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Delphine Ménage (Traducteur)
EAN : 9788898038589
64 pages
Orma (03/06/2022)
3.69/5   8 notes
Résumé :
Vaste continent à explorer, la correspondance de Proust constitue un pont vital entre sa forteresse intime et la vie extérieure. Oscillant entre conversations mondaines et introspections profondes, ses lettres racontent la vie d'un écrivain qui a su faire de la faiblesse une vocation littéraire sans pareille et de la maladie une ressource de génie.
Que lire après Sur le bon usage des mauvaises santésVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
A quoi servent les livres, à l'époque des frigos connectés ? La question se pose quotidiennement. Heureusement, les éditions de l'Orma nous adressent une suggestion : les livres peuvent servir à envoyer des lettres. Certes, cette autre activité laisse à son tour songeur le potentiel acheteur de livres qui veille à rentabiliser pleinement son achat. Pourquoi enverrait-il une lettre alors qu'en un texto, l'affaire est réglée ? Pour le romantisme ? Certes, l'odeur sur les enveloppes et les lettres est déjà un succédané de l'odeur de ... Cette pratique peut également dériver en un jeu de fétichisme accumulateur puisque les éditions de l'Orma proposent plusieurs livres-enveloppes : « Conçus pour être expédiés, LES PLIS sont des livres reliés de petit format, recouverts d'une jaquette qui se transforme en une enveloppe. » Très bonne idée. Peu importe le contenu tant que la jaquette s'échange. En troisième de couverture, le mode d'emploi de transformation du livre en enveloppe s'orne de quelques schémas géométriques. Etape 1 : Ouvrir. Etape 2 : Extraire. Etape 3 : Plier et fermer. Etape 4 : Ecrire. Etape 5 : Poster. de petits dessins minuscules sous-plombent les injonctions, au cas où vous seriez plus visuels. Voilà, vous savez désormais comment envoyer une lettre. L'étape 4 reste bien sûr la plus compliquée, car il faut savoir écrire, et savoir quoi écrire. L'étape 5 peut également susciter quelques complications car il faut arriver à rejoindre le bureau de poste avant son heure de fermeture.


La notice de construction nous indique également : « La cohérence des PLIS tient autant à leur forme qu'à leur contenu, qui est lui aussi « postal ». » Diplomatiquement, je comprends que les éditeurs tiennent ici à nous signaler que les PLIS sont des recueils épistolaires, mais sarcastiquement, le « postal » m'évoque aussi le « emballé c'est pesé », peut-être sans que le rapport ne soit très pertinent d'ailleurs. Nous poursuivons : « Les textes de la collection sont un effet une sélection de correspondances, qui offrent un regard inédit, intime et iconoclaste.... etc. ». Pour une sélection, c'est une sélection. Très sélecte, la sélection. Sélection sélectionnée juste avant la réédition de la correspondance en cinq volumes de Proust par les éditions Plon le 3 novembre. Mais voyons un peu. Après l'introduction de 4 pages, puis 2 pages blanches, nous aurons 19 pages de correspondance. Les pages sont de petit format (format enveloppe). Les lettres sélectionnées ne sont pas publiées dans leur intégralité, mais nous y reviendrons une fois la recension terminée. Suivent 4 pages avec des photos et des légendes. Et enfin 26 pages d'autres extraits de livres. Soit 45 pages de sélections en tout.


La publication d'extraits uniquement se justifie par la thématique du livre : « sur le bon usage des mauvaises santés ». L'Orma nous explique son choix : « Vaste continent à explorer, la correspondance de l'écrivain est un pont vital entre sa forteresse intime et la vie extérieure. Oscillant entre conversations mondaines et introspections profondes, ses lettres montrent comment transformer la faiblesse en vocation littéraire et la maladie en ressource de génie ». de deux choses l'une : soit Marcel n'était pas tant malade que ça, qu'il n'ait écrit que deux-trois bricoles sur son état de santé tout au long de sa vie, soit les éditions de l'Orma n'avaient pas réellement envie de faire une recension exhaustive des passages de la correspondance de Marcel traitant de maladie – autrement dit, les collaborateurs de l'Orma n'avaient sans doute pas envie de se taper cinq volumes de correspondance de Proust, ou bien les éditions de l'Orma n'avaient pas suffisamment de papier pour faire un bouquin plus conséquent, surtout si les cinq volumes de la correspondance intégrale seront bientôt réédités.


