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Définitivement, Bernard Prou nous brouille l'esprit. Comme pour Alexis Vassilkov, ce nouveau voyage entre fiction et réalité est nourri de son amour des beaux livres et des écrivains : Maupassant, Louis-Ferdinand Céline, d'autres à découvrir avec Oreste.

En plongeant dans son jeu de pistes, on embarque dans la vie de Grégoire Saint-Marly, Ophtalmologiste-opportuniste à PAU.

C'est captivant. L'auteur nous parle du quotidien dès 1942 sans fioritures, avec gouaille ce qui rend les personnages vivants, avec un humour noir mais surtout, il donne à voir les trésors d'astuces qu'il a fallu au commun des mortels pour vivre, survivre à cette période tant décrite depuis…

Face aux deux « salauds magnifiques », Saint-Marly et Loiseau, au coeur de ce roman, combien d'Alchimiste, de Marie, de Justes pour écrire l'Histoire ?

J'ai beaucoup aimé : Charles, Marie, Maurice et Laure. La plongée dans l'époque, apprendre que le chant des oiseaux entendus au détour des rues Paloises a pu en dire plus sur l'astuce de ces drôles de citoyens… Ne parlons pas d'Oreste, modeste bibliophile, « Filouteur » (tant pis pour le barbarisme) à ses heures, mais qu'une simple ordonnance voletant dans cette magnifique bibliothèque a transformé en Sherlock !

Bernard Prou est l'alchimiste qui vous concocte des petites histoires dans la grande histoire, tantôt dans une langue digne de l'Académie, puis en s'encanaillant dans l'argot des faubourgs, impossible de ne pas vivre et vibrer avec ses personnages.
C'est un coup de coeur !

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Un livre passionnant, vivant, intrigant.
Et pourtant il traite d'un sujet maintes fois abordé, la seconde guerre mondiale.
Le départ du roman est particulièrement original. Oreste, un vieil homme passionné de livres se rend dans une maison où Laurence, la propriétaire, qui vient d'en hériter, souhaite se débarrasser de la bibliothèque. En prenant un livre, il laisse tomber une feuille intrigante.
Sur une ordonnance datée du 19 décembre 1942, le Docteur Saint-Marly dénonce quatre hommes à la préfecture.
Eberluée, Laurence découvre alors que son grand-père paternel a dénoncé son grand-père maternel. Elle ne connait rien de l'histoire familiale.
Commence alors une enquête pour trouver d'autres indices dans la gigantesque bibliothèque.
Puis on suit la vie de la famille Saint-Marly durant l'occupation.
Même si on croyait tout en connaître, on découvre de nouveaux éléments, comme le langage sifflé.
La fiction et la réalité sont habilement liées.
Chaque personnage est parfaitement bien rendu, le texte est très vivant et pas un instant de lassitude en lisant.
Une légère frustration cependant. Bien que passionnée par l'histoire de cette famille, je pensais participer davantage aux découvertes de la bibliothèque et en savoir un peu plus sur l'agencement qu'en avait fait le docteur Saint-Marly. J'aurais bien aimé suivre les recherches d'Oreste et de Laurence parmi ces milliers de livres.
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Comment une « petite » lettre de délation peut entrainer toute une famille !

Oreste est convié dans une maison familiale afin de faire l'estimation de la bibliothèque et de mettre en vente la collection de feu Grégoire. Mais caché dans un des romans, il trouve une ordonnance sur laquelle Grégoire écrivit en 1942 au préfet afin de déclarer de mauvais français. Commence alors une remontée dans le temps afin de connaitre l'histoire de cette famille.

