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Philip Pullman a eu du courage de reprendre sa plume après tant d'années pour apporter un nouvel édifice à l'oeuvre développée à partir des Royaumes du Nord. Cet incroyable premier tome avait ouvert une trilogie monumentale dans ses ambitions, son foisonnement, sa densité imaginaire, sa façon de faire résonner science, philosophie et fantasy steampunk. de ces séries que l'on termine avec mélancolie – celle de savoir que l'on ne goûtera jamais la compagnie indéfectible d'un daemon qui serait le nôtre. La boucle était bouclée, la guerre terminée, les relations entre les mondes – et les personnages qu'on avait désormais l'impression de connaître – stabilisées. Qu'ajouter après cela ? le risque n'était-il pas grand de décevoir des attentes forcément incommensurables ?

Le premier tome de la trilogie de la Poussière prend le parti de reprendre l'histoire non pas là où on l'avait laissée, mais dix ans plus tôt, au moment où toute l'intrigue s'est nouée. Malcom, onze ans, s'étonne de l'intérêt des visiteurs de l'auberge de ses parents pour Lyra, un bébé recueilli par les nonnes du prieuré voisin. En toile de fond, d'aucuns semblent se soumettre aux forces obscurantistes du Conseil de Discipline Consistorial. Mais la résistance s'organise aussi efficacement que discrètement. Et les éléments sont de plus en plus déchaînés…

J'ai aimé retrouver l'univers steampunk si singulièrement ciselé de la série, cet Oxford où savants et religieux tirent chacun leurs ficelles. L'histoire commence comme un roman d'espionnage aux accents philosophiques pour basculer dans une traque acharnée. C'est toujours impeccablement écrit et porté par des personnages très vivants – Malcom, en particulier, si gentil, courageux et curieux.

Mais la trame est très, trop linéaire à mon goût. Je n'ai pas retrouvé le foisonnement rythmé d'À la croisée des mondes qui savait si bien orchestrer différents tableaux et fils narratifs. Ici, on suit essentiellement Malcom : autant j'ai aimé découvrir la genèse des liens des protagonistes, autant je n'ai pas été entièrement convaincue par la course-poursuite sur laquelle plane une espèce de psychopathe dont les motivations m'ont semblé obscures.

Il n'en reste pas moins que cette façon d'entremêler les époques et les intrigues est très intrigante, offrant de multiples clins d'oeil et prolongements aux romans précédents tout en développant de nouvelles intrigues autour de personnages qui n'étaient que secondaires jusqu'ici. On brûle de savoir ce qu'ils deviendront dans le prochain tome qui nous transporte vingt ans plus tard. À suivre, donc !
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Après avoir lu la trilogie de « A la Croisée des Mondes » il y a plusieurs années, trilogie qui m'avait emballée pour de multiples raisons, j'attendais beaucoup de sa préquelle, « La trilogie de la Poussière ».

Me voilà donc, le sourire aux lèvres, prête à vibrer. J'ai sauté pieds joints à Oxford, du moins dans l'Oxford créé par Philip Pullman – je rappelle que nous sommes purement dans la fantasy -, à la rencontre des Erudits, des daemons et d'une Lyra de …6 mois, toute rigolote et curieuse.
Ce 1er tome met l'accent surtout sur Malcom, un garçon de 11 ans bien futé et bien téméraire, le coeur sur la main, prêt à protéger la petite Lyra confiée aux religieuses du prieuré de l'autre côté du fleuve. C'est qu'elle a été placée là par précaution, sa mère Mme Coulter, l'horrible madame Coulter de la Croisée des Mondes, ne voulant pas s'en occuper, et son père, Lord Asriel, trop occupé à courir le monde pour ses recherches, comme d'habitude.
Malcom habite à l'auberge de la Truite, et la fille de cuisine, Alice, lui sera d'une aide précieuse lorsque les méchants – car évidemment il y a toujours des méchants dans ce genre d'histoires – voudront kidnapper Lyra.

Et voilà que, page après page, la déception s'installe peu à peu. Des daemons (chouette) mais en veux-tu en voilà, une esquisse de réflexion philosophique sur la conscience (chouette bis) mais toute petite, de la magie (chouette ter) mais qui mène à l'invraisemblance…tout ceci sème le chaud et le froid, et je referme assez dépitée ce roman un peu trop simpliste, surtout quand on a lu la formidable trilogie d'A la Croisée des Mondes (mais ça, je l'ai déjà dit, je le sais, mais le répète quand même).

