Du côté de l'esprit, je trouvai dans les quatre demoiselles beaucoup plus que je n'avais espéré. Ce n'était pas proprement de la pensée et de la raison, des réflexions et des discours, de la vérité et du raisonnement. Enfin, ce qu'elles disaient n'était pas des choses. Mais qu'on me le définisse donc, car ce n'était pas des riens non plus, puisqu'il n'y a point d'effet sans cause, et que pendant une longue nuit, tout ce qu'elles dirent nous entretint dans la joie et la belle humeur ; ou si l'on veut que ce fût des riens, c'étaient les plus jolis riens du monde.
Je lui ai entendu dire bien des fois qu'il n'avait rien aimé sérieusement jusqu'alors, et que se sentant tout d'un coup si excessivement touché il en avait frémi, comme par un pressentiment secret des peines que l'amour allait lui causer.
C'est le ciel sans doute, qui prit soin de me conserver la santé du corps, pour m'ouvrir un jour sur le danger de mon âme.
Mais à quoi sert la resistance d'une femme qu'a irriter ses propres désirs?
Antoine-François Prévost naît en 1697, sa jeunesse aventureuse est peu connue. Ordonné prêtre, il publie les deux premiers tomes des « Mémoires et aventures d'un homme de qualité ».
Il « rompt ses voeux » et s'enfuit à Londres, puis en Hollande et tombe amoureux d'une courtisane, Lenki Eckhardt. C'est à cette époque, que paraît le septième tome « des Mémoires et aventures d'un homme de qualité », qui raconte l'histoire de Manon Lescaut et de Des Grieux. Criblé de dettes, Prévost revient en France. Il entre au service du prince de Conti en tant qu'aumônier, tout en continuant d'écrire. Il meurt en 1763 en Picardie.
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