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EAN : 9782369560098
185 pages
Editions Intervalles (23/09/2014)
3.5/5   2 notes
Résumé :
A Belgrade, pendant les bombardements de l'OTAN en 1999, le gouvernement américain organise une loterie de l'immigration. La chienne du narrateur gagne le ticket gagnant et se révèle soudain douée de parole. D'autres phénomènes étranges suivent : des livres deviennent comestibles, les animaux domestiques se mettent à écrire.
Une critique acerbe de la société serbe contemporaine.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Nous, Européens de l'Est. Rares sont ceux, dans l'Occident éclairé, qui ont connaissance de cette donnée : en Europe de l'Est, les gens naissent avec une trompe et des cornes. Une petite trompe et de petites cornes ». Ainsi commence ce roman de Mileta Prodanović, auteur serbe pour lequel Ça pourrait bien être votre jour de chance est le sixième roman… encore peu édité en France.

Les premiers mots de la looongue préface de l'auteur nous sensibilisent au cynisme amusé et acide qu'il emploie tout au long de son ouvrage. Un regard courroucé, rarement tendre, sur la société serbe, son quotidien, sa réalité. Cependant, Mileta Prodanović ne se contente pas de dresser le portrait d'une société en mal de vivre, il imagine – pour illustrer l'espoir d'une grande majorité de serbes – la création d'une loterie de l'immigration qui permettrait à l'heureux gagnant d'accéder enfin au ticket d'accès à l'Occident de l'Ouest. La parodie est poussée à l'extrême puisque dans cette fable urbaine, le narrateur et sa femme décident de s'y inscrire, ainsi que leur chienne, Milica. Et c'est cette dernière qui remporte le gros lot ! Dès lors, les phénomènes inexpliqués se succèdent : Milica accède à la parole, leur appareil photo numériques est pulvérisé par une roquette, les appareils électroménagers se mettent à saigner avant de se mettre à jamais hors-service… Mais la guerre éclate, rivant ainsi les protagonistes à leur appartement. En attendant des jours meilleurs, Milica décide de devenir écrivain. Son maître accepte de la seconder dans ce projet et, sous sa dictée, va devenir le témoin privilégié de cette oeuvre canine en devenir.

Hormis ces éléments narratifs, l'ouvrage invite plus généralement à une réflexion sur la guerre et ses enjeux, sur les luttes de pouvoir et les différents recours employés par les gouvernements pour parvenir à leur fin. Mais l'auteur aborde également des sujets inhabituels mais ô combien essentiel dans ce quotidien chaotique : l'Art dans nos sociétés, la démarche de création artistique, la politique, le système de soins, l'Identité…

La plume de l'auteur emporte le lecteur dans une ambiance intemporelle et crée un univers qui semble capable d'illustrer les aberrations de n'importe quel conflit. Un filtre d'irrationnel dépend l'huis-clos de ce couple et de leur chienne surdouée, un quotidien insécurisant du fait des pilonnages incessants des forces ennemies pour autant, leur sens de l'humour et de la dérision dédramatise pour beaucoup les contraintes de cette réalité. le texte souffre ponctuellement de quelques longueurs mais on oublie vite tant la justesse des propos, leur côté incisif et politiquement incorrect créent un décalage appréciable.
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L'action du roman se déroule à huis clos : un couple et leur chienne, retranchés dans leur appartement à Belgrade, pendant les bombardements de l'OTAN en 1999. Milica, petite chienne noire, gagne la loterie et donc la fameuse carte verte lui permettant de s'installer aux États-Unis. Là voilà soudainement douée de parole, et elle ne va pas se priver pour l'utiliser, allant même jusqu'à écrire un livre. Elle adopte les valeurs et croyances des Américains (et donc de l'OTAN), ses futurs compatriotes, et c'est l'occasion de débats très animés avec ses maitres serbes. Pendant qu'ils enchainent leurs réflexions autour de la guerre et de leurs pays, leur quotidien s'écroule sous les bombardements, renforçant le côté absurde de la situation : animaux sauvages en liberté, aliens qui débarquent, appareils ménagers qui disjonctent, coupures d'eau et d'électricité...

Dès la préface intitulée "Nous , Européens de l'Est", le ton du roman est donné : "Rares sont ceux, dans l'Occident éclairé, qui ont connaissance de cette donnée : en Europe de l'Est, les gens naissent avec une trompe et des cornes.". Mileta Prodanović s'attache à décrire la société serbe avec une ironie féroce et un cynisme mordant. Écrit pendant les bombardements de Belgrade en 1999, ce roman n'est pas très tendre ni avec les Serbes, ni avec les Américains. Un petit rappel historique s'impose : les bombardements de Belgrade de 1999 (Opération Allied Force) ont eu lieu pendant la guerre du Kosovo dans le but de faire plier la République fédérale de Yougoslavie et de renverser le dictateur au pouvoir, Slobodan Milošević. Cette opération a duré 78 jours, a causé de graves problèmes sanitaires et tué des centaines de civils, pour lesquels l'OTAN a invoqué le concept de "dommage collatéral". le sous-titre du roman "un livre collatéral et absolument politiquement incorrect" y fait donc clairement allusion. Mais pas de sang, de morts ou de blessés dans le roman. La force de Mileta Prodanović est de jouer exclusivement avec le langage : il parodie discours officiels, discours médiatiques, discours de propagande provenant des deux côtés, il donne la parole à Milica mais aussi aux médias (la télévision est la seule à ne pas tomber en panne !) faisant entendre deux sons de cloche tout en insistant sur leurs ressemblances absurdes. On a donc très peu d'action et de descriptions mais beaucoup de dialogues.

