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A la recherche du temps perdu - ... tome 4.1 sur 7

Emily Eells-Ogée (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080704764
375 pages
Flammarion (21/12/1993)
  Existe en édition audio
4.31/5   24 notes
Résumé :
Ce volume, dont l'action se déroule au pays des jeunes filles en fleurs, pourrait s'appeler Le Côté de Gomorrhe.
C'est à Balbec que le côté de Gomorrhe recoupe celui de Sodome :sur un quai de gare, Albertine et le héros rencontrent le baron de Charlus faisant la cour à un jeune militaire, Morel. Tout au long de la saison à Balbec les deux couples fréquentent les mêmes restaurants, se retrouvent chez les Verdurin et embauchent le même chauffeur pour leurs prom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Sodome et Gomorrhe », voilà un titre sulfureux pour bien peu de choses aujourd'hui, qu'est-ce qu'on y apprends? Que le vieillissant Baron de Charlus, aristocrate mondain, "inverti" selon l'expression de l'époque pour désigner les homosexuels, s'adonne à ses turpitudes et ses galanteries avec son giletier Jupien et son musicien Morel, ses deux dernières conquêtes. Je ne sais pas sur quel personnage d'époque s'est inspiré Marcel Proust pour évoquer cet aristocrate mondain, maquillé, qui aujourd'hui, loin des préjugés de sa famille, aurait fait son "coming out".
Quant au narrateur, voyeur par accident, pâle compagnon d'Albertine, dont il est atteint d'une jalousie maladive alors qu'il est incapable de d'entamer une relation physique avec elle. Il décrit leur seul contact comme un aveu de désintérêt : Un baiser avec la langue que lui octroie Albertine qu'il décrit comme une expérience étonnante pour lui, sans aucun sentiment amoureux ni échauffement physique. de quoi est-il jaloux? de l'intérêt que lui porte son ami Saint-Loup dont il redoute une aventure, d'une suspicion de lesbianisme de la part d'Albertine qui connait un couple de femme « inverties », d'une remarque du Docteur Cottard, qui lui fait imaginer qu'Albertine ayant dansée avec son amie Andrée, se seraient frôlées les seins d'un peu trop près…et donc lui aurait cachée son côté « invertie ». Les angoisses du narrateur me semblent plus liées à son incapacité sexuelle à s'engager auprès d'une jolie femme, fût-elle Albertine dont il apprécie la compagnie et la beauté qui réhausse son prestige. Son déni est tel qu'il fait passer Albertine pour une cousine dans les salons de madame Verdurin… La pauvre et gentille Albertine, dont il moque les expressions à son gout trop populaire, elle qui attend patiemment les désirs de son pygmalion sans jamais désespérer. Dernier caprice, il emmène Albertine à Paris, (ils font chambre à part et leur rapport sont tout aussi platonique) pour l'éloigner du couple de lesbienne dont il imagine des penchants à Albertine…
Le texte ne s'en tient pas seulement à ces considérations, il y a toujours les rapports humains, les jalousies, les promenades en auto, les considérations des uns et des autres sur l'affaire Dreyfus, et le temps qui passe inexorablement sur les diners et les salons, à l'heure ou l'on se reçoit entre gens du même monde à défaut d'autres distractions. Combray devenu un peu douloureux au narrateur depuis le décès de sa grand-mère, le temps qui passe sur tous les personnages qui les rend si fragile et si délicieux, déjà engloutis par le temps qui est passé depuis si longtemps. Je pense à l'Invention de Morel de Bioy Casares ou les personnages depuis longtemps disparus, laissent leur image, leur vie, revivre lorsque la marée motrice enclenche les moteurs qui déclenchent la même éternel enregistrement.
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La lecture du deuxième tome du "Coté des Guermantes" m'avait réconciliée avec le style si particulier de l'auteur: son hermétisme poétique s'était dissipé, au profit d'une peinture acide de la haute société de l'époque, toute teintée d'une ironique humour.
J'abordais donc ce volume suivant sans appréhension, persuadée que ma maturité littéraire (?!) avait su dépasser les pièges posés par ce monstre sacré: Quelle erreur !!! Dès les premières pages, je retournais à mes dix-sept ans, retrouvant les mêmes doutes que devant "Du coté de chez Swann": relire une phrase dix fois avant de la comprendre, mais où est donc le sujet, bilan de la page lue, qu'en ai-je retenu, etc...
Même si par la suite cette sensation s'est estompée et que le style est revenu à celui caustique de l'épisode précédent, il n'en reste pas moins que le doute est là, bien présent, et que je ne jetterai pas dans la lecture du tome suivant sans répondre à la question préliminaire: Est-ce que je me sens capable actuellement de rentrer dans le style de Proust?
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
D’ailleurs, en appuyant ainsi devant Albertine sur ces protestations de froideur pour elle, je ne faisais — à cause d’une circonstance et en vue d’un but particuliers — que rendre plus sensible, marquer avec plus de force, ce rythme binaire qu’adopte l’amour chez tous ceux qui doutent trop d’eux-mêmes pour croire qu’une femme puisse jamais les aimer, et aussi qu’eux-mêmes puissent l’aimer véritablement. Ils se connaissent assez pour savoir qu’auprès des plus différentes, ils éprouvaient les mêmes espoirs, les mêmes angoisses, inventaient les mêmes romans, prononçaient les mêmes paroles, pour s’être rendu ainsi compte que leurs sentiments, leurs actions, ne sont pas en rapport étroit et nécessaire avec la femme aimée, mais passent à côté d’elle, l’éclaboussent, la circonviennent comme le flux qui se jette le long des rochers, et le sentiment de leur propre instabilité augmente encore chez eux la défiance que cette femme, dont ils voudraient tant être aimés, ne les aime pas. Pourquoi le hasard aurait-il fait, puisqu’elle n’est qu’un simple accident placé devant le jaillissement de nos désirs, que nous fussions nous-mêmes le but de ceux qu’elle a ? Aussi, tout en ayant besoin d’épancher vers elle tous ces sentiments, si différents des sentiments simplement humains que notre prochain nous inspire, ces sentiments si spéciaux que sont les sentiments amoureux, après avoir fait un pas en avant, en avouant à celle que nous aimons notre tendresse pour elle, nos espoirs, aussitôt craignant de lui déplaire, confus aussi de sentir que le langage que nous lui avons tenu n’a pas été formé expressément pour elle, qu’il nous a servi, nous servira pour d’autres, que si elle ne nous aime pas elle ne peut pas nous comprendre, et que nous avons parlé alors avec le manque de goût, l’impudeur du pédant adressant à des ignorants des phrases subtiles qui ne sont pas pour eux, cette crainte, cette honte, amènent le contre-rythme, le reflux, le besoin, fût-ce en reculant d’abord, en retirant vivement la sympathie précédemment confessée, de reprendre l’offensive et de ressaisir l’estime, la domination ; le rythme double est perceptible dans les diverses périodes d’un même amour, dans toutes les périodes correspondantes d’amours similaires, chez tous les êtres qui s’analysent mieux qu’ils ne se prisent haut. S’il était pourtant un peu plus vigoureusement accentué qu’il n’est d’habitude, dans ce discours que j’étais en train de faire à Albertine, c’était simplement pour me permettre de passer plus vite et plus énergiquement au rythme opposé que scanderait ma tendresse.
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Parce qu'elle se croyait "avancée" et (en art seulement) "jamais assez à gauche", disait-elle, elle se représentait non seulement que la musique progresse, mais sur une seule ligne, et que Debussy était en quelque sorte un sur-Wagner, encore un peu plus avancé que Wagner. Elle ne se rendait pas compte que si Debussy n'était pas aussi indépendant de Wagner qu'elle-même devait le croire dans quelques années, parce qu'on se sert tout de même des armes conquises pour achever de s'affranchir de celui qu'on a momentanément vaincu, il cherchait cependant, après la satiété qu'on commençait à avoir des œuvres trop complètes, où tout est exprimé, à contenter un besoin contraire. Des théories, bien entendu, étayaient momentanément cette réaction, pareilles à celles qui, en politique, viennent à l'appui des lois contre les congrégations, des guerres en Orient (enseignement contre nature, péril jaune, etc., etc.). On disait qu'à une époque de hâte convenait un art rapide, absolument comme on aurait dit que la guerre future ne pouvait pas durer plus de quinze jours, ou qu'avec les chemins de fer seraient délaissés les petits coins chers aux diligences et que l'auto pourtant devait remettre en honneur. On recommandait de ne pas fatiguer l'attention de l'auditeur, comme si nous ne disposions pas d'attentions différentes dont il dépend précisément de l'artiste d'éveiller les plus hautes. Car ceux qui bâillent de fatigue après dix lignes d'un article médiocre avaient refait tous les ans le voyage de Bayreuth pour entendre la Tétralogie. D'ailleurs le jour devait venir où, pour un temps, Debussy serait déclaré aussi fragile que Massenet et les tressautements de Mélisande abaissés au rang de ceux de Manon. Car les théories et les écoles, comme les microbes et les globules, s'entre-dévorent et assurent, par leur lutte, la continuité de la vie. Mais ce temps n'était pas encore venu.
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Première apparition des hommes-femmes, descendants de ceux des habitants de Sodome qui furent épargnés par le feu du ciel.

