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EAN : 9782930538778
96 pages
Quadrature (09/11/2017)
3.79/5   7 notes
Résumé :
Douze tableaux, douze nouvelles, douze lunes devrait-on dire... Car on parle ici de lunes, de cycles, de sang. De menstruations. Un thème tabou, un bastion que la littérature a souvent refusé d'investir parce qu'il y a un je-ne-sais-quoi de tribal, de reculé, de primitif dans ces histoires qui doivent rester secrètes, refoulées ou proscrites : qu'elles soient accueillies avec déception, soulagement ou exaspération, les règles nous ramènent à notre condition animale... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Avoir ses menstrues, ses époques, ses anglais, ses ours, ses lunes, ses affaires, ses règles, ses ragnagnas, sa semaine ketchup, ses coquelicots, ses catimini, ses histoires...
Des histoires, oui. Des histoires esquissant douze sanguines déclinées du vermillon à la brique en passant par l'écarlate et le carmin. Toutes les nuances du sang qui s'écoule périodiquement du corps des femmes suscitant aussi bien la douleur physique, la honte, la frayeur que l'épanouissement, la fierté et la tranquillité. Douze manières de briser le tabou qui entoure si solidement ce flot mensuel que la publicité nous laisse encore croire que le sang des femmes est bleu.
Il fallait un bel aplomb pour braver cette sorte de malédiction littéraire qui fait que les règles sont escamotées de la plupart des univers romanesques. Il fallait un sacré talent pour réussir à créer des récits aussi vigoureux sans tomber dans le croustillant, ni le scabreux. Pascale Pujol a eu cet aplomb et possède ce talent. Ses douze nouvelles sanguines parcourent le territoire du jamais-dit, en nous plaçant entre maléfice et enchantement, entre réalisme et symbolisme, sans jamais lâcher la part d'humour léger et d'indulgente ironie qui donne tant de relief à son écriture. Elle nous emmène dans un voyage ou la répulsion côtoie la fascination et où l'on met au jour les pulsions les plus primitives des êtres.
Dans ses histoires, les règles deviennent philtre d'amour ou métamorphose du corps adolescent, les hommes en sont dégoûtés ou médusés et les femmes en font une épiphanie ou un fléau. Chaque nouvelle possède un ton qui lui est propre, une atmosphère singulière, et suscite des émotions et des réflexions différentes, parfois contradictoires, toujours complémentaires. L'homogénéité du recueil vient du thème, bien sûr, mais surtout de cette écriture qui façonne le réel tout en l'étirant vers des contrées poétiques, culturelles et même anthropologiques. Jamais l'auteur ne cède à la tentation du sublime ou de l'éthéré. Jamais non plus elle ne s'abîme dans l'obscène. Et c'est sur ce fil ténu que son écriture parvient à tenir l'équilibre.
"Sanguines" brise avec éclat l'accord tacite qui établit que "l'on ne parle pas de ces choses-là". En lisant ces douze nouvelles, je n'ai eu qu'un regret : que le recueil n'en comporte pas davantage !
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Certains d'entre vous le savent - d'autres l'auront peut-être remarqué s'ils viennent régulièrement par ici - la nouvelle n'est pas un genre que j'affectionne particulièrement. D'ailleurs, pour tout vous dire, si je me suis tournée vers ce recueil, c'est parce que j'en connais l'auteure. Je la côtoie dans un cadre qui n'a rien à voir avec mon activité de blogueuse - ou très indirectement - et elle en ignorait tout lorsqu'elle m'a informée de la parution de son livre.

Douze textes composent ce recueil, variations autour d'un thème bien peu traité dans le champ littéraire. On peut même plus généralement le qualifier de tabou, réservé à l'intimité d'une relation mère-fille. Comme le laisse suggérer le titre, Pascale Pujol a en effet choisi de parler du sang menstruel.
Sujet délicat s'il en est, il faut aller au-delà du premier mouvement de pudeur ou de répugnance qu'il peut provoquer pour découvrir ces textes. Il permet en effet d'évoquer bien évidement le corps féminin, les relations physiques autant que sociales entre les hommes et les femmes, mais l'auteure investit également les domaines plus inattendus et pourtant tout à fait pertinents que sont les champs économique (il faut vraiment être consultante en analyse économique et financière pour le faire !) ou artistique.

Pascale Pujol ne cherche pas à édulcorer son sujet. C'est vrai, une ou deux nouvelles peuvent provoquer le rejet - et j'avais d'ailleurs mis le livre de côté après avoir lu l'un des tout premiers textes. Mais je me réjouis d'avoir dépassé cette première réaction et de l'avoir repris, car il y en a aussi de fort sensibles ou d'assez amusants - et le sujet invite de fait à cette diversité de tableaux.
En abordant son sujet selon différents points de vue, féminin aussi bien que masculin, interne au personnage ou par le biais d'un narrateur extérieur, dans des cadres sociaux variés, à travers des sphères aussi bien personnelles que professionnelles, mais en s'aventurant aussi du côté des légendes et des croyances qu'il a toujours fait naître, elle en dresse une géographie sensible et pertinente.

