AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Que lire après Les Plaisirs et les JoursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Présenté comme un péché de jeunesse par l'auteur, ce premier recueil de textes de Marcel Proust a été publié grâce à ses amis.
On retrouve dans "Les plaisirs et les jours" la belle écriture de Proust avec ces phrases longues qui obligent à respirer et rythment les mots.
Oui mais voilà, le recueil est fait de bric et de broc et surtout, le ton de lecture de Guillaume Gallienne est toujours le même, ce qui ne permet pas de distinguer les nouvelles des portraits par exemple. Je regrette donc cette version audio qui commence et se termine pourtant bien avec deux nouvelles : "La Mort de Baldassare Silvande, vicomte de Sylvanie" et "La fin de la jalousie".
Entre les deux, il y a des portraits de peintres et de musiciens, textes, poèmes ou pastiches comme "Mondanité et mélomanie de Bouvard et Pécuchet". Il faut dire que les satires sociales et mondaines représentent la partie comique de ce livre.
Dans cet assemblage littéraire, on voit aussi que Proust avait découvert jeune que l'art sauve l'homme de tous ses vices et faiblesses comme le snobisme, l'amour, la jalousie, la mort...
Mais dans ce cheminement à travers le coeur humain, on peut aussi s'interroger sur le choix de la composition fragmentaire de ce recueil : n'est-il pas aussi celui que Proust a adopté lorsqu'il écrit la Recherche du temps perdu ? Pour l'instant cela reste à l'état d'interrogation car ma lecture de ce monument littéraire est restée à l'état de projet. D'ailleurs, je l'ai inscrit dans mes livres à emporter sur une île déserte. A suivre donc...


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022
Commenter  J’apprécie          160
La préface d'Anatole France illustre à merveille ce que représente les premiers textes de Marcel Proust au regard de « La recherche » :

« Sans doute il est jeune. Il est jeune de la jeunesse de l'auteur. Mais il est vieux de la vieillesse du monde. C'est le printemps des feuilles sur les rameaux antiques, dans la forêt séculaire. On dirait que les pousses nouvelles sont attristées du passé profond des bois et portent le deuil de tant de printemps morts. »

Tout est (magnifiquement) dit, et j'oserais humblement ajouter que si, effectivement, le style est déjà présent et largement reconnaissable, le coeur même de ces petits textes souligne des axes de réflexion qui seront présents et approfondis par la suite.

Une oeuvre intéressante pour les amateurs de l'auteur, destinée à nous aider à comprendre le cheminement de sa création littéraire.

Enfin, et ce n'est pas la moindre des informations, cette compilation résonne comme une superbe poésie en prose qui possède le mérite de nous transporter vers nos songes les plus lointains.
Commenter  J’apprécie          72
Même si ce n'est pas encore la Recherche, on y sent poindre ce que sera Proust dans quelques années. On sent sa puissance naissante, la délicatesse de son style auquel il manque sans doute encore quelque appoint. Je sens une grande inspiration des moralistes, dans les thématiques, et un peu dans le style, beaucoup De La Bruyère dans la description de certains caractères de mondains, De La Rochefoucauld parfois dans la contemption du goût du "chic" et du snobisme. C'est drôle, ce n'est pas forcément à eux qu'on pense en lisant la Recherche, mais ici c'est criant, on sent bien qu'il y a un lien, notamment sur le début. Quelques thèmes chers à Proust font ici leur première apparition : le temps, la jalousie, l'impossibilité d'une réelle union... et j'en oublie. Je ne résiste pas à une petite citation que je trouve sublime sur ce dernier thème : « Je défais vos fleurs, je soulève vos cheveux, j'arrache vos bijoux, j'atteins votre chair, mes baisers recouvrent et battent votre corps comme la mer qui monte sur le sable ; mais vous-même m'échappez et avec vous le bonheur. Il faut vous quitter, je rentre seul et plus triste. »
Commenter  J’apprécie          20






Commenter  J’apprécie          11

Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
La Mer

La mer fascinera toujours ceux chez qui le dégoût de la vie et l'attrait du mystère ont devancé les premiers chagrins, comme un pressentiment de l'insuffisance de la réalité à les satisfaire. Ceux-là qui ont besoin de repos avant d'avoir éprouvé encore aucune fatigue, la mer les consolera, les exaltera vaguement. Elle ne porte pas comme la terre les traces des travaux des hommes et de la vie humaine. Rien n'y demeure, rien n'y passe qu'en fuyant, et des barques qui la traversent, combien le sillage est vite évanoui ! De là cette grande pureté de la mer que n'ont pas les choses terrestres. Et cette eau vierge est bien plus délicate que la terre endurcie qu'il faut une pioche pour entamer. Le pas d'un enfant sur l'eau y creuse un sillon profond avec un bruit clair, et les nuances unies de l'eau en sont un moment brisées ; puis tout vestige s'efface, et la mer est redevenue calme comme aux premiers jours du monde...

