En décidant de construire son rêve (vendre des maisons dans un désert californien), Warren Ziller entraîne sa famille dans un cauchemar : il engloutit dans son "affaire" toutes les économies du couple qu'il forme avec Camille, et tout l'argent prévu pour les études des enfants. Autant dire que Warren Ziller hypothèque l'avenir.
Les trois enfants sont des rebelles tendres : on devine que derrière leur froideur - cynique pour l'aîné Dustin, acerbe pour la moyenne Lyle, lunaire pour le cadet Jonas - se cache, mal, un coeur chaud, et qu'entre deux pages du roman, coulent des larmes.
A propos des pages du livre : n'y en a-t-il pas trop ? Cinq cent vingt, cela semble un peu long, et parfois vain, surtout lorsque l'auteur nous perd dans certaines références américaines - des notes de la traductrice, en bas de page, eussent été utiles.
Cela dit, la valse-hésitation permanente entre comédie et drame est plaisante et intéressante : elle allège un peu le poids des non-dits. Dans cette famille ordinaire, où la non-communication occupe tellement de place, le rire nerveux et le rictus remplacent en effet souvent le dialogue.
"
Famille modèle" est à lire également pour les passages râpeux, où le mot-couteau gratte et fouille les plaies. On retombe alors en enfance, quand quelques jours après une chute on décollait les croûtes que l'on avait aux genoux : ça faisait peur, ça faisait mal et ça faisait du bien.