Vous avez lu comme moi, arrêtez-moi si je me trompe ! Si j'ai bien compris le contenu de cette ordonnance, le docteur Saint-Marly, mon grand-père maternel, y dénonce aux autorités de l'époque maître Lepayeur, mon grand-père paternel. C'est ahurissant ! J'ai connu un homme certes un peu renfermé – mais gentil et attentionné. Comment a-t-il pu écrire une lettre pareille ?
Cette ordonnance est le point de départ de l'histoire contemporaine et de celle de 1942. Grégoire, mari et père de quatre enfants, ne sait pas qu'il va modifier à tout jamais une partie de l'histoire familiale. Mais qu'en bien même, ce personnage est si nombriliste que cela n'aurait pas changé grand-chose à mon avis.

Ce roman, qui se passe pendant la Seconde Guerre mondiale, arrive encore à m'apprendre des choses ! Et pourtant, concernant cette période j'en ai lu et j'en lirai encore ! Mais j'ai découvert, notamment, le langage sifflé . D'ailleurs pour ceux qui auraient la curiosité je vous laisse un lien qui vous explique tout ça (https://youtu.be/R64Rl6JWYxM ). C'est incroyable !

Si vous avez lu le précédent roman de l'auteur, dites-vous que vous retrouvez sa plume immersive et riche, qu'il vous fait vivre encore bien des aventures, même si cette fois-ci elles ne vous feront pas parcourir des milliers de kilomètres. Ce roman est un très bon regard sur ce pan de l'histoire. Avec finalement un large panel de ce que l'on pouvait croiser comme individu.

Peut-être moins romanesque, il est reste un très bon livre que je vous conseille !
Lien : https://lesciblesdunelectric..
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Avec son précédent roman Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils De Maupassant, Bernard Prou avait déjà totalement brouillé la frontière entre réalité et fiction. Il récidive avec Délation sur ordonnance.

L'auteur est joueur, même avec les sujets les plus sérieux. Il les traite avec originalité et facétie, tout en sachant garder un ton grave. Un vrai talent de jongleur.

Tout part d'une vieille ordonnance. Une prescription très particulière, avec des effets qui risquent d'être définitifs. Un médecin, durant la deuxième guerre mondiale, qui utilise son papier professionnel pour dénoncer quatre personnes, pour des raisons très discutables (on a comptabilisé plus de cinq millions de lettres anonymes durant l'occupation…).

Période trouble, sujet pesant. de quoi instaurer le malaise. C'est là, où le talent particulier de Bernard Prou fait la différence. Son roman n'est pas un pamphlet mais relève davantage du jeu de piste. de l'art de proposer un divertissement tout en parlant intelligemment d'un sujet difficile.

Délation sur ordonnance peut être vu comme une sorte d'arbre généalogique issu de ce jeu de piste. Au travers des morceaux d'histoires cachés dans les livres d'une bibliothèque, Prou nous replonge dans la vie quotidienne durant la guerre. Parce qu'il y avait de la vie durant l'occupation ! Les gens vivaient, mourraient, s'aimaient, se déchiraient, s'amusaient, souffraient… Et avaient des secrets.

Avec un ton nostalgique (de l'époque, pas de la guerre…), l'auteur nous fait partager des tranches de vie. Des personnages qui gravitent tous directement ou indirectement autour de cette horrible lettre de délation. Entre anecdotes et faits marquants, Bernard Prou raconte la vraie vie (ou pas), fait apparaître des personnes ayant existé (certaines illustres) et joue avec ces existences imbriquées.

Avec gouaille, il partage des scènes de la vie quotidienne de ses (nombreux) personnages. Un peu trop nombreux parfois, au point de m'y perdre le temps de quelques pages, avant de retrouver mes marques.

Rien de manichéen dans la peinture que fait l'auteur de cette période et de ces gens. Ils peuvent être tour à tour violents et se remettre sur le droit chemin, durant une période où certains survivaient et d'autres vivaient (souvent sur le dos des premiers nommés).

Bernard Prou est un auteur facétieux, on ne sait pas toujours ce qui tient du fait historique ou ce qui vient de son imagination. Il est canaille aussi, tout comme il sait (re)devenir subitement grave.