Lu dans une très jolie version éditée par "Les Petites Allées".

Merci à Michka.
Commenter  J’apprécie          5624
Ses beaux yeux brillaient doucement dans ses joues fraîches, il releva lentement ses moustaches avec sa main. Je compris que je me perdais et je fus sans force pour résister. Je dis toute tremblante :
— Oui, cela me fera plaisir.
Ce fut en disant ces paroles, avant même peut-être, en buvant le second verre de vin de Champagne que je commis l’acte vraiment responsable, l’acte abominable. Après cela, je ne fis plus que me laisser faire. Nous avions fermé à clef les deux portes, et lui, son haleine sur mes joues, m’étreignait, ses mains furetant le long de mon corps. Alors tandis que le plaisir me tenait de plus en plus, je sentais s’éveiller, au fond de mon cœur, une tristesse et une désolation infinies ; il me semblait que je faisais pleurer l’âme de ma mère, l’âme de mon ange gardien, l’âme de Dieu. Je n’avais jamais pu lire sans des frémissements d’horreur le récit des tortures que des scélérats font subir à des animaux, à leur propre femme, à leurs enfants m’apparaissait confusément maintenant que dans tout acte voluptueux et coupable il y a autant de férocité de la part du corps qui jouit, et qu’en nous autant de bonnes intentions, autant d’anges purs sont martyrisés et pleurent. Bientôt mes oncles auraient fini leur partie de cartes et allaient revenir. Nous allions les devancer, je ne faillirais plus, c’était la dernière fois... Alors, au-dessus de la cheminée, je me vis dans la glace. Toute cette vague angoisse de mon âme n’était pas peinte sur ma figure, mais toute elle respirait, des yeux brillants aux joues enflammées et à la bouche offerte, une joie sensuelle, stupide et brutale. Je pensais alors à l’horreur de quiconque m’ayant vue tout à l’heure embrasser ma mère avec une mélancolique tendresse, me verrait ainsi transfigurée en bête.
Commenter  J’apprécie          00
L’absence n’est-elle pas pour qui aime la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences ? (p118)
Commenter  J’apprécie          100
Un milieu élégant est celui où l’opinion de chacun est faite de l’opinion des autres. Est-elle faite du contre-pied de l’opinion des autres ? c’est un milieu littéraire. (p67)
Commenter  J’apprécie          70
DES LIVRES:
Nous fûmes toujours tes prudents conseillers, toujours interrogés, toujours inécoutés.
mais si nous ne t'avons pas fait agir, nous t'avons fait comprendre, tu as couru tout de même à la défaite; mais au moins tu ne t'es pas battu dans l'ombre et comme dans un cauchemar : ne nous relègue pas à l'écart comme de vieux précepteurs dont on ne veux plus. Tu nous a tenus dan tes mains enfantines. Tes yeux encore purs s'étonnèrent en nous contemplant. Si tu ne nous aimes pas pour nous-mêmes, aime-nous s pour tout ce que nous te rappelons de toi, de tout ce que tu as été, de tout ce que tu aurais pu être et avoir pu l'être n'est- ce pas un peu, tandis que tu tandis que tu y songeais , l'avoir été .
Viens écouter notre voix familière et sermonneuse : nous ne te dirons pas pourquoi tu es amoureux, mais nous te dirons pourquoi tu es triste, et si notre enfant se désespère et pleure, nous lui raconterons des histoires, nous le bercerons comme autrefois quand la voix de sa mère, prêtait à nos paroles sa douce autorité, devant le feu qui flambait de toutes ses étincelles, de tous tes espoirs et de tous tes rêves.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Marcel Proust (189) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Proust
MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (112) Voir plus



Quiz Voir plus

Que savez-vous de Proust ? (niveau assez difficile)

De combien de tomes est composé le roman "A la recherche du temps perdu" ?

5
6
7
8

8 questions
531 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel ProustCréer un quiz sur ce livre

{* *}