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EAN : 9791032102299
188 pages
Editions de Fallois (09/10/2019)
3/5   40 notes
Résumé :
Avec ce recueil de nouvelles et de textes divers entièrement inédits nous remontons aux sources de la Recherche du temps perdu.

Dans les années où il ébauche le roman qui deviendra Jean Santeuil, Proust, âgé d’une vingtaine d’années, compose de courts textes de fiction, qui sont autant d’esquisses où l’on peut déjà entrevoir les personnages, les situations, les réflexions qui jalonneront la carrière mondaine, la vie affective et l’évolution spirituell... >Voir plus
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Ce n'est pas sans retenir son souffle que l'on pénètre dans un lieu où un grand artiste a élaboré une part importante de son oeuvre. Je me revois gravir lentement, ému, les escaliers de Hauteville House, la demeure de Victor Hugo à Guernesey, ou bien franchir le seuil de l'atelier de Cézanne à Aix-en-Provence.

C'est un peu le même genre d'impression que l'on peut avoir en ouvrant les pages de ce recueil de textes que Marcel Proust a écrits dans les années 1890, alors qu'il avait une vingtaine d'années. Ces nouvelles (dont certaines sont inachevées) paraitront peut-être à certains insignifiantes au regard de cette "Cathédrale du temps" qu'est son grand oeuvre, A la recherche du temps perdu. Pour d'autres, dont je suis, elles constituent au contraire un précieux témoignage de la gestation de ce futur chef d'oeuvre.

Les judicieuses indications de Luc Fraisse nous permettent de tirer les nombreux fils entre ces miniatures de jeunesse et l'oeuvre de la maturité qu'est La Recherche. La nouvelle qui donne son titre au recueil, "Le mystérieux correspondant", nous raconte l'aveu d'une passion homosexuelle qui est ici, déjà, transposée au féminin. Ce seul texte, à la fois plein d'audace et d'hésitations (dans l'histoire comme dans le récit qui en est fait), vaut à lui seul de se pencher sur ce surprenant recueil.
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"Qui de nous sait si (...) quelque esprit ami (...) dans mes pages brèves, Quand je ne serai plus, démêlera mes rêves !"

Dans les archives de Bernard de Fallois, dormaient des esquisses de nouvelles (écartées du volume Les Plaisirs et les Jours) et quelques paperolles préparant le grand oeuvre à venir.

Le distingué Luc Fraisse nous en offre une guirlande commentée qui réjouira l'expert en proustologie mais risquera de décevoir l'amateur intimidé.

Comme dans nombre de bouquets, on y respirera de subtils parfums, on admirera l'harmonie des couleurs mais on pourra s'y écorcher à quelques épines (textes lacunaires, exégèses pour spécialiste et allusions savantes).

On a déjà beaucoup glosé sur le fait que le jeune Marcel ait préféré escamoter cette poignée de nouvelles plutôt que de dévoiler au grand jour ses préférences pour les amours uranistes. J'y ai relevé, pour ma part, quelques (trop ?) brefs effleurements sensuels quand Proust évoque "ces soldats dont le ceinturon est long à défaire" ou des "lèvres rouges qui se mordaient nonchalamment comme on mâchonne une fleur".

Pour passer un moment à l'ombre d'un jeune écrivain en herbe...
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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J'ai mis sur pause, en bon fan de Proust, ma lente et passionnée exploration de la cathédrale « A la recherche du temps perdu » pour découvrir, curieux, ce qui se donnait à vendre comme des inédits proustiens !

Cuisante déception ! L'ouvrage de 174 pages ne compte que quelque soixante pages de la main du très jeune Proust, de brefs récits inachevés, qui laissent certes percevoir le génie à venir, mais on en est encore loin !

L'introduction et le chapitre « Aux sources de la Recherche du temps perdu » par Luc Fraisse, grand spécialiste de Proust, sont intéressants, révèlent des aspects méconnus de l'auteur et de son oeuvre, mais il me semble que tout cela s'adresse non pas à des amateurs de Proust, mais à des proustophiles avertis et un tantinet obsessionnels.

Gaultier
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Je ne peux que déplorer, tout en en comprenant les raisons, que ces nouvelles n'aient pas été achevées ni publiées par Proust. Ces textes laissent transparaître la sensibilité de l'auteur, sa délicatesse dans Jacques Lefelde, mais également sa "coquetterie" lorsqu'un homme a l'air de lui plaire comme dans "Souvenir d'un Capitaine".

Dans Aux Enfers, nous sommes les témoins d'un dialogue entre deux orateurs sur l'homosexualité, et dans la Conscience de l'aimer, nous assistons à la souffrance amoureuse d'un jeune homme souffrant de solitude, rejeté par l'aimée. le Don des fées, conte à demi inversé relate ce que disent les bonnes fées sur le berceau de celui dont la destinées est de souffrir par excès de sensibilité.

Le thème dominant de ces oeuvres est l'analyse de l'amour physique en des termes qui préfigurent Sodome et Gomorrhe et c'est sous le voile d'une fiction transparente, le journal intime de l'écrivain. La prise de conscience de l'homosexualité y est vécue tragiquement, comme une malédiction.

A une époque ou l'ordre moral régnait en maître et ou le moindre écart équivalait à être mis au ban de la société, je comprends pourquoi Proust dit à Gide qui envisageait de publier ses mémoires : "....vous pouvez tout raconter, mais à condition de ne jamais dire : Je...." de nos jours les valeurs sont complètement inversées plus il y a de scandales autour de votre nom et/ou de votre personne, plus vous êtes célèbres, publiés. Peu importe ce qui se dit à partir du moment ou on parle de vous (c'est que vous êtes intéressant).