Voilà pour l'aspect technique. Dans les textes sélectionnés, Proust expose parfois à sa mère le déroulé de ses longues journées consacrées à rester au pieu pendant 12 heures pour éviter toute manifestation corporelle de type asthme et crises d'indigestion – nous pensons alors à son style, nous pensons alors à cette si bonne phrase de Céline (« Proust explique beaucoup pour mon goût : 300 pages pour nous faire comprendre que Totor encule Tatave, c'est trop ») et nous comprenons mieux le lien du corps à l'esprit et à l'âme, la fatigue corporelle et le pointillisme délicat et soporifique du récit proustien.


Adepte du jeûne intermittent, comme nos jeunes youtubeurs du moment (« Je fais un repas par 24 heures (et entre parenthèses je me permets de vous demander si au point de vue ration d'entretien vous trouvez ce repas suffisant pour vingt-quatre heures : deux oeufs à la crème, une aile entière de poulet rôti, trois croissants, un plat de pommes de terre ou frites, du raisin, du café, une bouteille de bière) et pendant l'intervalle des vingt-quatre heures la seule chose que je prends est en me couchant un quart de verre d'eau de Vichy (neuf ou dix heures après mon repas) »), Marcel n'hésite pas parfois à conseiller ses correspondants, aguerri qu'il est à la maladie et aux médecins, et il fabule sur l'intérêt de la maladie mis au bénéfice de la civilisation (« Tout ce que nous connaissons de grand nous vient des nerveux. Ce sont eux et non pas d'autres qui ont fondé les religions et composé les chefs-d'oeuvre »).


Maintenant que le commentaire est plus long que le livre lui-même, je vais m'arrêter. Merci pour la découverte du concept de livre-enveloppe mais la prochaine fois, ce serait bien d'inclure le timbre. Et n'hésitez pas à m'envoyer des lettres, amis beubeuliens, j'aime bien. Merci.
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Recueil étrange d'une vingtaine de lettres choisies par un étrange exégète, « un curatore editoriale e traduttore italiano, studioso in particolare di epistolari e semiotica dei monumenti » dixit Wikipédia en italien, ce que Google traduit par « spécialiste en particulier des lettres et de la sémiotique des monuments ». Ce petit livre contient plus de commentaires et d'illustrations que de matière proustienne, ici les tortueuses manipulations des diagnostics et des traitements qui classent notre monument littéraire parmi les patients à fuir, comme le font d'ailleurs son frère médecin et les pontes de l'époque (Babinski, Vaquez). le meilleur, de loin, déjà cité par Colimasson, est dans l'introduction : « C'est dans la maladie que nous nous rendons compte que nous ne vivons pas seuls, mais enchaînés à un être d'un règne différent, dont des abîmes nous séparent, qui ne nous connaît pas et duquel il est impossible de nous faire comprendre : notre corps ». Ces phrases à méditer ne sont pas dans le recueil. Pour le reste, un style orné d'époque.
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Concernant Marcel Proust, on vous signale depuis juin la parution aux éditions de l'Orma pour 7.95 € seulement d'un recueil de lettres choisies et élaborées par Eusébio Trabucchi qui permet d'éclairer sa vie et sa sensibilité .
Vaste continent à explorer, la correspondance de Proust constitue un pont vital entre sa forteresse intime et la vie extérieure. Oscillant entre conversations mondaines et introspections profondes, ses lettres racontent la vie d'un écrivain qui a su faire de la faiblesse une vocation littéraire sans pareille et de la maladie une ressource de génie.

La maladie vue comme voie pour découvrir la liberté de l'esprit!


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Après m'être plongée dans le premier tome de la Recherche, j'avais envie d'en savoir plus sur la vie de l'auteur qui je ne connaissais pas et ce bref recueil de correspondances me semblait être un bon aperçu de la vie personnelle de l'écrivain. J'étais donc ravie de recevoir ce livre dans le cadre de la masse critique Babelio de septembre et je m'y suis tout de suite plongée. Après lecture de ce recueil mon objectif était atteint : j'en sais désormais un peu plus sur la vie de ce fils et frère de médecin qui souffrait beaucoup de son asthme et pour qui la littérature était une véritable vocation, une plongée de l'esprit, un exercice d'introspection. A travers ses lettres on sent que ses maladies lui pesaient beaucoup, le faisait souffrir, l'empêchait de participer à certaines mondanités auxquelles il était convié mais que malgré tout, sa persévérance pour l'écriture était plus forte. Je comprends aussi désormais mieux l'importance des personnages de la Recherche et leurs potentiels liens avec ses relations privées. Si vous êtes curieux d'en savoir brièvement plus sur l'auteur sans vous lancer dans la lecture d'une biographie je vous le conseille.