« La femme aura Gomorrhe
et l’homme aura Sodome. »
ALFRED DE VIGNY.

On sait que bien avant d’aller ce jour-là (le jour où avait lieu la soirée de la princesse de Guermantes) rendre au duc et à la duchesse la visite que je viens de raconter, j’avais épié leur retour et fait, pendant la durée de mon guet, une découverte, concernant particulièrement M. de Charlus, mais si importante en elle-même que j’ai jusqu’ici, jusqu’au moment de pouvoir lui donner la place et l’étendue voulues, différé de la rapporter.
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Je commençais à connaître l'exacte valeur du langage parlé ou muet de l'amabilité aristocratique, amabilité heureuse de verser un baume sur le sentiment d'infériorité de ceux à l'égard desquels elle s'exerce, mais pas pourtant jusqu'au point de la dissiper, car dans ce cas elle n'aurait plus de raison d'être. "Mais vous êtes notre égal, sinon mieux", semblaient, par toutes leurs actions, dire les Guermantes; ils le disaient de la façon la plus gentille que l'on puisse imaginer, pour être aimés, admirés, mais non être crus; qu'on démêlât le caractère fictif de cette amabilité, c'est ce qu'ils appelaient être bien élevé; croire l'amabilité réelle, c'était la mauvaise éducation.
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Mais par ces mots mêmes, qui remettaient entre mes mains de décider de mon bonheur, ma mère m’avait mis dans cet état de doute où j’avais déjà été quand, mon père m’ayant permis d’aller à Phèdre et surtout d’être homme de lettres, je m’étais senti tout à coup une responsabilité trop grande, la peur de le peiner, et cette mélancolie qu’il y a quand on cesse d’obéir à des ordres qui, au jour le jour, vous cachent l’avenir, de se rendre, compte qu’on a enfin commencé de vivre pour de bon, comme une grande personne, la vie, la seule vie qui soit à la disposition de chacun de nous.
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MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE
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