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Critique de mosaique92


Je ne connais pas Terre-Neuve, mais, après avoir lu ce roman couronné par un prix Pulitzer, j'ai l'impression d'y avoir vécu…

Le début du livre (les 50 premières pages) se déroule dans une petite ville de l'état de New York : Quoyle, phobique au physique plutôt ingrat et à l'enfance traumatisante a épousé une garce dont il accepte toutes les humiliations ; comme il a toujours accepté celles de sa famille et de son entourage, des gens peu reluisants, à l'exception d'un collègue devenu un ami proche et un mentor. Un parcours qui ne prédispose pas à la confiance en soi (« Il survécut à son enfance… Il passa le cap de la trentaine, apprenant à dissocier ses sentiments de sa vie, sans rien en attendre ») !

Après la mort de sa femme et de ses parents, Quoyle se laisse convaincre par une tante qu'il connaissait peu de partir s'installer avec ses deux filles (perturbées par une mère indigne) sur la terre de ses ancêtres, Terre-Neuve… avec, bien sûr, la tante en question qui ne rêvait que de retour au pays de son enfance. Et là, au milieu d'une nature hostile mais grandiose et au sein d'une communauté d'hommes et de femmes rudes, peu raffinés mais ayant le sens de la solidarité ancré en eux, il va se révéler, petit à petit et non sans une multitude de difficultés et de péripéties, ce qu'il est vraiment : un père aimant et un homme bien capable d'inspirer respect, amitié et amour.

Le deuxième personnage principal de ce roman est Terre-Neuve, île de brume, de pluie, de vents, de neige, de tempêtes et de froid où la nature est reine ; la mer, source de vie et meurtrière ; les problèmes économiques qui poussent les autochtones à partir. La vie à Terre-Neuve est très dure et parfaitement imagée par le style simple, rude et sans fioritures de l’auteur ; style poétique également pour les descriptions de la nature (« La brume épaisse à la surface de l’eau brouillait la côte déchiquetée, des plaques rocheuses, comme des longues bandes de métal noir, amarraient la mer à la terre »).

Style original aussi : en introduction de chaque chapitre, l'auteur choisit un noeud de marine (dessin et commentaire) dont la signification ou l'usage illustre le contenu du chapitre qui suit...

‘'C'est un roman d'une poésie et d'une facétie réjouissantes, le sordide et le beau (…) y alternent pour former une communauté humaine imparfaite et terriblement attachante. Les histoires de ces pêcheurs, les naufrages, les sauvetages miraculeux, les crimes commis, tout y est fascinant. Il y a un prosaïsme revendiqué dans ce livre : non le grand amour n'est pas le lot commun mais être bien ensemble c'est déjà beaucoup, non il n'y a pas de véritables héros mais des hommes et des femmes qui peuvent être parfois héroïques et parfois lâches…'' (Laurence Legoupil – Libération).

En bref, un roman original non dénué de poésie, qui commence dans le désespoir et finit dans l'espoir (« Et il arrive parfois qu’un amour existe sans chagrin ni souffrance »).

A lire absolument.
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