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EAN : 9782330081836
496 pages
Actes Sud (06/09/2017)
3.84/5   139 notes
Résumé :
En 1659, dans la petite ville bavaroise de Schongau, un jeune garçon est repêché, mourant, dans le Lech. Sur son épaule est maladroitement tatoué un signe de sorcellerie. On accuse aussitôt la sage-femme Martha Stechlin, que son métier amène à connaître les simples et les mystères de la vie – ce qui suffit aux yeux de beaucoup à en faire une adepte de Satan. Le bourgmestre et ses conseillers voudraient qu’on brûle immédiatement la sorcière pour rétablir le calme dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Oliver Pötzsch, l'auteur de la Fille du bourreau, s'est inspiré d'un de ses ancêtres de la dynastie de bourreaux Kuisl qui officièrent à Schongau en Bavière jusqu'au XIXème siècle. Une ascendance peu commune...

En l'occurrence, nous rencontrons Jakob Kuisl qui occupe le poste en 1659 depuis déjà plusieurs temps, après quelques années à guerroyer comme mercenaire. La Guerre de Trente Ans s'est terminée onze ans auparavant mais a laissé des traces - et des orphelins, sans compter les mauvaises récoltes, les épidémies, etc.
En ce printemps de 1659, c'est le corps martyrisé d'un jeune enfant, portant une singulière marque ésotérique tatouée sur l'épaule qui met en ébullition la cité de Schongau. On crie à la sorcière et la vieille Martha, sage-femme et guérisseuse, est toute désignée comme coupable. Mise au cachot par le bourreau pour éviter qu'elle soit massacrée par la populace en furie, elle s'attend à finir sur un bûcher comme bien d'autres avant elle. Pas besoin de preuve quand la torture peut extirper si commodément des aveux...

Mais voilà, Jakob, sa fille, le jeune médecin Simon et un conseiller municipal plus éclairé que ses collègues remettent en cause cette culpabilité trop simpliste et qui sert plutôt à recouvrer le calme moyennant le sacrifice expiatoire de cette femme. Mais un autre enfant est retrouvé mort, la même marque sur l'épaule. Les rumeurs abondent comme un torrent en crue : on a vu le diable dans les rues de la ville, les commères envieuses commencent à jaser sur telle voisine qui aurait rendu malade une truie, ... L'hystérie et les superstitions qui conduisirent quelques décennies plus tôt tant d'innocentes sur les bûchers de la chasse aux sorcières se répandent comme un flot nauséabond.

Jakob Kuisl, lui-même herboriste et guérisseur, n'est pas exempt de suspicion. Déjà que sa charge de bourreau l'ostracise au sein de la société, ainsi que sa famille. Pourtant il entend bien faire la lumière sur cette affaire où trop de coïncidences surviennent.

La Fille du bourreau est un bon roman d'enquête sur fond historique. Ce cadre de la moitié du XVIIème siècle est bien mis en avant, avec son quotidien et ses mentalités où le diable continue d'être redouté et mis en cause via ses acolytes sorcières. Si l'intrigue en elle-même n'est pas d'une grande originalité, son personnage principal, si. Jakob Kuisl est aussi bourru qu'humaniste, il possède - chose rare pour l'époque - une importante collection de livres de médecine et sur les vertus des simples. Grand et robuste, il n'hésite pas à recourir à la violence même s'il juge les hommes en fonction de leur esprit et de leur intelligence. Père peu ordinaire, il apprit à lire à son ainée, Magdalena.

Le vent qui souffle sur Schongau au long du roman rappelle la méfiance profondément ancrée vis-à-vis des femmes, encore plus lorsque celles-ci vivent seules et ont pour activités les soins relatifs aux femmes et la connaissance des plantes et de leurs pouvoirs. Les citoyens sont bien heureux de la trouver jusqu'à ce qu'un changement arrive et on les retrouve à crier avec les autres contre celle qui mit au monde leurs enfants ou soigna une fièvre ou un abcès mal placé.