Merci à Babelio et aux éditions L'Orma pour l'envoi.
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J'ai eu le plaisir de lire ce livre sans le cadre des opérations masses critiques.
Ces correspondances ouvrent une fenêtre sur le quotidien de Proust, partagé malgré lui avec la maladie, mais aussi plus globalement avec la médecine, tour à tour patient et "médecin". J'ai eu plaisir à lire ces lettres, même si j'aurais parfois aimé en savoir un peu plus dans la durée des échanges.
Sur la forme, ce recueil de correspondances se présente comme un "livre à expédier", avec une couverture-enveloppe qui lui confère un certain charme !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je suis (au point de vue médical), il paraît, beaucoup de choses différentes, bien qu’à vrai dire on n’ait jamais su très exactement quoi. Mais je suis surtout et indiscutablement très asthmatique. Asthme de foins d’abord, mon asthme est devenu assez vite un asthme d’été, puis un asthme de presque toute l’année. Et à la suite de repas trop copieux, il s’est compliqué d’un état d’apparence asthmatique mais d’origine, m’a-t-on dit, intestinale et gastrique qui est aujourd’hui depuis longtemps enrayé, bien qu’il soit prêt à reparaître à la moindre imprudence. Je fais un repas par 24 heures (et entre parenthèses je me permets de vous demander si au point de vue ration d’entretien vous trouvez ce repas suffisant pour vingt-quatre heures : deux œufs à la crème, une aile entière de poulet rôti, trois croissants, un plat de pommes de terre ou frites, du raisin, du café, une bouteille de bière) et pendant l’intervalle des vingt-quatre heures la seule chose que je prends est en me couchant un quart de verre d’eau de Vichy (neuf ou dix heures après mon repas). Si je prends un verre entier je suis réveillé par de l’oppression ; à plus forte raison si au lieu de l’eau de Vichy c’est un aliment.

Lettre (qui ne fut jamais expédiée) à Georges Linossier, août/septembre 1904
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J’ai dormi par bribes mais enfin bien (sauf asthme qui me restait) et tout étonné de me réveiller sans apercevoir devant moi la désolation. J’en ai profité pour rester douze heures dans mon lit, mon pouls est tombé de 120 à 76 et j’ai pu hier aller dîner chez Durand avec Brancovan sans avoir de crise ni pendant le dîner, ni après, ni cette nuit, ce qui est une nouveauté depuis mes soirées quotidiennes. Bien plus, moi qui ces jours-ci faisais des ravages de poudre (ayant été repris de mon asthme), j’ai fumé à peine vers cinq heures du matin en me mettant au lit et plus une seule fois jusqu’à huit heures ce soir, c’est-à-dire infiniment moins que quand j’étais couché. J’ai refait douze heures de lit et je me suis levé pour dîner vers huit heures, mais mes ennuis sont un peu repris, hélas.

Lettre à Jeanne Proust, 18 août 1902
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C'est dans la maladie que nous nous rendons compte que nous ne vivons pas seuls, mais enchaînés à un être d'un règne différent, dont des abîmes nous séparent, qui ne nous connaît pas et duquel il est impossible de nous faire comprendre : notre corps.

[Proust, A la recherche du temps perdu]
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L’expression roman d’analyse ne me plaît pas beaucoup. Elle a pris le sens d’étude au microscope, mot qui, lui-même, est faussé dans la langue commune, les infiniment petits n’étant pas du tout – la médecine le montre – dénués d’importance. Pour ma part, mon instrument préféré de travail est plutôt le télescope que le microscope. Mais j’ai eu le malheur de commencer un livre par le mot « je » et, aussitôt, on a cru qu’au lieu de chercher à découvrir des lois générales, je « m’analysais » au sens individuel et détestable du mot. Je remplacerais donc si vous voulez bien le terme roman d’analyse par celui de roman d’introspection.

Lettre à André Lang, seconde quinzaine d’octobre 1921
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Tout ce que nous connaissons de grand nous vient des nerveux. Ce sont eux et non pas d’autres qui ont fondé les religions et composé les chefs-d’œuvre.

[Proust]
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MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE
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