Conclusion : je ne sais pas trop si je lirai la suite. Peut-être ce tome n'était-il qu'une mise en place des personnages ? Si jamais vous avez lu le 2e tome de cette préquelle, je serais ravie de connaitre votre avis.
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La Belle Sauvage est la préquelle de la trilogie À La Croisée des Mondes.

Cette trilogie m'est très chère. C'est avec elle, enfant, que j'ai appris à aimer lire. Elle a probablement formé une partie de l'adulte que je suis. Tout ça pour dire que j'étais plutôt inquiet de me replonger dans cet univers, 20 ans plus tard.

Mes craintes se sont rapidement apaisées. le livre retrouve ce ton de conte philosophique qui me l'avait rendu si cher. On continue à y construire une espèce de mythologie britannique un peu loufoque qui nous donne envie d'en savoir plus. Et surtout : Pullman prend des risques.

Le viol est un thème important de ce livre. Un livre jeunesse de fantasy. Et c'est si bien abordé. On y parle de consentement, de mécanisme de défense mentaux et tout.

Bref, c'est un très bon livre. Ce n'est pas exactement à la hauteur de À La Croisée des Mondes, mais bon : comment faire mieux qu'un livre où des enfants vont tuer Dieu?

(Par contre, la suite de cette préquelle, la Communauté des Esprits, est une bouse monumentale.)
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Il est agaçant Philip Pullman. Je voulais introduire mes lignes d'une citation, mais celle qui clôt le volume était on ne peut mieux trouvée.

Il est agaçant Philip Pullman. Je ne veux pas relire la trilogie de Lyra. Je l'ai lue deux fois, et j'ai, à chaque fois, pleuré aux même trois endroits. Je n'ai pas envie de pleurer. Mais l'histoire est déjà loin dans ma tête et en lisant La Belle Sauvage j'ai réalisé que diantre j'avais oublié toute la potentialité, l'impact de la poussière. Vous savez comme un truc hyper important qu'on a sur le bout du coin du bord du cerveau et qui refuse de revenir.

Il est agaçant Philip Pullman. Il y avait dans ce livre des raccourcis que j'aurais bien voulu ne pas lire. Des confrontations inévitables qu'il aurait été original d'éviter ; le truc du oooohc'estgroooscommeunemaison.

Il est agaçant Philip Pullman, parce que je râle, je râle mais c'était bien (vraiment). Il y avait de tout (vraiment). Une histoire qui se met en place doucement, un monde qui semble subir les foudres divines, des personnages attachants, une épopée aquatique à bord du frêle mais résistant esquif éponyme, et des petites touches oniriques, irréelles, qui me semble-t-il (mais là il faudrait que je les relise hein) étaient plus timides et surtout présentes bien plus tard dans le récit de la trilogie d'A la croisée des Mondes. Une histoire qui s'est aussi écrasée sur les écueils de mon Réel, qui a réussi à se faufiler au travers les récifs et à prendre le dessus le temps du tourne-pages.

Il est agaçant Philip Pullman, mais il est fort aussi.
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C'est un vrai bonheur de retrouver cet univers ! En quelques pages, on se sent chez soi, on a l'impression de retrouver notre maison d'enfance avec cette atmosphère qui n'appartient qu'à elle, et de réaliser à quel point elle nous avait manqué. J'ai dévoré cette préquelle à toute vitesse, et pourtant j'en ai savouré chaque phrase comme si elle durait une éternité.

Philip Pullman possède un vrai talent de conteur et nous le prouve encore une fois. Les diverses ramifications de l'intrigue se rejoignent et se nourrissent les unes les autres avec naturel, sans forcer, lentement mais sans temps mort. C'est un récit d'aventure pur, haletant, dont l'entraînante simplicité n'est que feinte. Derrière cette course-poursuite fluviale, des enjeux plus profonds se dessinent, et la religion en est encore une fois au coeur. Si l'émerveillement garde tout de même une belle part dans l'histoire, avec certaines péripéties qui fleurent bon le conte de fée, certains passages de ce roman sont à glacer le sang.
On reste un peu sur notre faim avec quelques mystères qui ne trouvent pas de réponse à la fin du volume, sans doute des pistes à garder en tête pour les tomes suivants. En tout cas, la lecture est assez riche pour valoir une relecture afin d'en saisir toutes les subtilités.

