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EAN : 9782330039011
363 pages
Actes Sud (01/04/2015)
3.62/5   8 notes
Résumé :
Une fille nommée Aglaé rassemble sept nouvelles qui reprennent les thèmes chers à Zakhar Prilepine – la figure tutélaire du père, absent ou présent, les rapports impossibles entre hommes et femmes.
Ces histoires se passent toutes dans la Russie profonde – campagne abandonnée et triste (Le Petit Vitia) où la nature parfois préservée magnifie tout (La Forêt), ville de province sinistrée où de singuliers policiers (Mon père) font régner l’ordre à leur façon (Une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pour aborder l'oeuvre de Zakhar Prilepine, l'enfant terrible de la littérature russe contemporaine, j'ai choisi de commencer par un de ses recueils de nouvelles :"Une fille nommée Aglaé". Il comprend sept récits aux cadres différents qui offrent un panorama de la Russie d'aujourd'hui. Le premier texte illustre la fracture entre un pays moderne et ses campagnes arriérées symbolisée par le train de Moscou traversant à toute allure des zones isolées sans jamais s'y arrêter. Direction ensuite une ville de province sinistrée. Les salaires n'ont pas été payés depuis trois mois, l'usine a été vendue à des investisseurs étrangers pour être mieux liquidée, et la nuit, la ville ne vibre plus que des bagarres entre bandes de voyous et membres des forces spéciales. Les récits sont hantés par la figure paternelle, qu'elle soit méprisable ou épatante. le fils et le père ne parviennent jamais à communiquer et donc à se comprendre. La tendresse de simples gestes n'est saisie qu'une fois arrivé à l'âge adulte. Quant aux rapports avec les femmes, tout n'est que malentendu, que cela soit dans l'affectation étouffante d'une mère que dans l'amour inaccessible d'une jeune beauté. Les personnages aiment à se remémorer des moments de leur enfance ou de leur jeunesse, et après le constat amer du présent, naît la conscience de l'inéluctabilité des événements. Ainsi soit-il.... Le recueil termine en apothéose par une nouvelle de toute beauté : "la forêt" dont je recommande la lecture.
J'ai donc découvert un premier pan de l'oeuvre de Zakhar Prilepine et je compte m'attaquer dans peu de temps à son dernier roman : "l'archipel des Solovki".
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Écrivain russe ,né en 1975, Prilepine est aussi appelé "le porte-parole de la génération "de ceux qui sont sortis de l'Union Soviétique à l'aube de leur adolescence et ont grandi et mûri a l'époque du capitalisme des jungles.
Dans ce deuxiéme livre de nouvelles que je viens de lire,on retrouve sa colère devant la misère économique et morale d'une grande partie de la population depuis la pérestroïka . Sept nouvelles, dont deux, de courts romans, qui se passent dans la Russie profonde. Des personnages torturés, abusant de l'alcool et autres substances, des relations familiales peu saines dû en grande partie au climat moribond économique et social, des relations homme-femme difficiles et la nostalgie d'une figure de pére distant voir absent. C'est une Russie, où il n'y a ni justice, ni droits communs, la foi y est mais n'arrive pas à subvenir à la morale.
L'humour est toujours présent ,mais beaucoup moins que dans ses nouvelles "Des chaussures pleines de vodka chaude", il a l'air d'avoir durci...vieilli...c'est ce qui me fait penser la dernière nouvelle de son livre, "La Forêt ", que j'ai beaucoup aimé avec celle qui a donné son titre au livre,truculent!
Mais pour qui n'a jamais lu Prilepine ,je conseillerais de commencer par"Des chaussures pleines de vodka chaude", c'est moins "hard".
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mettant mes draps en boule, je pense qu’autour, et plus loin, et encore plus loin, et partout, c’est la Terre immense, et sur cette Terre, il y a des pierres, différents métaux, et au-dessus de cette Terre, il y a le ciel, au-delà le ciel encore, et Dieu sait quoi – et toi, tu es tout seul ici. C’est-à-dire qu’il n’y a aucun ami digne de ce nom, même pas ta mère, tu te retrouves tout seul, ridicule comme un petit cornet de gaufre, encore plus ridicule peut-on dire… Seul !

Seul, confronté à cette masse énorme, à toute cette angoisse, à tous ces camions chargés, qui foncent sur toi, à tous ces arbres, ces bâtiments, ces cheminées, ces nuages, ces astres. Quand je regarde autour de moi, je peux en perdre le souffle, tant il y a de choses à voir. Mais quand tout ce qu’il y a autour de moi me regarde, qu’y a-t-il à voir ? Le battement du pouls ? Le cerveau qui ressemble à une noix ? Franchement, qu’y a-t-il à voir ?
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Dans tout le village, il ne restait de vraies familles que celles de Bandera et de Doudaï. Les autres hommes vivaient dans la misère, chacun dans son coin, ou achevaient de tourmenter leurs mères.
Les femmes qui n’avaient pas pris à temps la pou­dre d’escampette avec des soldats démobilisés quittant leur cantonnement passaient très vite de la jeunesse à la maturité flétrie et sans beauté, pour ne plus rien attendre de la vie et ne rien lui demander. Elles mangeaient beaucoup, et mal, ne se maquillaient plus.
Il n’y avait plus du tout de vieux dans le village, ils avaient tous disparu. Il n’y avait presque pas d’enfants non plus.
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Son pére lui avait dit un jour que la première partie de la vie commune d'un couple était une lutte sans merci:l'homme se bat avec la femme pour qu'elle reste comme elle était ,la femme se bat avec l'homme pour qu'il change enfin.
-Et la deuxiéme moitié ?avait demandé Novikov en riant ....
La deuxiéme moitié n'existe que pour ceux qui ont accepté de se résigner.L'homme,à ce que la femme ne soit plus telle qu'elle a été dans le passé -et il est inutile d'attendre-, et la femme,à l'idée qu'on ne change pas un homme et qu'il faut le prendre tel qu'il est.
-il y a une issue? avait demandé Novikov.
-Non,il n'y en a aucune,avait tranquillement répondu son pére.p.189
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- Toutes les femmes sont cruelles, répond-elle tranquillement, avec encore un rire dans les yeux et dans la voix.
Fatigués d’avoir tant ri, nous respirons fort pendant un moment encore, et elle ajoute :
- Seules les mères ne sont pas cruelles. Mais une mère n’est pas une femme.
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Dans chaque ballade,il y avait trois mille mots,et pendant qu'on les écoutait,ils nous ensorcelaient,mais ensuite, lorsqu'on voulait comprendre tout de même de quoi il était question,on devait tirer la chanson comme un filet de cent mètres de long- et que ne trouvait-on pas alors: un goulot de bouteille,un oiseau mort,une tétine d'enfant,une prairie de roseaux et des kilos de lentilles d'eau,il ne restait plus qu'à comprendre quel poisson avait péché Procha en traînant un tel filet .p.276
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