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Citations sur Certains n'iront pas en enfer (23)

L'histoire avec la Crimée était déjà terminée, l'histoire avec le Donbass venait tout juste de commencer et le feu était en train de se propager quand une grande conférence se réunit chez l'empereur. Étaient là, assis autour de la table, tous les principaux cadors du gouvernement, L'empereur leur distribua ses instructions. Untel, resserrer les boulons, untel éteindre l'incendie, untel, presser le mouvement, untel commencer à frapper. Presque tout le monde avait quelque chose à faire, mais l'essentiel demeurait inexpliqué. Entre-temps, l'empereur s'était levé, prêt à partir. C'est alors que le plus hardi des cadors gouvernementaux s'éclaircit la gorge et demanda avec précipitation : "Chacun d'entre nous a compris ce qu'il devait faire, mais...nous aimerions comprendre quel est l'objectif ultime de notre travail?" L'Empereur s'immobilisa une fraction de seconde et prononça distinctement : "L'Ukraine toute entière".
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J'essayais de lui expliquer ce que c'était qu'un poème : non point des mots, ni même des idées, ni un récit - qu'il ne fallait carrément pas leur chercher un sens - mais un souffle qui, pris dans un lacet, était parvenu à s'en extraire et à s'envoler au milieu d'un tournoiement de plumes multicolores.
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Dans le monde du showbiz russe, tu pouvais dire que, quand tu étais enfant, tu vais arraché la tête d'un pigeon avec les dents ; que ton enfant illégitime vivait en orphelinat ; que tu avais goûté du sang humain et aussi tous les autres liquides humains ; que tous tes autres enfants avaient été conçus de manière artificielle ; que tu avais trois citoyennetés et pas une seule citoyenneté russe, parce que la Russie n'était pas un pays, c'était du dégueulis qu'il fallait nettoyer avec de la poudre et que tu avais déjà la poudre ; que tu avais trois tétons, deux nombrils, ainsi que des suçoirs spéciaux sur le corps...Mais se rendre au Donbass, mon Dieu ! c'était épouvantable, c'était impossible.
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Je ne pensais pas un jour écrire ce livre.
Quarante fois je m’étais fait la promesse : laisse tout cela reposer, se décanter – le plus important, c’est ce qui restera dans ta mémoire, ce qui ne se perdra pas.
Je m’étais leurré moi-même.
Ce livre s’est écrit tout seul, à peine avais-je trempé ma plume dans l’encrier.
On connaît les cas de ces médecins qui, restés conscients, ont guidé la main de ceux qui les opéraient ou qui ont consigné leurs impressions après avoir été mordus par un serpent venimeux, après avoir reçu un traumatisme.
Ce livre, Dieu me pardonne, ressemble un peu à cela.
… La vie, la foi, la joie m’ont quitté. Où sont-elles donc passées ?
Comme disait le poète, plus justement encore : "j'ai peur car l'âme passe, comme la jeunesse et l'amour"
(incipit)
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L'homme nouveau s'appellera homo amnesicus.
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C’est comme ça, me semble-t-il, que tu te rends compte que tu n’as plus la santé : ce n’est pas quand un demi-verre de vodka ou l’odeur de l’alcool suffit à te rendre complètement bourré, c’est quand, à force d’en boire un petit seau par jour, tu ne sens plus la présence, le goût et l’effet de l’alcool.
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- Nous sommes assis là, et Moscou se prépare peut-être déjà à s'inviter chez nous. Ou peut-être que non, mais demain, des gens, spécialement choisis pour vous bouffer, iront à la cave chercher une valise à roulettes... Une chose est claire : leur logique est bien telle que je viens de la décrire.
- D'où est-ce que tu tiens ça ? demanda Le Cosaque.
- On me l'a glissé à l'oreille un jour que je me baladais dans Moscou", mentis-je.
Personne ne m'avait rien glissé à l'oreille. Mais je ne pouvais quand même pas dire que j'avais tout inventé à l'instant. J'enfonçai le clou :
Que ce soit sous Pierre le Grand, sous Catherine mère de toutes les Russies, sous Lénine ou sous Staline, les mouvements de partisans, les républiques autoproclamées et les communautés de Cosaques libres n'ont été tolérés que tant qu'il y avait la guerre. Aussitôt la guerre terminée, on tord le cou à la liberté. Vous vous rappelez comment ça s'est passé en Transnistrie ? C'est pas vieux, c'était il y a moins de vingt ans. Un jour, l'armée de libération locale arrive devant les casernes - et les casernes sont fermées ! "C'est fini les gars, la guerre est terminée ! - Et nos armes ?", crient les insurgés. On leur répond : "Les armes ont été placées sous scellés et emportées là où elles doivent être." C'est tout.
p. 202
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C'est alors seulement, à plus de quarante ans, que je compris soudain, avec une jubilation mêlée de dégoût, que les agences de presse mondiales donnent parfois des informations qui n'ont absolument rien à voir avec la réalité.
p. 92
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Les européens pouvaient arborer autant qu'ils le souhaitaient le masque irréprochable de gens civilisés, ils s'y connaissaient en assassinats, ils s'y connaissent en pharisaïsme, ils s'y connaissent en diplomatie. Ils peuvent entretenir l'hystérie ambiante en secouant leurs têtes d'européens. Mais faut-il également attendre qu'ils piquent une crise d'hystérie ?
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Dans les films d'Emir [Kusturica] régnait un incroyable foutoir, il y avait toujours de la musique, des poules qui volaient, des chevaux qui hennissaient, des gens qui aboyaient, des ânes qui brayaient, les gens partageaient tantôt la même terre, tantôt un même passé, tantôt un même avenir, et, merci à l'auteur, personne ne se posait la question : "Pour quoi vous battez-vous, les gens, vous avez tout en commun !" ça, nous le savons, inutile de nous l'apprendre, nous avons tout en commun, mais j'habite ici avec mon amour et je ne bougerai pas d'ici. Si nous avons tout en commun, alors rends-moi mon bon droit, pour commencer, rends-moi juste mon bon droit. Ayons le même bon droit, d'accord, mais que ce bon droit soit à moi. Comment ça, "non" d'entrée ? Comment est-ce possible ?
p. 140
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