Ironie, parodie, des effets de langage difficiles à traduire selon l'aveu même de la traductrice, Chloé Billon, dans sa postface qui éclaire bien des choses. Si on rajoute en plus ma méconnaissance des faits historiques et de la culture serbe en général (comportement, humour...), on comprend mieux pourquoi il m'a été difficile de rentrer complètement dans ce roman et d'en saisir tous les aspects. Si j'ai apprécié l'humour de l'auteur, je n'ai sans doute pas saisi toutes les allusions et ai fini par me lasser quelque peu du du côté jusqu'au-boutiste dans l'absurde. Ça pourrait bien être votre jour de chance est un livre que je conseillerai plutôt aux initiés, si on ne veut pas passer un peu à côté !
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Le premier chapitre de ce roman, « Nous, européens de l'Est », pose le style : cynisme, humour grinçant et second degré. L'auteur y dresse un portrait au vitriol des habitants de ces pays qui furent à une époque sous la coupe de l'URSS. Ces peuples que les occidentaux ne connaissent pas, qui naissent avec une trompe et des cornes !!! On est directement dans le bain : ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez pas tout, c'est normal, vous n'êtes pas de chez nous, et vous avez des à priori étranges…
Avec le deuxième chapitre, on entre dans le coeur de l'intrigue : le narrateur et sa femme envoient régulièrement leurs candidatures à la loterie américaine pour obtenir la Carte Verte, passeport pour l'Eldorado. Quand on gagne, cela s'étend à la famille restreinte. du coup, ils décident d'envoyer une candidature pour leur chienne Milica, afin d'augmenter leurs chances de succès ! On est déjà totalement dans l'absurde, quand on découvre les explications et justifications du narrateur…
Mais ce n'est que le début, car à partir du moment ou Milica est tirée au sort, elle devient douée de parole, avec des réparties particulièrement cinglantes d'ailleurs, et se découvre des velléités littéraires. Sans compter qu'elle prend de hauts ces serbes sous-évolués que sont ses maîtres et son entourage. Il n'aura pas fallu longtemps pour lui faire retourner sa veste !
Le style est très travaillé, et l'auteur joue beaucoup sur les mots, les rôles des personnages et objets, ce qui a dû compliquer le travail de traduction, le résultat étant pour autant de qualité.
J'ai beaucoup aimé ce roman, son cynisme, mais en même temps son réalisme, car il a été écrit pendant la période qu'il décrit, à savoir les bombardements « humanitaires » de Belgrade par l'OTAN au printemps 1999. L'oeuvre est d'ailleurs remise en contexte par la traductrice, Chloé Billon, dans une postface très intéressante, si ce n'est sa propension à s'auto-dénigrer sur la qualité de son travail que je trouve un peu dommage…
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une bonne guerre s’avère toujours rentable – pensez seulement au bond des indices boursiers, à la hausse du cours du dollar. Pour tout dire, nous avons des roquettes dont la date de péremption approche, il nous faut bien écouler ces réserves quelque part pour que leur reconstitution donne un nouveau souffle à l’économie. Tout bien considéré, ce que je vous propose ne sera pas très différent de quelques manœuvres avec des munitions de combat, une occasion de montrer en direct à nos clients infantiles du Tiers Monde comment fonctionnent nos pétards et nos avions
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De plus, chez ceux qui partent pour l’une des deux Amériques, pour des pays d’Europe de l’Ouest, ou qui trouvent leur bonheur dans l’hémisphère Sud, se développe un certain mépris pour les membres de leur clan restés dans des trous est-européens, mépris qui ne peut s’expliquer que par un complexe de supériorité, et qui est encore souligné par leur préoccupation fiévreuse pour les problèmes et les souffrances des « compatriotes de la terre natale » et par l’envoi d’une aide qui se réduit souvent à des vêtements usés que leurs parents au pays ne pourraient envisager de mettre que sous l’effet de narcotiques puissants ou après avoir trouvé un emploi permanent sur scène
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Lorsque nous nous taisions et nous concentrions un peu, notre foyer prenait des allures de chantier de la tour de Babel – et pas seulement à cause des gravats et du crépi qui avait, sous les vibrations provoquées par les détonations, décidé de mettre un terme à sa relation intime avec le mur : nous étions entourés de sons balto-slaves, romans, altaïco-pamirs, germaniques, finno-ougriens, caucasiens, pacifico-aborigènes
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