Commenter Proust... dans quoi me suis-je lancée?
Je remercie les éditions Omnibus et Masse Critique pour leur confiance.
Proust livre des parcelles de sa vie qui ont certainement influencé son développement, mais mon absence de connaissance de son oeuvre me rend la tâche compliquée. Il faut du temps pour ingurgiter toutes ces pages. L'écriture est belle mais l'esprit s'évade vite. Chaque livre est découpé en parties.
Du côté de chez Swann débute par Combray, lieu de son enfance, de ses souvenirs en famille et surtout de cette fameuse madeleine. S'en suit les pérégrinations amoureuses de Swann avec Odette pour en arriver à Gilberte, objet de "fascination" du narrateur, fille du couple Swann. Bien que très informatif et prolixe en détails, le récit me paraît découpé et je peine à poursuivre.
"A l'ombre des jeunes filles en fleurs", le deuxième volet, ou les pérégrinations amoureuses de l'auteur. Les choses évoluent avec Gilberte. Le narrateur parvient à intégrer le domicile des Swann et finit par y passer de nombreux moments avant de finalement s'éloigner de Gilberte. Plus tard, il part avec sa grand-mère à Balbec. C'est l'occasion de nouvelles rencontres. Le nouvel objet d'amour est Albertine et les jeunes filles. Il est parfois difficile de faire le tri entre pensées et émotions, mais ce deuxième volet illustre assez bien l'expression "loin des yeux, loin du coeur" et cette valse des sentiments comme les 4 saisons : naissance, éclosion, épanouissement, perte de vigueur et mort pour un renouveau.
"Du côté de Guermantes". Ce troisième volet nous fait découvrir les Guermantes après le déménagement des Proust. Une nouvelle passion obnubile notre narrateur : la duchesse de Guermantes. Son cher Saint-Loup devient son ami et par son biais, il tente de se rapprocher de sa tante, la duchesse qui perd de sa sublime comme à chaque fois que Proust obtient ce qu'il désire. L'affaire Dreyfus y est également beaucoup discutée. Je retiens cette description du baiser qui parvient, d'une chose qui aurait pu être sensuelle, à devenir finalement un acte peu agréable.
Ces 1555 pages m'ont paru extrêmement longues (cri de joie lorsque j'ai pu refermer le livre) mais étonnement, je reste curieuse de la suite...
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Un grand merci à Babélio, Omnibus, et leur opération Masse Critique qui me permet enfin de me lancer dans la lecture de cette oeuvre, un des plus grands monuments de la littérature. J'ai tant repoussé cette étape, par faute de temps, peur d'être déçu, ou pire, crainte de ne pas la comprendre, qu'aujourd'hui je m'en sens encore étranger. Ou devrais-je dire extérieur.
Et pour cause, A la recherche du temps perdu ne se livre pas. Il est inconscient de croire que sa lecture suffit à la finir. On aborde ses phrases, ses paragraphes, ses pages, et on découvre la richesse de la pensée et du propos proustien, à la fois excessivement personnels et généreux d'universalité. Et si parfois le retour en arrière s'impose, il n'est en rien pénible. L'écriture de Proust est certes complexe mais elle est aussi imprégnée d'une incroyable douceur. Douceur avec laquelle la voix de l'auteur ne nous quitte plus, devient attachante et soutient nos efforts. C'est peut-être là la clef du succès de cette oeuvre : elle est sans concession, et pourtant empreint d'une bienveillance incroyable.
Alors n'hésitez plus. Plongez-vous aussi dans ce premier volume. Pour ma part, Proust a enfin rejoint mon cercle personnel d'auteurs vers lesquels je reviens régulièrement puiser, comme je peux, un intellect puissant, riche et bienfaiteur.
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On relève parfois des défis bien au-dessus de ses capacités de patience.
C'est évidemment un classique, une galerie foisonnante de personnages, une peinture d'un temps révolu mais c'est long ...Très long ... Mais tellement bien écrit ...mais tellement long ! Il faut aimer les madeleines !
9/10 pour la perfection de l'écriture.
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Je ne voulus pas, je l'assurai que je n'y voyais aucun inconvénient et la laissai se faire belle, mais crus faire preuve de pénétration et de force en lui disant quelques paroles ironiques et blessantes destinées à neutraliser le plaisir qu'elle semblait trouver à être photographiée, de sorte que si je fus contraint de voir le magnifique chapeau de ma grand'mère, je réussis du moins à faire disparaître de son visage cette expression joyeuse qui aurait dû me rendre heureux et qui, comme il arrive trop souvent tant que sont encore en vie les êtres que nous aimons le mieux, nous apparaît comme la manifestation exaspérante d'un travers mesquin plutôt que comme la forme précieuse du bonheur que nous voudrions tant leur procurer.
Ce que je reproche aux journaux c'est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a des choses essentielles.
Mon mari prétend que je n'aime pas les fruits parce que j'en mange moins que lui. Mais non, je suis plus gourmande que vous tous, mais je n'ai pas besoin de me les mettre dans la bouche puisque je jouis par les yeux. Qu'est ce que vous avez à rire ? (dit Mme Verdurin en contemplant des peintures)
C'est ce qui fait qu'une femme par toute nouvelle souffrance qu'elle nous inflige, souvent sans le savoir, augmente son pouvoir sur nous, mais aussi nos exigences envers elle. Par ce mal qu'elle nous a fait, la femme nous cerne de plus en plus, redouble nos chaînes, mais aussi celles dont il nous aurait jusque là semblé suffisant de la garrotter pour que nous nous sentions tranquilles.
MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE