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EAN : 9782073014566
Gallimard (07/12/2023)
3.68/5   19 notes
Résumé :
"J’avais eu le soupçon l’an passé que le jour de Pâques n’était pas différent des autres, qu’il ne savait pas qu’on l’appelât Pâques, et dans le vent qui soufflait, j’avais cru reconnaître une douceur que j’avais déjà sentie, la matière immuable, l’humidité familière, l’ignorante fluidité des anciens jours. Mais je ne pouvais empêcher les souvenirs des projets que j’avais faits l’autre année de donner à la semaine de Pâques quelque chose de florentin, à Florence que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est toujours un plaisir de pouvoir se replonger dans cette prose si lumineuse au rythme si particulier de Marcel Proust sans pour autant avoir à recommencer la recherche depuis Combray. Vous me direz, allons-y piochons n'importe où mais l'étendue de l'oeuvre continue de m'intimider.
Alors ces quelques articles parus dans Le Figaro et compilés ici m'auront fait l'effet du madeleine miniature derrière laquelle toute la tapisserie de la Recherche se tenait prête à s'offrir à ma mémoire.
Il y a surtout ce premier article relatant l'effet des aubépines sur le narrateur très proche - je n'ai pas vérifié - de l'épisode relaté dans Combray. C'est ce jeu si propre à Proust d'évocations en échos au travers de sa mémoire, ce sautillement incessant d'un regard à une oeuvre d'art, du contexte de cette oeuvre à un souvenir et à l'émotion qui l'habite...
Nous y sommes : ce rythme inimitable, ce souffle court mais inséré tel un bijou dans des périodes d'une longueur étonnante, ce sont les émotions halées dans le filet langagier qui se répondent .
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Marcel Proust (1871-1922), écrivain français auteur de traductions, d'essais et de récits, il domine l'histoire du roman français au XXe siècle avec A la recherche du temps perdu.
Evoquer Pâques alors qu'on se prépare à peine à Noël peut sembler étrange mais ainsi va l'actualité littéraire avec ce minuscule ouvrage qui vient de paraître et qui reprend six textes - antérieurs à la parution du premier tome d'A la recherche du temps perdu (1913) – extraits du recueil Chroniques (L'Imaginaire, Gallimard).
Rapide survol de ces petits articles parus dans des revues ou journaux : Au seuil du printemps est une ode aux aubépines dans le style caractéristique de l'écrivain pour un thème qu'il reprendra plus tard dans son Grand Oeuvre ; Rayon de soleil sur le balcon évoque une amie du Marcel de douze ans, épris de cette gamine qu'il côtoyait dans les jardins des Champs Elysées ; Vacances de Pâques part d'un projet de voyage à Florence avorté pour faire la distinction entre un « nom » et un « mot » ; L'église de village évoque ce point de repère, tant à la campagne que dans les villes, synonyme pour nous lecteurs d'aujourd'hui d'une France rêvée, voire de notre enfance pour les plus âgés ; Contre l'obscurité pose la question : l'obscurité est-elle justifiable en littérature ? et Marcel Proust y répond ; enfin, Pèlerinages ruskiniens en France est un très court texte en mémoire de John Ruskin, l'écrivain, poète, peintre et critique d'art britannique (1819-1900) cher à notre Marcel.
J'ai déjà dit maintes fois toute l'admiration que je voue à Marcel Proust, aussi dès que des miettes de son oeuvres me tombent entre les mains je ne rate pas l'occasion de m'y jeter. Là encore, bien que sur de courtes pages, puisque ce ne sont que de très minces articles ou chroniques, j'ai retrouvé cette petite musique qui me fait le même effet qu'une oeuvre de Mozart : le charme, la délicatesse, le rythme apaisant propice à la rêverie… et les prémisses de ce que l'on retrouvera dans son Grand Oeuvre. Bref, ici du bonheur à trop petites gouttes.
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Ces six chroniques ont été publiées entre 1896 et 1913 dans divers journaux. Toutes abordent des thèmes chers à Marcel Proust et qui seront par la suite développés, retravaillés dans la Recherche du temps perdu : l'enfance, les réminiscences et la mémoire, l'onomastique, etc. Avec quelques mots savamment agencés et grâce à l'amplitude de sa phrase, l'auteur fait surgir dans notre esprit un univers entier composé d'images, de senteurs, de sensations et de souvenirs.

J'ai aimé me plonger dans ces chroniques et retrouver la plume de Marcel Proust, sans pour autant m'engager dans un tome de la Recherche. Son pouvoir d'évocation est impressionnant (je trouve) et il arrive à nous transporter dans ses réminiscences et dans les nôtres ! J'ai beaucoup aimé les descriptions de la nature qui se veulent être au plus juste, mais qui sont nécessairement empreintes de subjectivité.
