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Critique de Amelieb


Je viens de Russie est une série de chroniques écrites entre 1999 et 2011 par Zakhar Prilepine sur son pays, ou plutôt sa patrie, la Russie, comme le titre le laisse supposer.
Zakhar Prilepine, et il est important de le signaler, n'est pas un écrivain ordinaire. Cet homme d'une quarantaine d'année, qui a combattu en Tchétchénie entre 1996 et 1999, est un membre important du parti National-Bolchévique et un des intellectuels protestataires les plus célèbres de Russie (avec tout ce que cela implique).
A travers ses chroniques russes, l'auteur nous fait découvrir la Russie des trente dernières années dans les différents domaines que sont la politique,la société, la culture, l'économie. Mais le rôle de l'écrivain et celui de l'écriture sont aussi abordés ainsi que des thèmes plus philosophiques: qu'est ce que posséder? La société de consommation, la révolution plutôt que l'évolution...
Au fur et à mesure de ma lecture je me suis bizarrement rendue compte que je me faisais une image plutôt simpliste de la Russie actuelle alors qu'elle se révèle complexe et bouillonnante (de l'intérieur, à l'extérieur nous nous en sommes aperçus...) et qu'elle reste encore hantée par son passé récent, "hantée" n'étant en rien un terme négatif mais une façon de dire que le passé soviétique et socialiste est loin d'être effacé pour la plupart des russes, notamment pour Zakhar Prilepine. Car, comme le signale l'auteur lui-même, sa patrie n'est pas la Russie mais l'Union soviétique. Il ne faut donc pas chercher ici un livre distancié sur la Russie mais un ouvrage subjectif voire subversif.
Je viens de Russie est donc un livre engagé. Et même si nous ne sommes pas toujours d'accord avec les idéaux ou les critiques émis par l'auteur, cela fait du bien de voir et de lire des Hommes engagés, enragés dans ces temps plus ou moins aseptisés. Cela fait du bien de voir et de lire qu'il y a encore des Hommes qui se battent à coup de mots et de réflexions et non par images, slogans ou buzz. de plus, à aucun moment l'auteur n'oblige, n'incite les lecteurs à penser comme lui. Il le dit lui-même: c'est sa vision des choses et il ne prétend pas avoir raison. Point important aussi: ce livre n'est pas une ode au stalinisme ou l'expression d'une nostalgie communiste. Zakhar Prilepine ne nie pas les souffrances et les échecs du passé mais il s'interroge: est-ce que nous sommes plus heureux aujourd'hui? Avons-nous fait mieux? Et surtout, suis-je fier, à l'heure actuelle, d'être russe? Je vous laisse deviner les réponses. Enfin, ses réflexions nous invitent nous aussi à nous poser ces questions: que faisons nous pour notre pays? Quelle valeur accordons -nous à nos vies?
Quelques mots sur l'écriture pour finir. Je ne sais pas si c'est dû à la traduction mais j'ai trouvé que le style manquait de limpidité. Toujours est-il que je pense que le texte est plus rythmé et sonnant dans sa langue d'origine vu la quantité de références aux poètes et aux écrivains faites par l'auteur (de la fin du XIXème siècle à la moitié du XXème siècle en majorité évidemment).
Je viens de Russie est un livre d'amour et un livre qui réveille. Assurément.
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