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Critique de Laureneb


Antoine Prost aborde différents thèmes qui permettent de mieux comprendre ce qu'est l'histoire, quelles sont ses questions, ses démarches, ses objets d'étude... On y croise donc les plus grands historiens français surtout, grâce aux extraits assez courts mais révélateurs : le chercheur le dit dit lui-même, il a délibérément voulu faire entendre la voix de ces auteurs. Cela permet aux connaissances d'être apportées de façon très claire, didactique, puisqu'il s'agit de la reprise de véritables cours, ce qui fait qu'on a l'impression d'entendre un professeur s'exprimer - ce qui est en partie paradoxal puisqu'il traite de l'importance de l'écrit dans l'écriture du récit historique... le livre lui-même est, dans sa construction et sa mise en page, une illustration des théories et des concepts exposés : une ou plusieurs questions, des dates, des personnages, des sources, tout cela organisé et expliqué dans un récit qui utilise des concepts. L'appareil critique permet de reconnaître comme il est expliqué dans une des leçons : notes de bas de page, bibliographie...
Je regrette un peu de ne pas avoir lu cet ouvrage plus tôt, à l'époque de mes études d'histoire même si j'en avais entendu parler. Cependant, en le lisant maintenant, je connais mieux les historiens cités et leurs oeuvres, et j'ai eu le temps d'en lire plusieurs directement. Comme l'écrit Antoine Prost, pour analyser un document en historien, pour se poser les bonnes questions, il faut déjà être en partie historien... J'ai cependant un regret lié au fait que les historiens présentés ici sont les chercheurs ou enseignants-chercheurs, les enseignants de collège ou de lycée sont rapidement évacués, comme si nous n'étions que les exécuteurs, les simples passeurs des savoirs qui nous sont délivrés par les chercheurs.
J'aimerais bien lire une version actualisée, avec un chapitre sur les "historiens médiatiques" : des présentateurs de télévision sont présentés comme des historiens, des polémistes utilisent leur interprétation de l'histoire - ce qui n'est alors plus de l'histoire - pour vendre leurs idées. Un chapitre aussi peut-être sur les relations entre histoire et politiques, chaque politique ayant son avis sur ce que devrait dire l'histoire, sur le contenu des programmes scolaires, sur ce qu'il faudrait commémorer ou non - comme l'a montré le débat récent, peut-on commémorer Napoléon, malgré le rétablissement de l'esclavage, malgré le Code civil instituant les femmes comme éternelles mineures, malgré les flots de sang répandus à travers l'Europe ? Et peut-être enfin, l'histoire peut-elle se faire sur youtube ? Je pense notamment à certaines chaînes de grande qualité.
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