J'ai été un peu inquiète avant de commencer ma lecture, parce qu'ayant grandi avec Lyra, j'avais peur de ne pas m'attacher autant aux personnages de cette nouvelle aventure. J'ai très vite été rassurée, car ils se sont rapidement révélés complexes, humains.
Malcolm est un garçon de 11 ans vif, intelligent et déterminé comme Lyra avant lui (ou plutôt après lui, chronologiquement), mais qui possède un calme et une maturité sereine, une certaines douceur bien à lui. Avec Asta, son dæmon, il forme un duo très attachant.
Mais c'est Alice, sa compagne d'aventures un peu plus âgée, que j'ai préféré, et qui pourtant a été ma seule (minuscule) déception du livre. Elle apparaît d'abord comme un personnage très secondaire et pas très sympathique, mais on s'aperçoit vite que derrière ses manières moqueuses et méprisantes, parfois violentes, se cache une personnalité bien plus profonde que ça, et peut-être un passé qui n'est pas tout rose. Pourtant, malgré l'importance qu'elle gagne dans le récit, je l'ai trouvée en retrait, pas assez mise en valeur alors qu'elle a beaucoup de potentiel.
J'ai eu du mal avec le professeur Hannah Relf, dont les motivations me paraissent floues et peu crédibles.
Ça a été un plaisir de retrouver les personnages de la première trilogie, même brièvement, et Lyra et Pan bébé sont juste adorables !

C'est encore un peu tôt pour égaler le coup de coeur monumental de la première trilogie, mûrit au fil des ans et des relectures, mais La Belle Sauvage est une lecture extrêmement plaisante, et je gage que cette nouvelle trilogie se fera une belle place dans mon panthéon livresque. Vivement le tome 2 !
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Malcom a onze ans et c'est un garçon comme les autres, peut-être un peu plus curieux et éveillé que la moyenne. Depuis sa plus tendre enfance, il aide à tenir la taverne La Truite au bord de la Tamise, partageant son temps entre le travail à l'auberge et sa passion pour la navigation. Ce petit train-train tranquille est brusquement interrompu par l'arrivée d'un bébé dans le prieuré voisin. Un tout petit bébé souriant et inoffensif, mais qui semble attirer l'intérêt de gens très puissants, notamment la dangereuse malveillance du Magisterium, le bras armé de l'Eglise qui fait plier l'Angleterre sous son étreinte de fer. C'est que la petite Lyra n'est pas la fille de n'importe qui, mais celle de Lord Asriel, explorateur renommé aux idées férocement anticléricales, et de Marisa Coulter, agent redoutée et efficace de l'Inquisition. le jeune Malcom a le coeur tendre et il s'attache rapidement à la fillette. Alors qu'un déluge sans précédent s'apprête à s'abattre sur l'Angleterre et que les eaux de la Tamise montent dangereusement, Malcom embarque le bébé sur son bateau « La Belle Sauvage » et débute une épopée épique.

On ne l'attendait plus mais voici que Pullman, plus de quinze ans après, nous pond la suite – ou plutôt la préquelle – de « La Croisée des Mondes » ! Excellente nouvelle pour tous ses fans, bien sûr, mais qui soulève de nombreuses questions : retrouverons-nous tous nos personnages préférés ? L'univers créé par Pullman sera-t-il toujours aussi captivant ? Et, surtout, cette nouvelle trilogie sera-t-elle à la hauteur de la précédente ? Ce premier tome ne permet pas de répondre à toutes ces questions, mais l'auteur y prend incontestablement un bon départ. Moins exotique que les derniers tomes de « La Croisée des Mondes » qui nous entraînaient à travers les cieux et les univers jusque dans les tréfonds du royaume des morts, « La Belle Sauvage » développe efficacement l'Angleterre dans laquelle grandira Lyra, un pays marqué par l'obscurantisme et dominé par une Eglise intransigeante. La magie reste pourtant très présente dans le récit, notamment dans la deuxième partie du roman, et, si Pullman fait souvent référence à la mythologie biblique, il s'inspire aussi allègrement des contes et légendes propres à Albion.

Les deux personnages principaux – trois si on compte la toute petite Lyra – sont bien typés et attachants, notamment la compagne de Malcom, Alice, une jeune fille débrouillarde et sarcastique cachant sous une attitude revêche de nombreuses fêlures. Leurs daemons respectifs n'ont, pour le moment, pas fait montre d'une grande personnalité mais cela viendra surement. A noter que si les personnages principaux sont des enfants, la caractérisation des adultes n'est pas négligée pour autant. J'ai retrouvé notamment avec beaucoup de plaisir Lord Asriel, mon gros coup de foudre de la trilogie originale, toujours ébahissant de charisme, et que nous verrons déployer en quelques pages plus de tendresse pour sa fille que pendant l'intégralité de « La Croisée des Mondes ». Faut croire que le temps et la rancoeur l'ont bien endurci…

