Des Grieux ne cesse d'en faire des tonnes, il est prêt à tout (la ruine, le déclassement, la mort) pour sa dulcinée et Manon elle reste prête à tout... Pour son plaisir. Attention, loin de moi l'idée de blâmer cette dernière : elle apparaît à certains moments comme la plus réaliste, la plus pragmatique des deux. Des Grieux, qui peut émouvoir, m'a davantage fait sourire de par son inconséquence.
Toutefois n'oublions pas que, si le livre peut prêter à sourire aujourd'hui, il propose une vision tranchée de ce qu'est la société vers la fin de l'Ancien Régime : des hommes plus ou moins tous corrompus, du moins cherchant tous à satisfaire leurs bas instincts (qui sont ces riches personnes qui blâment Des Grieux alors qu'elles-mêmes ne cessent de vouloir procéder à leur propre libertinage ?). Tous ces hommes sont libertins, mais tous les moyens ne sont pas bons pour y parvenir. Seul Tiberge semble incarner la vertu, l'honnêteté et l'amitié (mais on pourrait également le voir comme... la bonne poire).
Et les femmes dans tout ça ? Il n'y en a que deux, et celles-ci sont dans les faits amenées à des formes de prostitution. Il suffit de relire de Gouges à côté pour comprendre qu'il n'y a là rien d'étonnant à peindre les femmes sous l'unique angle de leur physique, celui-ci agissant comme une arme de séduction (et donc d'enrichissement) massive. Oui, c'est limité mais c'est le XVIIIe... Et donc d'en revenir à mon propos précédent sur Manon : oui, celle-ci pourra paraître comme une jeune coquette inconséquente et friponne. Mais elle peut aussi s'avérer d'une intelligence et d'une habileté sociale et pragmatique. Dans le fond Manon a les clés de cette société, elle sait bien plus que Des Grieux comment ce petit monde joue sa farce et quel rôle elle peut jouer là-dedans. le problème ? Une même société qui ne veut pas voir la mise en scène confiée à une femme.
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Manon Lescaut, c'est le XVIIIe siècle en majesté. Non qu'ici il soit question d'une princesse innocente qui découvrirait l'amour, mais ce destin d'un couple hors norme est conté avec une telle maîtrise, tant du point de vue du style que de l'intrigue, qu'on ne peut que s'incliner.
Cette histoire d'une tragique passion entre deux amants qui refusent leur destin tracé (le couvent pour Manon et l'ordre de Malte pour le chevalier des Grieux) préfigure même le siècle littéraire suivant par son romantisme exacerbé.
Du confort à la prison, jusqu'au départ forcé en Amérique, Manon Lescaut justifie cette sentence de Pascal : « le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
Manon Lescaut c'est aussi vivre pour vivre, sans le souci du lendemain ; une recherche insouciante du bonheur, au mépris des règles, lesquelles font loi, comme l'éprouveront douloureusement Manon et Des Grieux.
Ce serait donc une erreur de croire que cette fiction n'est qu'une ode à l'amour. Au contraire, on peut y lire une certaine mise en garde contre la recherche effrénée des plaisirs et ses débordements. « Puissent vos criminels plaisirs s'évanouir comme une ombre ! », espère Tiberge, l'ami vertueux du chevalier. Car ce dernier, devenu aussi inconstant que sa bien-aimée – courtisane à ses heures – va jusqu'à l'escroquerie pour assouvir sa passion pour Manon.
Le narrateur, en préambule, met d'ailleurs en garde le lecteur : « J'ai à peindre un jeune aveugle, qui refuse d'être heureux, pour se précipiter volontairement dans les dernières infortunes ; qui, avec toutes les qualités dont se forme le plus brillant mérite, préfère, par choix, une vie obscure et vagabonde, à tous les avantages de la fortune et de la nature ; qui prévoit ses malheurs, sans vouloir les éviter ; qui les sent et qui en est accablé, sans profiter des remèdes qu'on lui offre sans cesse et qui peuvent à tous moments les finir ; enfin un caractère ambigu, un mélange de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments et d'actions mauvaises. »
Manon Lescaut – dont le titre complet est : Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut – est donc un roman paradoxal puisqu'on ne retient souvent que le destin tragique de ces deux amants, auxquels on pardonne volontiers tous les écarts, si contraires soient-ils à une certaine idée de la morale. Et c'est là le génie de l'abbé Prévost, qui s'incline jusque dans la narration puisque c'est par la voix du chevalier lui-même que nous découvrons son histoire. le chevalier a alors tout loisir d'excuser ses inconduites et surtout : celles de Manon.
Ce roman fait quelque part l'aveu que les sentiments amoureux échappent à l'analyse froide et au jugement. Et le lecteur est caution de tous les crimes pourvu que l'amour soit sauf. Ce que Des Grieux exprime par cette phrase adressée à son père : « C'est l'amour, vous le savez, qui a causé toutes mes fautes. Fatale passion ! Hélas ! n'en connaissez-vous pas la force, et se peut-il que votre sang, qui est la source du mien, n'ait jamais ressenti les mêmes ardeurs ? L'amour m'a rendu trop tendre, trop passionné, trop fidèle et, peut-être, trop complaisant pour les désirs d'une maîtresse toute charmante ; voilà mes crimes. »
Il n'en reste pas moins vrai que ce couple, formé par Manon et le chevalier des Grieux, a traversé le temps et trouve désormais sa place dans l'éternité des amoureux mythiques, qui compte entre autres Orphée et Eurydice et les amants de Vérone.
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"Ah Manon, perfide Manon"...
Cette lecture n'est pas ma première de cette oeuvre de Prévost et malgré les années, j'aime toujours autant.
Tout d'abord, qu'un abbé écrive une histoire d'amour, où la passion domine et où le protagoniste se marginalise, est particulièrement intrigant.
Prévost sait manier les mots pour dépeindre la passion et la déraison d'un jeune homme de qualité. Des Grieux contrarie les plans de son père, trahit sa parole donnée aux autres, tue, s'évade, vole par amour pour la belle et insaisissable Manon.
La focalisation interne n'est du fait que du chevalier. A aucun moment nous n'avons les sentiments et pensées de Manon. Tout nous est rapporté par le regard oh combien passionné de cet amant transi d'amour. de ce fait, Manon paraît la belle mystérieuse, la traîtresse, la manipulatrice et la perfide de l'histoire. Ses faits le prouvent : elle est en perpétuelle recherche du luxe, de superficialité et d'argent. Elle est prête à trahir Des Grieux à chaque fois.
Mais que ressent-elle réellement pour lui ? Mystère... la focalisation interne de Des Grieux nous empêche d'établir des certitudes. Néanmoins, Manon retourne toujours aux sources... et revient chaque fois auprès de son sensible amant... jusqu'à ce que ses ressources financières s'épuisent de nouveau.
Ce court roman relate cette passion maudite et la vie rocambolesque d'un duo mal assorti : un homme honnête et fidèle qui s'amourache d'une jeune fille légère, avide et libre.
L'intrigue est une suite d'actions malheureuses : pauvre Des Grieux ! La malchance le poursuit de ses assiduités ! Il en perd pied et sombre à tous les niveaux.
En outre, ce roman est à la croisée des sources littéraires : des accents de tragédie, des références à Dom Juan de Molière (dans les scènes de reproches paternels), de roman picaresque en passant par des scènes plus comiques. La sensibilité ou pré-romantisme, courant dont fait partie l'auteur, annonce Rousseau et Chateaubriand ou encore la plume de Bernardin de Saint Pierre.
Attention à ne pas classer ce roman dans le libertinage, vous n'y trouverez aucune scène scabreuse ou de libertin débridé. Non, vous y trouverez les affres de la passion qui mènent au pire.