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Le hasard fait parfois bien les choses et cette fois-ci il a voulu que pendant ces vacances pascales mon regard se posât sur cet ouvrages qui s'était fait oublié parmi les livres de ma bibliothèque. Des retrouvailles touchantes pour la normande que je suis et qui, dans mon exil loin de ma Normandie natale, ont fait resurgir les lumières de la côte et de la campagne si chère à Proust.
C'est un ouvrage de six chapitres courts extraits de son recueil "Chroniques" dans lesquels Proust nous fait revivre (ou découvrir) la lumière, les parfums, les sentiments que cette période de l'année éveillaient en lui lorsque ses parents l'emmenaient passer ses vacances dans la campagne normande.
Bien que cet ouvrage soit antérieur a "La Recherche", on peut déjà, au cours de cette lecture, percevoir la respiration de l'écriture proustienne. Il ne reste plus qu'à se laisser porter par elle et savourer ce voyage immobile à travers les paysages normands.
Un amour de Proust.
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Parmi ces six textes, les souvenirs de vacances de Marcel Proust : les aubépines du jardin, l'église du village pour Pâques, les jeux sur les Champs-Élysées, Florence où il n'est pas allé parce qu'il était malade…

Les souvenirs sont empreints de douceur et de nostalgie, c'est agréable à lire mais les phrases, trop longues, font perdre le fil de la narration.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Puisqu' on nous dit qu on ne peut séparer la langue de l'idée, nous en profiterons pour faire remarquer ici que si la philosophie où les termes ont une valeur à peu près scientifique doit parler une langue spéciale, la poésie ne le peut pas. Les mots ne sont pas de purs signes pour le poète. Les symbolistes seront sans doute les premiers à nous accorder que ce que chaque mot garde, dans sa figure ou dans son harmonie, du charme de son origine ou de la grandeur de son passé, a sur notre imagination et sur notre sensibilité une puissance d évocation au moins aussi grande que sa puissance de stricte signification. Ce sont ces affinités anciennes et mystérieuses entre notre langage maternel et notre sensibilité qui, au lieu d'un langage conventionnel comme sont les langues étrangères, en font une sorte de musique latente que le poète peut faire résonner en nous avec une douceur incomparable. Il rajeunit un mot en le prenant dans une vieille acception, il oscille entre deux images disjointes des harmonies oubliées, à tout
moment il nous fait respirer avec délices le parfum de la terre natale.
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Je me souviens que, quand j’étais enfant, mon père décida une année que nous passerions les vacances de Pâques à Florence. C’est une grande chose qu’un nom, bien différente d’un mot. Peu à peu au cours de la vie, les noms se changent en mots ; nous découvrons qu’entre une ville qui s’appelle Quimperlé et une ville qui s’appelle Vannes, entre un monsieur qui s’appelle Joinville et un monsieur qui s’appelle Vallombreuse, il n’y a peut-être pas autant de différence qu’entre leurs noms.
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Des fenêtres de sa tour, placées deux par deux les unes au-dessus des autres — avec cette juste et originale proportion dans les distances qui ne donne pas de la beauté et de la dignité qu'aux visages humains — le clocher lâchait, laissait tomber à intervalles réguliers des volées de corbeaux qui, pendant un moment, tournoyaient en criant comme si les vieilles pierres qui les laissent s'ébattre sans paraître les voir, devenues tout à coup inhabitables et dégageant un principe d'agitation infinie, les avait frappés et repoussés. Puis, après avoir rayé en tous sens le velours violet de l'air du soir brusquement calmés ils revenaient s’absorber dans la tour, de néfaste redevenue propice, quelques-uns posés çà et là, ne semblant pas bouger, mais happant peut-être quelque insecte, sur la pointe d'un clocheton comme une mouette arrêtée avec l'immobilité d'un pêcheur à la crête des vagues.
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« Notre obscurité, pourraient-ils nous dire, est cette même obscurité qu'on reprochait à Hugo, qu'on reprochait à Racine. Dans la langue tout ce qui est nouveau est obscur. Et comment la langue ne serait-elle pas nouvelle, quand la pensée, quand le sentiment ne sont plus les mêmes ? La langue pour rester vivante doit changer avec la pensée, se prêter à ses besoins nouveaux, comme les pattes qui se palment chez les oiseaux qui auront à aller sur l'eau. Grand scandale pour ceux qui n’avaient jamais vu les oiseaux que marcher ou voler ; mais l'évolution accomplie, on sourit qu'elle ait choqué. Un jour, l'étonnement que nous vous causons étonnera, comme étonnent aujourd'hui les injures dont le classicisme finissant salua les débuts du romantisme. »
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Quoi qu'il en soit de cette théorie, il est trop évident que si les sensations obscures sont plus intéressantes pour le poète, c'est à condition de les rendre claires. S'il parcourt la nuit, que ce soit comme l'Ange des ténèbres, en y portant la lumière.
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