Du lac Tanganyika, au bord duquel j'ai vécu il y a vingt ans à Bujumbura, me reste l'image d'une étendue d'eau regardée le plus souvent à la tombée du soir, blanchissant déjà. De la maison où nous vivions, sur les hauteurs, on l'apercevait, fermé au loin par les montagnes du Congo - à l'époque c'était encore le Zaïre. D'autres fois, c'est du bord que je le regardais - de beaucoup plus près alors, sentant sa fraîcheur monter alentour. Étaient-ils vraiment là, les crocodiles et les hippopotames qu'âgé de dix ans j'imaginais tapis parmi les roseaux, narines affleurantes, prêts à m'engloutir à la première imprudence ? Encore maintenant, si j'y repense, le lac c'est d'abord cela : une étendue d'eau grise, presque blanche, semée au premier plan de roseaux, que mes yeux fouillent en redoutant d'y découvrir un saurien embusqué.
lorsque l’envie m’est venue de revoir le lac Tanganyika, je n’ai pas voulu retourner au Burundi même, mais tout près, au point de la rive le plus plus proche de la frontière, Kigoma, à l’extrême nord-ouest de la Tanzanie. Je n’ai pas non plus voulu décider d’avance ce que je ferais là-bas, tout en sachant bien que le voyage serait vain si je m’y rendais en simple touriste. Je suis donc parti incertain, sans intention arrêtée encore, espérant sur place une rencontre ou des circonstances qui justifieraient d’avoir fait tant de kilomètres
Qui est Katabolonga ?