J'ai trouvé la lecture de ce roman aussi divertissante qu'instructive. Son atout majeur reste, à mon goût, son cadre contextuel bien défini et son personnage principal. Je lirai certainement le second volume, La Fille du bourreau et le Moine Noir.
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J'ai découvert un peu par hasard ce roman de l'allemand Oliver Pötzsch, au gré de mes flâneries sur Babelio.
C'est le titre de cette série qui m'a d'abord interpellée, puis en lisant la quatrième de couverture j'ai appris que l'histoire se déroule à Schongau, ville de Bavière, région que je connais un peu, donc vous devinez la suite : je me suis laissée tenter et je dois reconnaitre que je ne regrette absolument pas cette lecture au contraire.
La famille d'Oliver Pötzsch descend d'une lignée historique et familiale de bourreaux. Son personnage principal (comme il l'explique à la fin de son livre) Jakob Kuisl a réellement existé même si ses aventures sont sorties de l'imagination de l'auteur…
Jakob Kuisl, est donc le bourreau de Schongau et c'est lui qui est en réalité le personnage principal de ce premier tome de cette série que je compte bien continuer à découvrir. Nous sommes en 1659 et à Schongau, le moyen-âge a laissé quelques traces dans les croyances de gens qui ont tendance à très vite sentir une odeur de soufre quand ils ne comprennent pas certains évènements ou comportements et à réclamer une chasse aux sorcières.
La sage-femme de Schongau va d'ailleurs subir la vindicte populaire et être suspectée d'être une sorcière. Ses compétences professionnelles sont surtout mises en avant pour l'acoquiner avec le malin, car une femme qui sait aussi bien soigner les autres femmes, c'est suspect à l'époque…Et puis, en plus, celle-là, elle connaissait un petit garçon dont le corps vient d'être repêché…
Jakob Kuisl, qui est un personnage plaisant à découvrir, empreint d'humanisme, et qui lui aussi, possède beaucoup plus de savoirs médicaux que certains médecins va essayer de mener son enquête pour éviter d'avoir à édifier un bucher pour celle qui a fait naitre ses trois enfants…Aidé de sa fille Magdalena, il va , en plus de son enquête, nous permettre de découvrir les us et coutumes de cette période…
L'auteur compte actuellement huit titres de cette série à son actif, mais, pour l'instant, en France, nous n'en sommes qu'au troisième. J'espère que les éditeurs ne vont pas s'arrêter en si bon chemin, car j'avoue avoir envie de continuer à découvrir les aventures du bourreau de Schongau et de sa fille.
Un très bon roman historique (selon mes critères)

Challenge A travers L Histoire 2021
Challenge Multi-Défis 2021
Challenge Mauvais Genres 2021
Challenge Séries 2021
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Schongau, bourgade de Haute-Bavière, commerçante et prospère, en l'an de grâce 1659, bien qu'au seuil du monde moderne, n'en a toujours pas fini avec l'Âge sombre médiéval, ses superstitions, ses meurtres odieux, sa justice expéditive et son exécuteur municipal. Jakob Kuisl s'inscrit dans une longue lignée et occupe la fonction officielle de bourreau. Quand un jeune orphelin à l'agonie est repêché du Lech, tatoué d'un signe ésotérique, l'idée du diable et des sorcières gangrène immédiatement les esprits tourneboulés par un infanticide naturellement incompréhensible. La sage-femme Martha Stechlin est tout de suite prise pour cible de la vindicte populaire du fait de rapprochements hasardeux mais suffisants pour la désigner d'office coupable. Il lui suffira de la faire avouer sous la torture sous l'oeil des notables mais le bourreau rechigne à s'atteler à la tâche car outre sa reconnaissance de la valeur de la sage-femme en avance sur son époque par ses connaissances botaniques et sa pratique d'accoucheuse, Jokob Kuisl sait Martha Stechlin innocente. Il va donc s'évertuer à découvrir les tenants et les aboutissants d'une affaire plus complexe et retorse qu'elle n'y paraît mais pour cela il devra affronter le « Diable » incarné. le bourreau est secondé par Simon Fronwieser, fils du médecin local, lui-même porté sur une médecine avant-gardiste, accessoirement amoureux de Magdalena, la fille de Jakob Kuisl.
1er roman d'une série initiée en 2008 et toujours en cours avec sept volumes au compteur, l'histoire se lit non sans plaisir bien que le fond de l'air effraie. L'époque est bien campée, les atmosphères savamment rendues avec une économie de moyens qui fait l'impasse sur les digressions historico-sociologiques souvent lourdes, même en bas de pages. L'intrigue est rondement menée et le suspens tient la route jusqu'au dénouement. Les personnages principaux sont attachants, crédibles et potentiellement riches car modernes dans leurs visions. A leur manière pragmatique et courageuse, Jakob, Simon et Magdalena posent les prémices d'une police scientifique à venir avec la recherche d'indices probants et de profils psychologiques cohérents.
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J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre des opérations lancées par les éditions de poche "2 livres achetés , un troisième gratuit" . Pourquoi un thriller qui se déroule au XVIIe siècle en Allemagne ne serait pas intéressant ? Aucune raison, alors je me suis lancée dans sa lecture.

L'histoire se passe à Schongau, petite ville bavaroise du 24 avril au 1er mai 1659. Jacob Kuisl est le bourreau de la ville. Sa fille Magdalena est très attirée par un jeune médecin, Simon Fronwieser. C'est interdit une fille de bourreau doit épouser un fils de bourreau.
A la suite de l'assassinat d'un jeune garçon, la sage-femme Martha Stechlin, soupçonnée de sorcellerie est jetée en prison. Jacob est chargé de la soumettre à la question. Deux autres jeunes garçons seront assassinés, deux petites filles disparaîtront. Les cinq enfants appartenaient à la même bande.
D'autres événements graves surviennent. Pour les notables de la ville, l'affaire est entendue. Il faut brûler la sorcière et le calme reviendra dans la ville.
Un homme ayant l'apparence du diable aurait été aperçu par plusieurs personnes.
Le bourreau persuadé de l'innocence de Martha décide d'enquêter. Simon et Magdalena l'assisteront.

Livre intéressant. Suspens et violence propres au thriller sont bien présents.

