A ce moment, Berlioz, depuis quatre ans et demi à Paris, y avait fait déjà de nombreuses connaissances. On se plaît à se le représenter, avec sa fougue juvénile et sa verve presque méridionale, fréquentant les cénacles du romantisme naissant, exposant ses idées musicales, si contraires au goût de l'époque, engouée de Rossini, entouré d'amis dont plusieurs se feront ses admirateurs ou ses défenseurs.
Voici de véridiques et chaleureuses pages que liront avec un extrême -plaisir, une ardente curiosité, tous les admirateurs de Berlioz. Cet ample volume n'est pas seulement plein de justes aperçus, de documents nouveaux, de faits peu ou point connus jetant une vive clarté sur la rude et douloureuse carrière du musicien, il raconte éloquemment la longue existence âpre et Héroïque de l'homme, et forme ainsi, complétant £émouvante odyssée des Mémoires, le roman le plus beau, le plus attachant, le plus vécu.
Ce qui a rehaussé le triomphe de Berlioz, c'est de voir des gens qui n'ont jamais compris cette renommée basée sur l'outrecuidance et la fatuité sans être appuyée sur aucune œuvre recommandable, qui étaient accourus pour entendre cette nouvelle composition, applaudir à ce progrès. Cela a prouvé qu'il y avait de la bonne foi chez ses adversaires, tandis qu'il n'y en a aucune chez lui.
S'il existe un homme appelé à faire une révolution dans la musique, comme à épuiser toutes les persécutions, qui s'acharnent contre les hommes de génie, cet homme est Berlioz.