J'ai bien aimé ce livre, ainsi que les annotations de Monsieur Luc Fraisse qui permettent de mieux comprendre et cerner les pensées et les angoisses de l'auteur.
Lien : http://chezvolodia.canalblog..
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Je dois avouer ne pas comprendre l'intérêt de cette publication en volume de ces textes qui semblent n'être que des brouillons. Luc Fraisse en fait une exégèse poussée mais pas toujours crédible. Coup commercial et marketing avant tout. Même en apparat critique d'un volume de la Pléiade je n'aurais guère goûté ces textes.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je connais une dame qui en sortant du Louvre marchait les yeux fermés pour ne plus voir après les figures parfaites de Raphaël, après les bois de Corot, la laideur des passants et des rues de Paris. Les génies ne pouvaient rien lui donner au-delà du présent des fées et certes le présent des fées était de peu de paix. Pour moi quand je sors du Louvre je ne sors pas d'entre les merveilles, puisque je continue ou plutôt que je commence seulement, après cette initiation, du soleil et de l'ombre sur la pierre, une humidité lustrée aux flancs des chevaux, une bande de ciel gris ou bleu entre les maisons, l'affleurement même de la vie aux prunelles brillantes ou rouillées des gens qui passent.

Le don des fées, page 124
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On remarquera que le rappel par le médecin de l'état de consomption de Christiane, état qui ne repose sur aucune lésion d'organes, rejoint étrangement les Etudes sur l'hystérie de Freud (1895) menées à la Salpétrière auprès de Charcot (avec qui collabore Adrien Proust) selon lesquelles la catatonie des hystériques ne repose sur aucune déficience, mais résulte au contraire de la neutralisation d'un conflit entre forces contraires exceptionnellement intenses. Si Proust n'a, paraît-il, eu vent que très tard des théories de Freud, il se place intuitivement en leur cœur dès ses premiers écrits.

Luc Fraisse, en introduction à la nouvelle "Le mystérieux correspondant" (Editions de Fallois - p. 45)
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[…] Françoise venait de finir cette lettre quand le domestique entra avec les lampes, donnant pour ainsi dire la sanction de la réalité à la lettre qu’elle avait lue comme dans un rêve, à la lueur mobile et incertaine des flammes.

Maintenant la lumière douce mais sûre et franche des lampes faisait sortir de la pénombre intermédiaire entre les faits de ce monde et les rêves de l’autre, notre monde intérieur, lui donnait comme la griffe de l’authenticité selon la matière et selon la vie. Françoise voulut d’abord montrer cette lettre à son mari. Mais elle pensa qu’il était plus généreux de lui épargner cette inquiétude et qu’elle devait au moins à l’inconnu à qui elle ne pouvait rien donner d’autre le silence, en attendant l’oubli. Mais le lendemain matin elle reçut une lettre de la même écriture contournée avec ces mots : « Ce soir à 9 heures je serai chez vous. Je veux au moins vous voir. » Alors Françoise eut peur. Christiane devait partir le lendemain pour aller passer quinze jours dans une campagne où l’air plus vif pouvait lui faire du bien. Elle écrivit à Christiane en la priant de venir dîner avec elle son mari sortant justement ce soir-là. Elle recommanda aux domestiques de ne laisser entrer personne d’autre et fit fermer solidement tous les volets.
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Ces lieux-là restent à jamais dans le petit monde de mes imaginations revêtus d'une grande douceur, d'une grande beauté. Quand même je serais resté des mois sans y penser, tout à coup je les aperçois, comme au détour d'un chemin montant on aperçoit un village, une église, un petit bois, dans la chantante lumière du soir. Cour de caserne, jardinet où l'été mes amis et moi nous dînions, le souvenir sans doute peint avec cette fraîcheur délicieuse, comme ferait l'enchanteresse lumière du matin ou du soir. Chaque petit détail est là tout éclairé et me paraît beau. Je vous vois comme de la colline. Vous êtes un petit monde qui se suffit, qui existe hors de moi, qui a sa douce beauté, dans sa claire lumière si inattendue. Et mon coeur, mon coeur gai d'alors, triste pour moi maintenant et pourtant s'égayant, car il ravit un moment l'autre, le malade et stérile d'aujourd'hui, mon gai coeur d'alors est dans ce jardinet ensoleillé, dans la cour de la caserne lointaine et pourtant si près, si étrangement près de moi, si en moi, et pourtant si hors de moi, si impossible à plus jamais atteindre. Il y est dans la petite ville de lumière chantante et j'entends un clair bruit de cloches qui emplit les rues pleines de soleil.
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Heureusement Christiane, tout occupée du malaise de son amie, n’avait pu le voir et Françoise eut le temps de le prendre vite mais d’un air indifférent et de le mettre dans sa poche. « Il faut que tu rentres de bonne heure, dit-elle bientôt à Christiane, puisque tu pars demain matin. Adieu ma chérie. Je ne pourrai peut-être pas aller te voir demain matin si tu ne me vois pas c’est que j’aurai dormi tard pour guérir ma migraine. » (Le médecin avait défendu les adieux pour éviter une trop vive émotion à Christiane). Mais Christiane consciente de son état comprenait bien pourquoi Françoise n’osait pas venir (et pourquoi) on avait défendu ces adieux et elle pleurait en disant adieu à Françoise qui surmonta son chagrin jusqu’au bout et resta calme pour rassurer Christiane. Françoise ne dormit pas. Dans le dernier mot de l’inconnu les mots : Vous ne me reverrez plus l’inquiétaient plus que tout. Puisqu’il disait revoir, elle l’avait donc vu. Elle fit examiner les fenêtres : pas un volet n’avait bougé. Il n’avait pu entrer par là. Il avait donc corrompu le concierge de l’hôtel. Elle voulut le renvoyer, puis incertaine attendit. […]
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MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE
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