Délation sur ordonnance est un roman à part. de l'art de jongler avec notre Histoire et les petites histoires.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Deuxième rendez-vous pour moi avec Bernard Prou pour lire Délation sur ordonnance.
J'aime assez la manière dont cet auteur revisite l'Histoire et la littérature à l'aune des destinées individuelles.

Ici, Bernard Prou nous emmène à Pau pendant les dernières années de la seconde guerre mondiale, au sein d'une famille qui compte des collabos, des résistants, des pragmatiques, des hommes et des femmes pris dans la tourmente des évènements.
Mais, chez les Saint-Marly, il y a surtout un délateur qui règle ses compte en dénonçant « les éléments responsables de la guerre et du déclin du pays », selon le maréchal Pétain, à savoir « le métèque, le communiste, le Juif et le franc-maçon » auxquels il ajoute celles et ceux avec qui il a ses propres comptes à régler.
Au-delà du contexte historique particulier, Bernard Prou nous plonge dans toute une ambiance littéraire puisque c'est l'expertise de la bibliothèque du délateur qui sert d'écrin au récit ainsi que son amitié avec Louis Ferdinand Céline.

Ainsi que l'annonce la quatrième de couverture, ce roman est une fresque historique, familiale et littéraire.
Bernard Prou campe des personnages ciselés à grands traits, véritables types, témoins d'une époque. J'ai beaucoup apprécié la place donnée aux femmes de tous âges et conditions.
Son style est vivant et enlevé, sans la moindre longueur ou baisse de régime. Mais le côté truculent et jubilatoire ne doit pas faire oublier l'immense travail de recherche en amont de l'écriture.

Si Alexis Vassilkov, ou la vie tumultueuse du fils De Maupassant m'avait parfois laissée dubitative, Délation sur ordonnance m'a littéralement embarquée.

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Petit livre vite lu, mais bien écrit et très documenté sur la France sous Pétain, et ses conséquences, dans les villes et les familles. Un livre de plage très intelligent qui illustre, met des visages, sur le quotidien de l'époque. Rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir, même si le spectre des couleurs va de gris très clair à gris très sombre.
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Pau, 1942. le Docteur Saint-Marly rédige sur son ordonnancier une dénonciation de 4 personnes à des fins de vengeance personnelle.
Ses 4 enfants en subiront tous des conséquences.
Il s'agit du 2ème roman de l'auteur que je lis, après Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils De Maupassant.
Intéressant de retrouver tout de suite la plume de l'auteur, son ton léger, ses anecdotes, son sens du récit. J'ai trouvé aussi que le style était plus puissant et que le mélange entre les personnages de fiction et ceux ayant réellement existés est plus crédible.
Je souhaite que le suivant bénéficie d'une plus grande fluidité dans la narration et ce sera parfait pour moi.
A quand le prochain ?
Merci Alexis pour ce roman que j'ai dévoré.
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Encore un fois Bernard Prou nous propose un livre bien malicieux. Il part d'un fait divers réel . Une lettre de dénonciation, comme il y a en eu tant malheureusement durant la seconde guerre mondiale. Une lettre qu'il a trouvé alors qu'il fouillait dans une boite de papiers anciens dont il avait fait l'acquisition. Et il brode autour.
Il réinvente la vie des personnages de l'époque, imaginant la vie de ce docteur Grégoire Saint-Marly, Bon père de famille avec ses 4 enfant, bon français puisqu'il a fait la guerre 14. Admirateur de Pétain en bon soldat de la grande guerre. Un français ordinaire quoi !
Il invente aussi la vie de ces pauvres types que ce bon docteur a cru bon de dénoncer aux autorités : un instituteur ; un fonctionnaire ; un avocat ; et un journaliste, ancien amant de Mme Saint-Marly. Tous de mauvais français, forcément, un gaulliste, un communiste et en plus sans doute résistant, un arriviste forcené, et bien sur un Juif. et comme si cela me suffisait pas, trois d'entre eux sont francs-maçons. Un sacrilège pire un blasphème pour le bon Docteur Saint Marly.
Avec Délectation sur ordonnance, on va suivre aussi le destin des 4 enfants de Saint Marly, Maurice, Laure, Marie et Charles. Chacun d'eux va vivre différemment la guerre et l'occupation. Tous ont la capacité de devenir des salauds ordinaires ou des héros de l'ombre.
Bernard Prou a cette capacité de nous faire éprouver les choses. Éprouver parfois physiquement. Les ressentir jusque dans notre propre corps. Il arrive à nous émouvoir aussi. J'avoue parfois avoir eu la nausée, parfois avoir ressenti de la colère, parfois peut-être même de la haine.
Il explore tous les comportement humain que cette putain de guerre à pu engendrer.
Mais la question que je me suis posée en lisant ces lignes, une question qui m'a un peu hantée il faut bien le dire, cette question qui me taraudait : de quelle coté de la barrière aurais-je été si j'avais vécu à cette époque. Aurai-je eu assez de crans pour entrar en résistance, me serai-je pas plutôt tenu à carreau ou alors n'aurai-je point succombé aux sirène de la facilité voire de l'amour !
Oui quelle française serai-je, une patriote, oui mais quel genre de patriote. Une fonctionnaire qui suit les ordre ou alors qui désobéit.
Aujourd'hui encore je ne sais répondre, alors oui j'ai jugé Saint Marly mais qui suis-je pour le juger et le condamner.

