Voici donc le prix Zadig 2020 que nous offre les éditions ex-aequo. J'avais déjà signalés les excellents récits de
Dominique Muller « Sur le quai de l'Oranger » et de Fatima de Castro « Fanny la belle cuisse» qui sur des thématiques différentes nous avaient déjà permis de découvrir de très belles plumes ;
Ici,
Jean Michel Prima va nous emmener à Brest, son port, ses bistrots, son petit peuple pour nous conter une intrigue polar naturaliste serrée comme un petit noir .
Il est recommandé de l'avaler d'une traite. Elle vous laissera un goût dans la bouche qui vous réveillera aussi sec et vous rendra accroc . C'est une parole d'experte qui si elle ne fréquente pas les plateaux télé, aime au moins ce qu'elle fait et ne se trompe pas sur ce qu'elle lit.
Quand on lit les rapports entre le commissaire
Brochu ( une trogne et un portrait à mi-chemin entre
Simenon et
Frederic Dard) et son adjoint Martineau, on se croirait revenu dans un bon vieux polar des années 60 tel que le Fleuve Noir en produisait.
Mais
Jean Michel Prima tout en ne nous lâchant pas durant son intrigue nous plonge dans une réalité hélas très contemporaine.
Le chômage, la précarité viennent s'ajouter à la cupidité et à la jalousie
Ce qui nous ravît particulièrement c'est l'atmosphère de cette nouvelle, se décors, ses personnages.
Rarement ,nous avons eu droit à un tel équilibre dans les descriptions, lires odeurs, les paroles. C'est exactement comme si on sentait l'odeur des marées , loden du cambouis et des aisselles du docker, Et l'on a le parfum du café que s'enfile le Commissaire et ses adjointes, le sourire de la serveuse et l'on peut rêver à ses formes. L'auteur se permet un clin d'oeil à
Jacques Prévert. L'on respire la poussière des appartements, l'on remonte minutieusement les fils du mystère avec les enquêteurs et l'on n'a qu'une envie : les revoir après cette histoire, On l' a compris un polar chaleureux et plein d'empathie ( même avec les vilains) comme on aimerait tant en relire. 5Message perso à l'auteur : Son commissaire pourrait il me faire mon portrait. le bougre m' a tout l'air d'être chaleureux...
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