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Citations sur Le péché (14)

Je n'ai même pas trente ans, et je suis heureux.
Je ne pense pas à la fragilité de la vie ; cela fait sept ans que je n'ai pas pleuré - exactement depuis la minute où mon unique m'a dit qu'elle m'aimait, qu'elle m'aimait et qu'elle serait ma femme. Dès cet instant, je n'ai pas trouvé une seule minute pour les larmes, je ris au contraire très souvent et, plus souvent encore, je souris en pleine rue - à mes pensées, à mes amours, qui scandent à trois cœurs la mélodie de mon bonheur.
Et je caresse le dos de mon aimée, la tête de mes enfants, et je caresse aussi mes joues non rasées, et mes paumes sont tièdes, et derrière la vitre, c'est la neige et le printemps, la neige et l'hiver, la neige et l'automne. C'est mon pays, c'est là que nous vivons.
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Nous jouions à chat dans un terrain vague, derrière le magasin du village. Nous étions une bande de gosses.
Celui que le sort avait désigné se tournait vers la porte et comptait tout haut jusqu'à cent. Pendant ce temps, on devait tous aller se cacher.
Les gamins au visage hâlé, à la bouche édentée, aux épaules anguleuses se dispersaient dans les dédales du nouveau chantier voisin, de la hauteur d'un étage, qui sentait la poussière de brique et l'urine dans les coins sombres. L'un se trahissait en éternuant dans les broussailles épaisses. D'autres s'écorchaient les flancs en se glissant dans les trous de la palissade qui séparait l'école du terrain vague. On grimpait aussi dans les arbres, puis on redescendait des branches, et c'était la course pour arriver le premier à la porte du magasin et toucher le carré qu'on y avait dessiné avec un bout de brique, en criant : Chat !
Parce que, si on ne disait pas le mot, on était bon pour s'y coller soi-même.
J'étais le plus petit, et personne ne me cherchait particulièrement.
Ça ne m'empêchait pas de me cacher soigneusement et de rester sans bouger, à écouter le rire de ces garçons qui avaient déjà de grosses dents, en enviant secrètement leur effronterie, leurs jambes rapides et leurs gros mots. Leurs gros mots à eux étaient faits avec d'autres lettres que les miens : quand ils disaient des obscénités, chaque mot résonnait et bondissait comme un petit ballon gonflé de mauvaises choses.
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Sonnet raté

Tu marchais de côté. Moi je traversais.
À chuchoter mes sentiments, j'en avais mal aux dents.
De temps à autre, je me battais au pistolet (sans viser).

Tu marchais au milieu. Je tournai à l'angle.
Tous les sentiments sont simples : crayon ou charbon.
La simplicité parfois : fierté d'épouvantails.

Mais à quoi bon tous ces discours !
Si tes mains, en automne, devaient effleurer mon cou
Moins souvent que mon écharpe,
Où puiserais-je l'espoir
Que les fleuves gèleront bien en hiver ?

Tous les sentiments sont simples. Seules les poses sont compliquées.
Nous avons vécu l'automne jusqu'aux premiers givres.
Et on sent le gel, comme s'il était déjà là.
Et la couleur des pluies est grise à en mourir.
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À minuit, au plus fort de cette mauvaise gaieté faite d'alcool et de cigarettes, débarquèrent les bandits du quartier : quatre jeunes du même âge que Molotok et moi, qui se baladaient jusqu'au matin de boîte en boîte ; l'un d'eux, aimable, bien charpenté, les cheveux poivre et sel, était une des "autorités" de la ville. Il nous salua, m'appela personnellement par mon prénom : "Salut, Zakhar, comment ça va ?" et, une fois de plus, je remarquai en mon for intérieur que ça m'était agréable, ô combien agréable, putain !, qu'il se souvienne de moi, serre ma main dans sa grosse poigne et, en plus, me sourie.
"Et pourquoi, nom d'un chien, ça devrait m'être désagréable ?" me dis-je, furieux.
"Et qu'est-ce qui te met en joie ? me répondis-je aussitôt. Pourquoi tu frétilles de la queue, espèce de bâtard ? Tu t'imagines peut-être qu'il te rendra service un jour ? Il te marchera dessus sans le remarquer, c'est un loup, c'est de la chair de loup, du sang de loup, plein de cruauté..."
Disel entra dans la salle posément, jeta du coin de l'oeil un regard sur la table "des gens sérieux" qu'on apercevait de l'autre côté du rideau pas entièrement baissé, et se détourna aussitôt, comme avec indifférence.
"Ah, Disel, pensai-je avec lyrisme, tu es un homme fort, un homme d'expérience, on a peur de toi et en même temps on te respecte ; pourtant, à côté de ces gens là, tu n'es qu'un criminel de droit commun... Ton temps se termine, Disel."
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Tu sais les journalistes ne comprennent rien à rien. Tout le monde le sait. Ça ne les empêche pas d’écrire sur tout. C’est le propre de ce métier, de ne rien comprendre et de s’exprimer sur n’importe quel sujet.
P.32
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Tout était sombre. La surface d’une mare était tout ridée, un arbre soupirait, un chaton s’ennuyait tout seul avec une boîte de conserve vide.
(Le diable et les autres) p.139
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Sur la fenêtre, entre les deux battants, il y avait un bocal d’un demi-litre où surnageait un cornichon solitaire complètement ramolli, couvert d’une moisissure duveteuse, si blanche, que le Père Noél aurait pu en être. jaloux........Dans un coin suintait un robinet. L’évier était rempli d’une montagne de légumes à moitié pourris. Sur ces légumes grouillaient toutes sortes de bestioles ailées où à antennes.
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-Tu aimes bien Hemingway? demandais-je en caressant les jolies couvertures bleu marine.
-On se fatigue vite de son héros, avec sa force à tout épreuve. Toujours dans les bars, dans les salles de boxe. De vrais tigres, des taureaux. Des comportements de tigre, des couilles de taureau.....
(Karlson) p.115
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Récemment encore, je ne trimbalais dans les escaliers d'immeubles que les armoires. Je me rendais compte à présent qu'en fait un cercueil ne se distinguait en rien d'un meuble. Il fallait juste ne pas le retourner.
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Bientôt, ils se lèvent et se mettent à parler encore plus fort, à crier presque, ils sont toujours dans des chambres différentes, bien qu'ils n'en aient, à proprement parler qu'une seule, plus une cuisine qui n'est faite que pour une personne avec une théière - la casserole devra se faire toute petite - une entrée qui ne peut contenir que quatre chaussures , et des toilettes où on peut se tenir debout entre la baignoire et le lavabo, mais impossible d'aller plus loin - on peut cependant faire des petits pas autour de son axe ; on s'observe d'abord soi-même dans le miroir, puis on regarde la douche qui coule tout le temps dans la baignoire rouillée, ensuite les chaussettes et la serviette sur le radiateur, enfin on fait un pas et on sort du cercle.
Je sais ce dont je parle : j'ai un appartement identique.
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