Un rythme un peu inégal, une fin un poil précipitée et un style agréable à suivre mais pas à sauter au plafond font que j'hésite à donner à « La Belle Sauvage » la note maximale, mais elle n'en reste pas moins un très agréable moment de lecture. Reste plus qu'à attendre 2018 et l'adaptation en série télévisée de « La Croisée des Mondes » par la BBC. J'ai trop hâte !
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J'ai lu la première trilogie il y a plus de 15 ans et si j'ai quelques souvenirs, j'ai oublié le principal ! Je voulais donc la relire en commençant par ce préquel. J'ai sûrement loupé des références et des liens mais c'est pas grave, tout s'éclairerai sans doute lors de ma relecture de la trilogie. En attendant j'ai passé un bon moment avec ce tome. On y fait la connaissance d'un garçon très sympathique, Malcolm, fils de tenanciers d'une auberge, qui va faire la connaissance de Lyra alors qu'elle est un nourrisson recueilli par le prieuré voisin. Très vite, il va se retrouver à devoir la protéger de sombres individus.
J'ai adoré les personnages de Malcolm et Alice, les voir évoluer et faire face à des dangers avec un sang froid incroyable. Ils sont vraiment attachants alors que leur ennemi principal fait vraiment froid dans le dos. Seul petit étrangeté de la lecture, qui m'a fait un peu sortir du récit, c'est la rencontre avec des créatures d'un autre monde. Oui on est dans un récit imaginaire mais je ne sais pas, c'était un peu trop là. Sinon c'était une lecture fluide et prenante qui m'a fait replonger avec plaisir dans ce monde. J'ai hâte maintenant de redécouvrir A la croisée des mondes.
Challenge Mauvais genres 2022
Challenge Les aventuriers du rail 2022
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Quel délicieux bain de jouvence que cette préquelle du maître Philip Pullman. J'ai retrouvé tout ce qui fit mon bonheur, cet imaginaire classique et classieux qui donne l'impression de lire un Stevenson sous LSD ou un Mark Twain abusant de la mescaline. J'aime cette atmosphère de complot, ces mystères épiés par des enfants montés en graine, ces personnages équivoques au charme trompeur...
Hélas, l'action finit par démarrer. L'atmosphère d'étrange familiarité se dissout dans un voyage initiatique convenu. D'autant plus convenu que Pullman s'est très certainement inspiré du merveilleux film de Laughton, La Nuit du chasseur. Même errance de deux enfants et d'une poupée-trésor convoité le long d'un fleuve, poursuivis par un affreux -mais séduisant- méchant au flair sans égal.
Du coup, j'ai eu l'impression que le roman était plus un hommage au film qu'une mise en place de la Croisée des mondes. Ce qui est d'autant plus dommage que l'errance de Malcolm et Alice n'arrive pas à la cheville de celle de John et Pearl.
Mais ce serait tout de même dommage de se priver de ce tome, d'autant plus que le suivant devrait arriver pour Noël...
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Ça a été un véritable plaisir que de me retrouver à nouveau dans cet univers durant ces 560 pages, que de retrouver certains personnages et en découvrir de nouveaux. Nous sommes ici dix ans avant les événements d'À la croisée des mondes, Lyra n'a que six mois et déjà son destin fait parler. Et c'est Malcolm et Alice qui jouent le rôle principal, deux jeunes personnages, attachants, courageux et pleins de ressources.

Là encore, on sent cette oppression de la religion, cette dernière n'hésitant pas à user de propagande et de délation, à instaurer la peur pour s'imposer. Un combat Religion vs Science est mené, où complots, conspirations et espionnage sont de mise. On entend clairement la référence à notre propre Histoire, comme aussi bien le parti pris de l'auteur...

Et c'est au milieu de tout ça que Malcolm et Alice mènent leur quête, difficilement. Leur épopée est semée d'embûches et d'imprévus, mais aussi de beaucoup d'action et de rebondissements.

La plume de l'auteur est toujours aussi agréable et soignée. Si j'ai eu un peu de mal à "rentrer dedans" au début, l'intrigue devient finalement vite prenante et je n'ai pas vu le temps passer.

Un très très bon moment de lecture.
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J'aurais aimé écrire une critique uniquement en mode WOUAH, mais je sens que cette chronique va être en demi-teinte. du genre « j'ai aimé, mais… ». le premier « mais » étant que, grande admiratrice de la trilogie A la Croisée des mondes, mes attentes étaient peut-être démesurées, ce qui influe forcément sur ma réception de ce nouveau tome.