Mention particulière pour la nouvelle intitulée La coupe est pleine. Cette assemblée de cadres sup pleins de morgue pérorant sur la meilleure manière d'accroître la rentabilité de leur boîte en imaginant notamment écouler leur stock de protections féminines défectueuses auprès des populations les plus défavorisées m'a fait rire jaune... à défaut de me faire voir rouge ! Mais où va-t-elle donc chercher tout ça ?
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Sanguines.

Sujet peu exploré, tabou pour certains, source de nombreuses interrogations masculines, Pascale Pujol transgresse les règles pour évoquer les menstruations. L'émotion côtoie le fantastique, la drôlerie, la réflexion. C'est un peu de la richesse complexe du monde féminin qui nous est délivrée par la talentueuse Pascale Pujol. On peut se repaître de ce sang-là sans crainte, se laisser absorber par le flux des mots en rosissant parfois à certaines tournures. On peut être envoûté par un parfum de sorcellerie qui émane de certains textes. On peut se régler à l'aune de la lune et se laisser emporter par le style coulé. Si j'étais une femme, je crois que je le lirais le premier jour d'un cycle, pour le célébrer. L'impureté n'est que pensée d'homme. C'est toute une vie qui bat au gré des textes, et qui rend justice à cet épanchement, mais comme je ne suis qu'un homme, je l'ai dévoré en phase de pleine lune. J'ai été particulièrement touché par les textes qui s'échappent un peu du réel pour tremper dans l'étrange.
Ces portraits aux sanguines, intimes, originaux, méritent vraiment le détour. laissez-vous tenter, et changez de regard. Ragnagna deviendra Rhâ Lovely !
Une belle réussite.
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Avec Sanguines de Pascale Pujol, dont le premier roman Petits plats de résistance paru en 2015 au Dilettante avait enchanté quelques-uns des premiers participants à l'aventure des 68 premières fois, l'auteure s'empare d'un thème tabou, caché, celui des menstruations et livre douze textes assez surprenants, n'hésitant pas à convoquer le surnaturel, les croyances ancestrales ou la magie. C'est parfois très cru, souvent étonnant lorsqu'on plonge dans des pratiques artistiques méconnues (mais qui a lu L'embaumeur d'Isabelle Duquesnoy ne sera pas dépaysé) dans la nouvelle intitulée Technique mixte qui m'a beaucoup plu. J'avoue me sentir plus à l'aise avec des textes plus "terre à terre" qu'avec ceux qui jouent sur l'occulte ; j'ai particulièrement goûté la réunion de cadres au sommet de celui intitulé La coupe est pleine, qui dessine avec une belle acuité la façon dont se prennent les décisions à la tête des grandes entreprises de biens de consommation. Quoi qu'il en soit, ces douze textes sont autant d'instants de vie pris sur le vif et rendus avec force et parfois une certaine malice.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Rituels de domination et interdits subtils autour des imaginaires multiples du sang menstruel.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/12/25/note-de-lecture-sanguines-pascale-pujol/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce matin, je suis assis dans le métro face à une jeune femme qui se maquille. Je détourne le regard, agacé par ces gestes intimes et légèrement vulgaires, cette façon de lever à peine le menton et d’entrouvrir les lèvres pour en dessiner le contour avec un crayon, d’en colorer la pulpe au pinceau puis de les presser en un obscène simulacre de baiser. Elle prend son temps, en s’aidant d’un minuscule miroir de poche qu’elle tient entre nous, et les coups de frein ne font pas trembler sa main. Je détourne le regard, en effet ; mais non sans l’avoir d’abord observée à loisir, entre désir et répulsion. Avant de maquiller ses lèvres, elle a poudré son visage d’une main experte, d’abord avec un pinceau, puis avec une petite éponge dont elle a caressé son front, l’arête de son nez et son menton. Ensuite, elle a tracé un long trait noir sur ses paupières et épaissi ses cils d’un geste patient avec une petite brosse à mascara, aboutissant à ce que ma mère appelait un regard de gitane. Tous ses accessoires d’ensorceleuse, elle les tire d’une petite pochette en velours pourpre, nichée dans son sac béant posé sur ses genoux : entre rouges à lèvres et crayons, poudriers et pinceaux, les tubes de coton irisés de deux tampons accrochent la lumière. (« Vernis à ongles »)
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Je la trouve au fond du jardin, concentrée sur le saccage méthodique d’un parterre de tulipes. Elle arrache oignons et mauvaises herbes à mains nues avec la même détermination. Autour d’elle, des amas de végétaux coupés et des monticules de terre parsèment le jardin à la manière de taupinières étranges. En m’approchant, je vois qu’elle juste passé un vieux chandail sur sa chemise de nuit et qu’elle est en chaussons. Des mèches grises sont plaquées sur son crâne, et d’autres tombent sur ses yeux. Son regard fixe est comme planté en terre.
– Maman ? (« La boîte à secrets »)
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Mon sang, mon sang, appelle l'amour de cet homme.
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Videos de Pascale Pujol (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascale Pujol
Une grande maison dans le sud de la France. La grand-mère est décédée. Il faut s'en séparer. Mais ce n'est pas simple quand les souvenirs affluent et qu'un promoteur peu scrupuleux vient frapper à la porte. Avec justesse et pudeur, Pascale Pujol raconte cette histoire de famille sous forme d'un roman choral émouvant et surprenant.
Coup de Coeur WebTvCulture !
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