Lien : https://collectifpolar.com/
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C'est avec délice, que j'ai enfin lu le dernier roman de Bernard PROU. le premier roman était l'excellent "Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils De Maupassant".

Cette fois encore l'auteur nous entraîne parmi les livres : Céline, Maupassant, Marcel Aymé, Dumas, Rostand... pendant la seconde guerre mondiale.
On pourrait se dire : Quoi ! Encore un livre "là-dessus" ?
Et bien non, on est littéralement happés, emportés, engloutis pas l'histoire et L Histoire où la réalité et le roman se confondent.

Sans rien dévoiler (vous savez que je ne lis pas les 4e de couv. ni ne regarde les bandes annonces car je veux être totalement surprise.), en voici le début :

Oreste (certainement en rapport avec le mythe du même nom), expert en livres anciens et souvent précieux, est amené à estimer la bibliothèque de feu Grégoire St Marly médecin à Pau, à la demande de sa petite fille.
En ouvrant une édition de "Beaux draps" de Céline, il découvre une ordonnance écrite de la main de St Marly qui dénonce auprès de la Préfecture quatre "mauvais" Français : un juif, un communiste, un franc maçon, un gaulliste.

Une fois le livre ouvert, impossible de le lâcher. On est embarqué dans ces secrets de famille, des moments révoltants et d'autres jubilatoires... Quand tout est fini, on tombe sur une copie de l'ordonnance avec les noms censurés issue des archives de l'auteur. Qu'est ce qui est vrai ? Qu'est ce qui est faux ? Certainement que Guy de Maupassant nous livre sa vérité : "Le récit qui suit est de point en point authentique. Je l'ai écrit sous la dictée sans y rien changer, sans en rien omettre, sans essayer de le rendre plus "littéraire" ou plus dramatique, ne laissant que les faits tout seuls, tout nus, tout simples, avec tous les noms, tous les mouvements des personnages et les paroles qu'ils prononcèrent."

Lien : https://parturient-montes.bl..
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J'avais un peu peur au début de ma lecture en me disant ''encore un livre sur le thème de la seconde guerre mondiale '' . Mais dès les premières lignes Bernard Prou a su nous transporter dans un univers entre fiction et réalité. L'entrée par la vie d'Oreste est originale.
un pur régal!!!
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