Le fakir coincé chez Ikéa m'avait bien fait sourire mais, n'étant pas fan des histoires extraordinaires en général, j'hésitais à retenter l'expérience avec son nouveau roman... Mais on me l'a offert, et j'ai sauté le pas !
Tout commence par le récit que fait un contrôleur aérien nommé Léo à son coiffeur, à propos d'une journée extraordinaire de sa carrière : le jour où Providence, la factrice desservant l'aéroport d'Orly, arrive en Bikini dans la tour de contrôle et, tandis qu'un nuage de cendre empêche les avions de voler… demande à Léo l'autorisation de décoller de la piste par ses propres moyens ! Pour le convaincre, elle lui explique qu'elle vient d'adopter une petite fille au Maroc, mais que celle-ci va mourir de la mucoviscidose si on ne la ramène pas immédiatement dans un hôpital français ; Et que comme les avions ont l'interdiction de voler, elle a appris à voler de ses propres ailes pour aller la chercher – c'est bien connu, l'amûûr donne des ailes… !
Léo accepte parce qu'il n'a rien de mieux à faire, qu'il veut faire plaisir à sa factrice et qu'il pense que tout va s'arrêter dès l'échec de Providence… Mais le lecteur est ébahi de constater que, finalement,
Romain Puertolas va bien oser nous faire décoller son héroïne !! Où a-t-elle appris ? Et va-t-elle réussir à sauver sa fille et à la ramener avec elle ?? Enfin, pour quelqu'un de terre à terre comme moi : Que signifie cette histoire apparemment sans queue ni tête, a-t-elle bien un sens … ?
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D'ordinaire, les récits extraordinaires me lassent vite car je me sens toujours moins concernée par quelque chose qui ne peut pas m'arriver ; et j'ai vite envie de lâcher le bouquin. Ce qui fonctionne avec
Romain Puertolas, c'est d'abord la façon dont il raconte : C'est enlevé, c'est amusant, mais surtout c'est raconté comme un conte pour enfant. En lisant ce roman, j'avais l'impression de retomber en enfance lorsque mon père venait nous lire des histoires pour nous endormir : Il fallait qu'elles soient rattachées au réel, mais un peu farfelues et magiques pour stimuler notre imaginaire jusqu'à la suite du récit le lendemain. Ici, peu de personnages, peu de profondeur dans leurs descriptions – mais une écriture sensible, de jolies formules, des messages universels. du coup, c'est le roman idéal en voyage : Facile à lire, à comprendre même au milieu du bruit (gare, aéroport, parking, café, etc… : j'ai testé en attendant un rdv, et compris le sens des mots « roman de gare » - sans être péjorative).
Je ne vais pas vous mentir, ce n'est décidément pas le style de récit que j'affectionne et il y a peu de chance pour que vous aimiez si vous n'avez pas accroché à son premier roman : Vers le milieu, quand il devient évident que notre héroïne va vraiment apprendre à voler de ses propres bras à peine musclés, j'ai presque eu envie de décrocher… Pourtant j'ai bien fait de continuer parce que j'ai aimé la fin, qui a fait remonter le roman dans mon estime en lui donnant, rétrospectivement, tout son sens. J'aime l'explication, la construction, et la fin « alternative » proposée par un personnage... ! Au final j'ai trouvé ce roman moins comique que le fakir mais plus sensible, on découvre une facette complémentaire de l'oeuvre de l'auteur. On voit surtout une belle ligne directrice dans l'écriture de ces deux romans : avoir lu les deux permet d'avoir une jolie vision de ce que pourra devenir sa bibliographie et j'avoue que je suis curieuse de savoir ce qu'il va écrire par la suite. Car même si je ne suis pas certaine de lire les suivants, j'aime le fait qu'il ait vraiment un style à lui, un vrai style de conteur qui, s'il ne peut plaire à tout le monde, trouvera certainement son public - et en tous cas mérite de le trouver !
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