Une belle histoire à la plume poétique où tout se cristallise sur Manon, voilà pourquoi le titre raccourci la met en avant, elle; en plus de mettre en avant un personnage qui n'a aucune noblesse et qui est une femme ! Belle modernité.
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Encore un livre que j'ai adoré. Pourtant, j'ai pensé au début de ma lecture que ce serait une lecture agréable, mais sans plus. Et quelle erreur !

L'écriture de l'abbé Prévost a totalement conquis mon coeur (je n'avais rien lu de lui auparavant). L'histoire peut paraître originale dans le choix des personnages, mais sinon je l'ai trouvée assez basique. Un héros qui tente de devenir un anti-heros par quelques défauts mais sans réussir, car on l'aime et lui pardonne naturellement, c'est assez classique. le choix du caractère féminin du texte en revanche est plus subtil puisque j'ai passé les 3/4 du livre à ne savoir sur quel pied danser à son propos.
L'histoire reste assez basique dans l'idée avec une histoire d'amour passionnelle et compliquée, malgré de chouettes rebondissements. Ce qui fait que j'ai tant aimé ce livre cependant reste son incroyable capacité à me toucher, grâce à une écriture riche et juste dans les sentiments humains. C'est le gros point fort du livre selon moi.
Je vous conseille fortement de le lire et de vous faire votre avis : à première vue il peut paraître peu original, mais il a une profonde richesse qu'il est délectable de contempler.
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La relecture de Manon Lescaut m'a beaucoup fait rire !

Le Lecteur fait la connaissance de Des Grieux et de Manon Lescaut ; deux personnes épris d'une folle et grande passion amoureuse. le chevalier Des Grieux réussit parfaitement à émouvoir le Lecteur en incarnant l'amant prêt à tout abandonner et à tout sacrifier pour son seul et unique amour, Manon. Un amour qui peut prêter à rire, car profondément démesuré et dysfonctionnel, mais qui peut aussi nous faire penser à une ode à l'Amour, propre aux Romantiques, où la passion amoureuse est fatale. Néanmoins, il ne faut pas oublier que Manon Lescaut reste un roman libertin, et que derrière cette fresque amoureuse, se cache l'histoire d'un amour interdit par la Morale.

Manon incarne le personnage le plus fascinant et le plus mystérieux du récit que le chevalier Des Grieux livre à son Lecteur - et qui ne dévoile jamais son portrait, lui laissant le soin d'imaginer l'éthopée et la prosopographie de Manon. Ce dernier ne peut s'empêcher de compatir avec le narrateur qui souffre atrocement des nombreuses infidélités de son amante, de ses abandons, et de son apparente frivolité.

Seulement, malgré le portrait négatif que nous dresse Des Grieux de sa dulcinée, apparenté à une femme fatale, il me semble que Manon soit en réalité une femme pragmatique ; elle connaît parfaitement les rouages de la société dans laquelle elle et son amant évoluent. Aussi, de ce point de vue, leur amour semble VRAI mais MAUDIT, car il est sans cesse confronté à la réalité du monde ; à la Morale, qui interdit fermement ce genre d'amour et à la représentation collective de la femme réduite à son physique et qui n'a souvent d'autre choix que d'user de ses charmes pour survivre et pouvoir s'enrichir.

Une oeuvre riche et complexe à comprendre, à en saisir un véritable sens, mais qui vaut la peine d'être lu ou relu, ne serait-ce que pour jouir du plaisir d'aller à l'encontre de la Morale du XVIIIème en osant vivre un amour « hors-norme ».
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