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Critique de gruz


(Sur l'air de Marlbrough…)
Romain s'en va en guerre,
Marrons-nous, marrons-nous, mais sans haine…

Armé de son imagination et de sa verve légendaire, le voilà qui ressuscite Napoléon et l'envoie se frotter à Daech.

On savait l'auteur capable de nous narrer des histoires improbables. Un fakir dans une armoire Ikea, une femme qui apprend à voler pour aller voir sa fille. Des récits décalés, si drôles ; poésie de l'absurde. On ne l'imaginait sans doute pas s'attaquer à un tel sujet d'actualité au travers de sa plume déjantée.

Il fallait oser. Oser parler d'un sujet grave et d'une actualité brûlante. Oser tourner en dérision le célèbre (petit) grand homme, son entourage, nos « grands » hommes actuels et notre société contemporaine, sans tomber dans le ridicule. Osez Joséphine, disait l'autre.

L'histoire est folle, délirante, jouissive… et instructive.

Imaginez Napoléon qui trouve un bon appart dans un Formule 1 pour préparer son plan de guerre, entouré d'une armée à sa taille et à celle de son attribut disparu (ce n'est pas moi qui l'affirme). Oh, et puis n'imaginez rien, et laissez vous emporter par cette vague continue de bons mots et de situations ubuesques.

Romain Puértolas a une idée par phrase. Son humour a le débit d'une Kalachnikov, mais fait éminemment mois de dégâts. On se gausse, on s'esclaffe devant son talent unique et irrésistible, à brocarder, ridiculiser et parodier notre monde.

Mais pour que Re-vive l'empereur, accumuler juste des blagues au kilomètre ne pouvait pas tenir la distance tout au long d'un roman de 350 pages. L'auteur ne pouvait décemment pas faire n'importe quoi, même s'il se permet tout. le récit est donc très documenté : j'en ai bien plus appris sur le Napo en quelques heures, qu'en plusieurs années d'école. Bref, il n'y a pas meilleur que l'école du rire. Et mine de rien, entre les blagues, certains passages sont d'une touchante profondeur.

La première pointe de son bicorne littéraire, Romain Puértolas l'avait ciselée de sa plume dans le cadre du recueil de nouvelles Nous sommes Charlie, où dans son histoire nos humoristes partaient en guerre, armés de leurs crayons de couleur. La seconde pointe est donc cet irrésistible roman, d'une réussite tout aussi improbable que son sujet.

Oui, je tire mon chapeau (phrygien) à l'auteur pour avoir réussi haut la (les) main(s) à me faire rire, sourire, pouffer sans jamais perdre le rythme soutenu qu'il impose à ses blagues. Il n'est pas là pour tenter de trouver une solution au grave problème actuel (l'aboutissement de la bataille de Napoléon contre les terroristes étant pour le moins… particulière). Non, il nous rappelle que l'humour est un blindage contre l'horreur, et une défense qui ne doit jamais tomber. Il défend la notion de tolérance aussi, c'est juste une évidence.

J'ai rarement jubilé à ce point au travers de la fantaisie d'un auteur, tout en me sentant connecté au monde. Je décerne donc la cocarde humoristique à Romain Puértolas.

Tiens, pour la peine, je vais aller relire un passage au hasard, juste pour me mettre de bonne humeur pour la journée.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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