AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Arakasi


En illusionnisme, « le Prestige » est le point d'orgue d'un tour de magie, le moment où le prestidigitateur fait jaillir l'impossible du possible, suscitant ainsi stupeur et enchantement. Tout ceci n'est évidemment qu'illusion et si le spectateur s'y laisse prendre volontiers, les autres magiciens n'ont qu'une hâte : découvrir la clef de l'énigme. Car le Prestige n'est pas seulement source d'émerveillement, il l'est également de fortune, de gloire et de réussite. Un état de fait qui n'a jamais été aussi vrai que dans l'Angleterre victorienne où les théâtres à la mode se disputent les numéros de magie et où tous les praticiens de ce noble art se livrent à une lutte acharnée pour attirer l'admiration exclusive du public – une lutte qui peut aller fort loin car pour acquérir un nouveau tour ou le subtiliser à un confrère, des illusionnistes sont prêts à commettre bien des vilénies, allant jusqu'à l'espionnage, au vol et pire encore.

Nous sommes à la fin du XXe siècle à Londres où un conflit de ce type va naître entre deux jeunes magiciens, tous deux aussi talentueux et orgueilleux l'un que l'autre, Alfred Borden et Rupert Angier. Un accident tragique et personnel va débuter leur querelle, querelle qui ne va pas tarder à dangereusement dégénérer, la haine entre les deux illusionnistes atteignant des sommets sans commune mesure avec l'élément déclencheur du duel. Surtout que l'enjeu du conflit n'est pas mince : rien de moins que le tour le plus demandé et le plus mystérieux de toute l'Angleterre, celui de « L'homme transporté » où l'illusionniste se transfert instantanément d'un coin à l'autre d'un théâtre. Des petites échauffourées, on passe progressivement à des actes de malveillance de plus en plus graves, menaces, vandalismes, chantages… Aucun acte, aucune extrémité ne semble à même de rebuter les deux hommes dans leur course forcenée à la gloire. Où s'arrêtera l'escalade ?

Avec « le Prestige », Christopher Priest nous offre une captivante plongée dans le monde de la prestidigitation avec ses secrets, ses traditions et ses multiples codes. Doté d'une ambiance très réussie, le roman est mené comme un tour d'illusionniste ; tout n'y est que faux-semblants, fausses pistes, semi-mensonges, au point qu'il y devient parfois difficile de distinguer la vérité de l'élucubration et l'illusion du fantastique… le récit se démarque par une construction particulièrement ingénieuse : on y découvre d'abord les mémoires d'Alfred Borden, avant d'enchaîner sur le journal intime de Rupert Angier (ses deux récits étant entrecoupés de passages fort intrigants se situant au début du XXIe siècle et mettant en scène leurs descendants respectifs). Les récits des deux magiciens se complètent, se contredisent, s'éclairent et s'obscurcissent l'un l'autre, créant ainsi une suspense grandissante qui trouve sa conclusion dans un final de haute volée. Quand l'histoire prend fin et que le Prestige nous est enfin révélé, bien des zones d'ombre persistent… Mais où serait le plaisir d'un tour de magie, si tout nous était dévoilé ?

(Petit aparté sur l'adaptation au cinéma de Christopher Nolan : le cinéaste ayant pris de très nombreuses libertés par rapport au roman, les deux peuvent donc être visionnées sans crainte de redite. Personnellement, j'avoue avoir préféré le roman que j'ai trouvé plus subtil, mieux construit et moins enclin au manichéisme. le film n'en est pas moins un divertissement fort réussi que je conseille chaleureusement aux amateurs.)
Commenter  J’apprécie          180



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}