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Ice Cream Man tome 2 sur 7
EAN : 9781534308763
128 pages
Image Comics (18/12/2018)
4.25/5   2 notes
Résumé :
This critically acclaimed series of not-so-sweet singular stories continues with four more tales of woe, redemption, and unlimited toppings.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Ice Cream Man Volume 1: Rainbow Sprinkles (épisodes 1 à 4) qu'il vaut mieux avoir lu avant, car il y a un fil conducteur sous-jacent. Il comprend les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2018, écrits par W. Maxwell Prince, dessinés et encrés par Martín Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Chris O'Halloran. Il contient également les couvertures originales de Morazzo et les couvertures variantes réalisées par Frazer Irving, Christian Ward, Fábio Moon, Vanesa R. del Rey.

Épisode 5 - Un homme en costume cravate se tient en haut d'un gratte-ciel dans une ville américaine, sur le rebord du toit. Il se jette dans le vide. Il a 100 étages à descendre en chute libre, avant de s'écraser sur le trottoir. Il se souvient de ce que se dit l'homme au sourire avant de se transformer en buse. À l'intérieur du bâtiment, dans la salle de réunion du quatre-vingt-neuvième étage, Vicky (ou est-ce Vanessa, ou peut-être Valerie) enjoint à sa cheffe de descendre avec elle. L'autre refuse, et une buse lui arrache l'oeil droit de son orbite. Veronica sort en courant et commence à descendre les étages par l'escalier. Épisode 6 - Dans une banlieue pavillonnaire, un homme se promène à pied. Il arrive devant la camionnette du marchand de glace et en demande une à 3 boules : chocolat, vanille, fraise. Il repart en léchant sa glace. Il arrive devant un croisement où 3 choix s'offre à lui. Dans le premier, il tourne à gauche, dans le second il continue tout droit, dans le troisième il tourne à droite. le lecteur suit ce qui arrive dans chacune de ces 3 possibilités.

Épisode 7 - Lucy (9 ans) est en train de faire de la balançoire dans le jardin, en mangeant un cornet de glace. Ses parents l'observent depuis le salon. Sa mère s'inquiète pour elle car sa meilleure amie Kayla vient de décéder d'un cancer. le père s'énerve en disant qu'il faut que sa fille arrête de se conduire comme si le fantôme de Kayla étant tout le temps à ses côtés. le lendemain, Lucy participe à sa séance de psychothérapie, et répond aux questions de la psy, lui indiquant qu'effectivement Kayla se tient à ses côtés et lui répond. Épisode 8 - Dans une petite ville de banlieue, Jenny conduit l'ambulance, avec Mike son coéquipier sur le siège passager. Dans la rue où ils circulent, une maison est en train de brûler, une voiture a percuté un arbre sur une pelouse, un groupe d'individus se promènent avec des torches, un autre est en train de traîner un cadavre ensanglanté par les cheveux. Un peu plus loin, un homme est en passe d'être dévoré par des vers de terre longs de plusieurs dizaines de centimètres. Dans l'ambulance, Mike est en train de s'envoyer plusieurs cachetons d'un médicament pour la leucémie pour voir s'ils ont un effet psychotrope. Brenda lui raconte comment elle et sa soeur avaient recueilli une petite souris à la patte brisée, quand elles étaient jeunes.

Le premier tome avait laissé un goût étrange, entre horreur et histoire qui ne démarre pas. Ce deuxième tome vient clarifier la structure de la série : une anthologie d'histoires en 1 épisode, avec un très discret fil rouge : les apparitions d'Ice Cream Man, et celles encore plus sporadiques de Caleb, l'homme au stetson. le premier épisode du présent tome prend le lecteur au dépourvu, avec cet homme qui se suicide en sautant du centième étage, et cette femme qui rencontre une horreur après l'autre en descendant les étages. L'épisode suivant baigne également dans l'horreur, avec les 3 chemins de vie concomitant de ce jeune homme. Ça ne va pas en s'arrangeant avec la petite fille hantée par sa copine morte, et avec les 2 ambulanciers irresponsables. Cette série est bien une anthologie d'horreur, avec des éléments graphiques comme une énucléation graphique, un individu se vidant de son sang avec un couteau fiché dans la cuisse, un individu dépecé vivant, ou encore un type qui se plante une fourchette dans la main.

Dès le premier épisode, le lecteur est également frappé par la structure des récits : une alternance entre un suicidé et une femme qui descend les escaliers, 3 récits en parallèle, et même la folle cavalcade des 2 ambulanciers. Seul l'épisode 7 suit un déroulement plus classique. Dans ces formes, le lecteur est bien sûr impressionné par l'épisode 6 dans lequel il suit 3 chemins de vie en parallèle sur chaque page d'un même individu, en fonction du trottoir qu'il a emprunté pour manger sa glace. La mise en parallèle provoque un effet ludique irrépressible chez le lecteur qui se met à comparer les 3 destins, à établir des rapprochements de nature plutôt sinistre. le premier épisode produit aussi un effet ludique, le lecteur se livrant également au jeu de comparer les 2 descentes, même si les préoccupations du suicidé et de Veronica sont de nature très différente. du coup, il adopte la même approche de lecture pour l'épisode 7 en s'interrogeant sur la réalité du fantôme, sur ce qu'il va advenir de cette petite fille, sur l'équilibre psychique de son père. Dans le dernier épisode, il apprécie la suite de situations macabres et ne fait pas forcément attention au mystère installé dans les premières pages.

