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Citations sur Le prestige (16)

Une illusion se divise en trois étapes.
Tout d’abord, les préparatifs, qui permettent d’esquisser, de laisser deviner ou d’expliquer la nature de la tentative à venir. Les accessoires sont visibles. Des volontaires appartenant au public participent parfois à ce prélude, au cours duquel le magicien dispense autant de renseignements trompeurs qu’il lui est possible.
L’exécution qui, pour susciter le spectacle de la magie, associe une vie passée à s’entraîner au don inné de comédien du prestidigitateur.
Enfin, la dernière étape, aussi appelée effet ou prestige, qui est le produit de la magie. Si l’illusionniste tire un lapin de son chapeau, l’animal, apparemment dépourvu de toute existence avant l’exécution du tour, peut être qualifié de prestige de ce tour.

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Maintenant qu’elle s’agitait moins, il me devenait possible de la considérer avec davantage d’objectivité : c’était une femme non dénuée de charme, à peu près de mon âge. De toute évidence, elle aimait boire et en avait l’habitude. Cela m’a suffit pour me sentir en terrain connu.

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J'envisage de me tuer. Si les pages suivantes sont vierges, quiconque découvrira ce journal saura que j'ai réussi.
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Le moindre mot de ce calepin est vrai - il décrit ma réalité. Les mains vides, je vous regarde bien en face. Voilà ma vie, je vous l'ai montrée, mais cela ne vous apprend rien.
Je marcherai seul vers ma fin.
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J'ai fait et refait mes calculs plus de dix fois. Alley les a vérifiés, lui aussi. Nous nous trouvons confrontés au cauchemar de l'expérimentateur scientifique : une dichotomie inexplicable entre la théorie et les résultats pratiques. (p. 361)
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Il avait pris comme nom de scène Ching Ling Foo.
Je n’eus qu’une seule occasion d’assister à son numéro, il y a de cela quelques années, a l’Adelphi Theater de Leicester Square. Le spectacle terminé, je gagnai l’entrée des artistes et envoyai ma carte à Ching, qui sans plus attendre m’invita aimablement dans sa loge. Il s’abstint de parler de ses illusions, mais je ne pouvais détacher le regard de l’objet posé près de lui sur un piédestal — son accessoire le plus célèbre : un grand aquarium sphérique à poissons rouges qui, en semblant surgir du néant, marquait le fantastique apogée de son numéro. Ching me proposa d’examiner le bocal, lequel était des plus normaux. Il renfermait au moins une douzaine de poissons ornementaux, tous vivants, et était empli d’eau. Je cherchai à le soulever, car je savais de quelle manière Ching le faisait apparaitre, et je m’ébahis de son poids.
Mon hôte ne dit mot en me voyant aux prises avec l’aquarium. De toute évidence, il se demandait si je connaissais ou non sa technique et répugnait à donner, même à un collègue, le moindre indice susceptible de la trahir. Quant à moi, j’ignorais comment lui révéler que son secret n’en était en effet plus un pour moi, si bien que je tins également ma langue. Je restai en sa compagnie une quinzaine de minutes, qu’il passa assis, à hocher poliment la tête tandis que je le complimentais. A mon arrivée, il avait déjà troqué son costume de scène contre un pantalon foncé et une chemise bleue à rayures, bien qu’il ne se fût pas encore démaquillé. Quand je me levai pour rendre congé, il quitta sa chaise, devant le miroir, afin de me raccompagner a la porte. Il marchait la tête basse, les bras pendants, en trainant les pieds comme si ses jambes l’avaient énormément fait souffrir.
A présent que des années ont passé et que Ching est mort, je puis dévoiler son secret le plus jalousement gardé, un secret dont, cette nuit-là, j’eus le privilège d’entrevoir l’étendue obsessionnelle.
Le célèbre aquarium se trouvait sur scène durant tout le spectacle, prêt à sa soudaine et mystérieuse apparition, habilement dissimulé au public. Ching le portait sous l’ample robe de mandarin qu’il affectionnait, coincé entre les genoux, jusqu’à sa sensationnelle matérialisation - véritable miracle, eût-on dit - à la fin du numéro. Aucun spectateur ne parvint jamais à deviner comment il réalisait ce tour, bien qu’il eût suffi d’un instant de réflexion logique pour percer le mystère.
Mais la logique se trouvait en conflit magique avec elle-même! Le seul endroit où il était possible à Ching de cacher le lourd aquarium était l’intérieur de sa robe, et il était logiquement impossible qu’il l’y mît. Il semblait évident à tout un chacun que Ching Ling Foo, le frêle Chinois, accomplissait son numéro d’une démarche trainante, douloureuse. Lorsqu’il faisait la révérence, pour conclure, il s’appuyait sur son assistante, laquelle le soutenait ensuite tandis qu’il sortait de scène en clopinant.
La réalité était totalement différente. Ching était un homme vigoureux d’une grande force physique,
et porter l’aquarium de cette manière lui était tout à fait possible. Cela dit, la taille et la forme du bocal le contraignaient à traîner les pieds tel un mandarin, mettant son secret en péril, car l’attention se concentrait alors sur sa manière de se déplacer. Donc, pour préserver le mystère, il traina les pieds sa vie durant. Jamais, à aucun moment, chez lui ou dans la rue, de jour ou de nuit, il n’adopta une démarche normale, de crainte que son secret ne fût dévoilé. Telle est la nature de celui qui joue le rôle du sorcier.
Le public sait bien qu’un magicien pratique ses tours des années durant, qu’il répète avec soin chaque numéro, mais peu de gens ont conscience de l’étendue du désir de tromper qu’entretient l’illusionniste : l’apparente contradiction qu’il apporte aux lois de la nature devient une obsession qui gouverne chaque instant de sa vie.
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L’artiste n’est pas un sorcier, mais un acteur jouant le rôle d’un sorcier et désireux de faire croire, fût-ce un instant, qu’il est en contact avec des forces obscures. Le public, quant à lui, sait qu’il n’assiste pas réellement à une démonstration de sorcellerie mais oublie cette certitude pour former le même vœu que l’illusionniste. Plus ce dernier est doué pour maintenir l’illusion, plus on le considère expert en sa trompeuse magie.
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Dans l'expression du chagrin se trouve sa guérison même.
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Ce n'est pas un endroit pour un enfant imaginatif.
Corridors et escaliers mal éclairés, alcôves et recoins cachés, tentures sombres et vieux portraits obscurcis, tout cela dégageait une impression de menace oppressante. (p. 188)
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Quelle importance, de nos jours ou à l'époque, si deux prestidigitateurs ont consacré leur vie à s'entre-tuer ? Le mépris, la haine ou l'envie qui occupaient autrefois ces deux hommes ne concernent en rien leurs lointains descendants, dotés d'une existence et d'occupations personnelles. Sans doute ; le bon sens le veut ainsi, mais les passions du sang échappent à la raison. (p. 181)
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