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Critique de kuroineko


Oliver Pötzsch, l'auteur de la Fille du bourreau, s'est inspiré d'un de ses ancêtres de la dynastie de bourreaux Kuisl qui officièrent à Schongau en Bavière jusqu'au XIXème siècle. Une ascendance peu commune...

En l'occurrence, nous rencontrons Jakob Kuisl qui occupe le poste en 1659 depuis déjà plusieurs temps, après quelques années à guerroyer comme mercenaire. La Guerre de Trente Ans s'est terminée onze ans auparavant mais a laissé des traces - et des orphelins, sans compter les mauvaises récoltes, les épidémies, etc.
En ce printemps de 1659, c'est le corps martyrisé d'un jeune enfant, portant une singulière marque ésotérique tatouée sur l'épaule qui met en ébullition la cité de Schongau. On crie à la sorcière et la vieille Martha, sage-femme et guérisseuse, est toute désignée comme coupable. Mise au cachot par le bourreau pour éviter qu'elle soit massacrée par la populace en furie, elle s'attend à finir sur un bûcher comme bien d'autres avant elle. Pas besoin de preuve quand la torture peut extirper si commodément des aveux...

Mais voilà, Jakob, sa fille, le jeune médecin Simon et un conseiller municipal plus éclairé que ses collègues remettent en cause cette culpabilité trop simpliste et qui sert plutôt à recouvrer le calme moyennant le sacrifice expiatoire de cette femme. Mais un autre enfant est retrouvé mort, la même marque sur l'épaule. Les rumeurs abondent comme un torrent en crue : on a vu le diable dans les rues de la ville, les commères envieuses commencent à jaser sur telle voisine qui aurait rendu malade une truie, ... L'hystérie et les superstitions qui conduisirent quelques décennies plus tôt tant d'innocentes sur les bûchers de la chasse aux sorcières se répandent comme un flot nauséabond.

Jakob Kuisl, lui-même herboriste et guérisseur, n'est pas exempt de suspicion. Déjà que sa charge de bourreau l'ostracise au sein de la société, ainsi que sa famille. Pourtant il entend bien faire la lumière sur cette affaire où trop de coïncidences surviennent.

La Fille du bourreau est un bon roman d'enquête sur fond historique. Ce cadre de la moitié du XVIIème siècle est bien mis en avant, avec son quotidien et ses mentalités où le diable continue d'être redouté et mis en cause via ses acolytes sorcières. Si l'intrigue en elle-même n'est pas d'une grande originalité, son personnage principal, si. Jakob Kuisl est aussi bourru qu'humaniste, il possède - chose rare pour l'époque - une importante collection de livres de médecine et sur les vertus des simples. Grand et robuste, il n'hésite pas à recourir à la violence même s'il juge les hommes en fonction de leur esprit et de leur intelligence. Père peu ordinaire, il apprit à lire à son ainée, Magdalena.

Le vent qui souffle sur Schongau au long du roman rappelle la méfiance profondément ancrée vis-à-vis des femmes, encore plus lorsque celles-ci vivent seules et ont pour activités les soins relatifs aux femmes et la connaissance des plantes et de leurs pouvoirs. Les citoyens sont bien heureux de la trouver jusqu'à ce qu'un changement arrive et on les retrouve à crier avec les autres contre celle qui mit au monde leurs enfants ou soigna une fièvre ou un abcès mal placé.

J'ai trouvé la lecture de ce roman aussi divertissante qu'instructive. Son atout majeur reste, à mon goût, son cadre contextuel bien défini et son personnage principal. Je lirai certainement le second volume, La Fille du bourreau et le Moine Noir.
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