Au cours de sa fiction l'auteur distille des informations sur les moeurs et croyances encore vifs en cette moitié du XVIIe dans les régions éloignées des grands centres.
Une triste période de plus pour les femmes considérées comme des être inférieurs.
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1624, dans un petit bourg de Bavière, des meurtres d'enfants sont perpétrés et un incendie détruit entièrement la maladrerie en travaux. La population est à cran et il lui faut un coupable.
Martha, accoucheuse mais aussi avorteuse, est la coupable idéale : sa connaissance du corps féminin dérange (on dit d'elle qu'elle est une putain du Diable) autant que le fait que ses concitoyens accourent plus volontiers chez elle que chez le médecin attitrė de la ville.
Jacob Kuisl, le bourreau, connait bien Martha et l'estime mais il doit faire son job. Mais Jacob n'est pas une bourreau ordinaire.
Premier roman réussi (il a d'ailleurs reçu, en 2015, le prix du meilleur roman policier historique décerné par le magazine Historia) plein de rebondissements et très bien documentė.
Il est à souligner que Jacob Kuisl a bel et bien existé et qu'il est l'ancêtre d' Olivier Pötzsch. Descendant d'une famille de bourreaux, l'auteur s'est ainsi plu à inventer un bourreau au grand coeur.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
"Que veux-tu que je fasse ? rétorqua la vieille femme en soufflant bruyamment. Je fais mes bagages. Je pars chez ma belle-fille à Peißenberg. Si cette série de meurtres continue, je préfère ne pas être dans les parages. Les gaillards du village vont mettre le feu à ma bicoque, peut-être qu'ils n'attendront même pas la Sainte-Walburge pour ça. S'il y a vraiment une sorcière qui sévit dans les environs, je ne voudrais pas qu'on croie que c'est moi. Et s'il n'y en a pas, il leur faudra bien trouver une coupable."
Elle regarda Magdalena en haussant les épaules.
"Et maintenant, sors d'ici en vitesse. Tu ferais mieux de t'éclipser toi aussi. En tant que fille de bourreau, tu es à leurs yeux aussi redoutable qu'une sorcière."
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" D'où tenez-vous tout ce savoir ? Je veux dire, vous n'avez jamais fait d'études. .."
Le bourreau partit d'un rire tonitruant tout en continuant à examiner les innombrables hématomes sur les jambes de la sage-femme.
"Des études, ha ! Vous ne manquez pas d'air, vous, les docteurs, si vous croyez que c'est dans vos universités glaciales que l'on se rapproche le mieux de la vérité. Mais on n'y trouve rien ! sinon des ouvrages intelligents écrits par des hommes intelligents qui ont copié sur d'autres hommes intelligents. Mais la vraie vie, les vrais malades, c'est au-dehors, c'est ici qu'ils sont ! C'est eux que tu devrais étudier, pas les livres, ça t'apporterait plus que toute la bibliothèque d'Ingolstadt !
" Mais vous avez vous-même des livres à la maison", objecta Simon.
" Oui, mais quel genre de livre ? Des livres que vous avez interdits parce qu'ils n'entrent pas dans le cadre de votre enseignement poussiéreux ! Scultet, Paré ou le vieux Dioscuride ! Voilà de vrais savants ! Mais non, au lieu de cela, vous saignez, vous examinez la pisse et vous continuez à croire à vos humeurs puantes. Pour vous, le corps humain ne se compose que de sang, de flegme et de bile. Si seulement j'avais le droit de passer ne serait-ce qu'un examen de médecine dans une de vos universités. .."
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La recherche de marques était une méthode fréquente de la chasse aux sorcières. Si des grains de beauté ou des taches de vin d'une forme étrange étaient trouvés sur le corps de la suspecte, cela était interprété comme un signe du diable. Souvent, le bourreau procédait alors à l'épreuve de l'aiguille, au cours de laquelle il piquait la supposée sorcière dans la tache suspecte. Si le sang ne perlait pas, la preuve de sa sorcellerie était faite. Kuisl savait que son grand-père avait connu des moyens pour empêcher les saignements lors de la piqûre. De cette façon, le procès se terminait plus vite, et le bourreau encaissait son salaire plus tôt. ..
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Le bourreau se rendit à la prison fortifiée, en face,et se fit ouvrir par les gardes municipaux. Martha Stechlin était étendue sur la paille humide et ses propres excréments, endormie. Sa respiration était régulière, la bosse sur son front avait presque entièrement désenflé. Jakob Kuisl se pencha sur elle et lui caressa la joue. Un sourire passa sur son visage. Il se rappelait l'aide que cette femme lui avait apportée à la naissance de ses enfants. Il se souvenait du sang, des cris et des pleurs.

P 479/480
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Martha Stechlin était la première sage-femme officiellement employée par la ville. Depuis toujours, ces femmes, proches des mystères féminins, étaient suspectes aux yeux des hommes . Elles connaissaient des potions et des herbes, elles touchaient les femmes à des endroits indécents et elles savaient aussi comment faire disparaître le fruit du ventre, ce cadeau de Dieu. Beaucoup de sages-femmes avaient déjà fini comme sorcières sur les bûchers allumés par des hommes.
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