Martin Morazzo continue de dessiner de la même manière, dans une approche réaliste et détaillée, en utilisant un trait de contour très fin, mais pas cassant. Avec la première page, le lecteur se dit que l'artiste utilise peut-être un logiciel de modélisation pour la vue du dessus des immeubles, puis pour la façade de verre au fur et à mesure de la chute de l'homme, tellement les traits sont droits et propres sur eux. Il en va de même pour la netteté de la cage d'escalier en vue de dessus dans une perspective vertigineuse. Mais cette impression disparaît dans les épisodes suivants, les décors étant moins géométriques. Il subsiste parfois une impression d'éléments factices, trop propres sur eux. D'un autre côté, le niveau élevé de détails et la méticulosité des dessins donnent corps à des environnements substantiels : les façades des pavillons de la banlieue dortoir, l'ameublement du bureau de la psychologue de Lucy, l'aménagement du diner où Jenny et Mike vont manger un burger. du coup, Morazzo donne à voir une réalité concrète, des endroits où le lecteur peut se projeter même s'il peut les trouver manquant de texture de matériau, de marque du temps qui passe.

Comme dans le premier tome, il faut un petit temps d'adaptation au lecteur pour les visages des personnages. En effet Morazzo aime bien leur faire entrouvrir la bouche pour montrer leurs dents. Les expressions des visages peuvent également sembler parfois un peu décalée par rapport à l'émotion qu'elles expriment. Il faut un peu de temps pour comprendre que la majorité des personnages semblent habités par une sourde inquiétude mêlée d'une douleur sous-jacente, avec un brin de nostalgie. Une fois repéré cet état d'esprit généralisé, le lecteur peut passer outre et constater que les expressions de visage sont en fait variées et nuancées, tout en étant marquées par cette inquiétude. Bien sûr, l'épisode 6 constitue une preuve éclatante du talent de narrateur visuel de l'artiste, car il est dépourvu de mot et il se lit sans aucune difficulté, avec un impact émotionnel bien réel. À la fin du présent tome, le lecteur peut lire le script du scénariste pour une demi-douzaine de pages de l'épisode 6, et voir comment le dessinateur y a apporté sa vision et son savoir-faire pour y insuffler de la vie et de l'émotion. Tout au long de ces 4 épisodes, il sait faire apparaître à la surface la vie intérieure des personnages, en ce qu'elle a d'unique et d'intense. le lecteur ressent leur implication émotionnelle et se retrouve incapable de prendre ses distances. Il se trouve donc impliqué dans leur situation. Il ne peut pas non plus se protéger contre les situations horrifiques qui surviennent, du fait de leur caractère inattendu.

Avec ces quatre épisodes, W. Maxwell Prince sait faire remonter à la surface l'absurdité de la vie, l'angoisse de la différence et de l'anormalité. le suicide et la course pour sortir du bâtiment mettent en évidence l'absence de sens de la vie et sa valeur relative. Les 3 chemins de vie indiquent que cet individu ne pouvait pas échapper à la souffrance. le scénariste confronte ses personnages à des horreurs absurdes et dramatiques survenant sans raison, s'acharnant parfois sur un individu. Pour autant, ces épisodes ne flanquent pas le cafard, car il sait faire preuve d'humour noir avec un second degré, et il ne fait finalement que montrer que le comportement des individus n'a pas grande incidence sur ce qui leur arrive. Malgré l'horreur bien réelle du vide existentiel, le lecteur se retrouve étrangement rasséréné de voir qu'il n'est pas le seul à y être confronté, que d'autres que lui s'y heurtent sans que leurs tentatives d'effort n'y changent rien. Il finit par se produire un effet libérateur de voir que le suicide n'a pas produit d'effet significatif (sauf sur le suicidé bien sûr), que quel que soit le choix, le chemin de vie reste de même nature, que les efforts des parents n'influent pas sur le sort de l'enfant, ou que le comportement à risque des ambulanciers ne prête pas à conséquence (enfin, pour ce dernier épisode, si). le scénariste a l'air de suggérer au lecteur d'accepter le caractère arbitraire des événements et de ne pas s'en sentir responsable.

À la fin du premier tome, le lecteur s'était dit qu'il voulait en avoir le coeur net et qu'il reviendrait pour le suivant. Son jugement sur cette anthologie de récit évolue. Il apprécie plus les dessins précis et détaillés de Martin Morazzo et les expressions bizarres de ses personnages. Il se confronte à l'horreur des situations imaginées par W. Maxwell Prince, se réjouissant que ce soit les personnages qui y sont soumis et pas lui, et éprouvant un effet cathartique inattendu à voir de telles situations absurdes.
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