J'ai dévoré ce livre, je n'ai absolument pas eu le temps de m'ennuyer. Pourtant, je l'ai trouvé parfois inégal.
Tout d'abord, l'histoire met certain temps à démarrer. Heureusement, je n'y ai pas trop prêté attention, trop heureuse de me replonger dans ce monde à la fois merveilleux – les dæmons font toujours leur petit effet – et terrifiant. Terrifiant car la parole y est surveillée. le CDC (Conseil de Discipline Consistorial) rôde, interrogeant, déportant, assassinant, tandis que la malfaisante Ligue de Saint-Alexander incite les élèves à dénoncer ceux – parents, professeurs, élèves – qui ne vont pas dans le sens du Magisterium. La folle épopée de la quatrième de couverture n'arrive pas tout de suite, ce qui peut dérouter même si cette description d'un quotidien déjà bousculé bien qu'encore innocent soit très réussie.
Lorsque Malcom et Alice fuient avec Lyra sous le bras, la narration trouve enfin un bon rythme, celui d'un vrai récit d'aventures, celui d'un formidable voyage. Pullman jongle alors entre tension et calme, émotion et action, beauté et horreur. Toutefois, il y a une seconde baisse de rythme lorsque deux événements féeriques se succèdent. Certes, ils sont surprenants, bien trouvés, bien racontés, mais leur côté fantasmagorique ralentit le récit.

En outre, je trouve que Pullman passe un peu vite sur les différentes étapes du périple de Malcom, Alice et Lyra. Certains obstacles sont un peu trop rapidement résolus à mon goût. Pour rester floue pour éviter les spoilers, je citerai simplement le prieuré des soeurs de la Sainte Obédience. Toutes ces péripéties sont absolument entraînantes, mais il est parfois dommage qu'elles soient si rapidement expédiées.
De même, certains personnages apparaissent et disparaissent tout aussi rapidement. Mme Coulter semble là juste pour faire un caméo, la reine Tilda Vasara pour rappeler qu'il y a des sorcières dans ce monde et on dit rapidement au revoir à Mlle Carmichael qui introduit la Ligue de Saint-Alexandre dans les écoles. Sera-t-on par la suite amenée à rencontrer ces deux dernières ?

La fougueuse Lyra est ici un bébé joyeux et rieur doté d'un bébé dæmon Pantalaimon est absolument adorable. La relation entre les humains et leur dæmon est de toute façon toujours magique et émouvante, que ce soit Lyra et Pan, Malcom et Asta, ou encore Stelmaria, le dæmon de Lord Asriel, curieux envers le bébé (on découvre d'ailleurs une facette beaucoup plus tendre et aimante d'Asriel).
Probablement le personnage le mieux dépeint du récit, Malcom est un garçon touchant et intelligent : courageux et serviable, il est prêt à tout pour la petite Lyra. Curieux et observateur, il séduit tous les adultes qu'il rencontre, à commencer par l'Erudite Hannah Relf qui fait bien écho à la Mary Malone du Miroir d'ambre.
Personnage peu aimable au départ, plus difficile d'accès, Alice ressemble parfois à la Lyra du futur : si elle est bien moins sociable, elle est tout aussi débrouillarde, farouche, impulsive, fidèle à Malcom lorsqu'ils deviennent amis. J'aurais aimé que ce personnage sarcastique et probablement malmené par la vie soit davantage mis en avant (pour autre chose que changer les couches de Lyra !).
Concurrençant le singe doré de Mme Coulter, le dæmon hyène de Bonneville, persécuteur des trois enfants, est absolument glaçant par sa brutalité et sa vulgarité. On ressent bien la terreur de Malcom et Alice entendant son rire trop humain percer la nuit. Seule exception à la règle énoncée ci-dessus, sa relation avec son humain n'a pour le coup rien de magique : choquante, révoltante, malsaine, incompréhensible. A l'image de ce repoussant duo. Et pourtant, je trouve qu'une fois encore, Pullman reste à la surface des choses, il aurait pu leur offrir bien davantage de présence.
(D'ailleurs, au sujet de Mme Coulter, je n'ai pas compris les raisons de son changement de couleur de cheveux ! Dans Les Royaumes du Nord, on nous dit « C'était une jeune et jolie femme. Ses cheveux noirs soyeux encadraient son beau visage (…). » et dans La Belle Sauvage, le texte est sensiblement le même, à un détail près : « Jamais il n'avait vu une femme aussi belle : jeune, avec des cheveux dorés, un visage doux (…). » Faudrait savoir, non ?)

A ma grande surprise, La Belle Sauvage est beaucoup plus contextualisé que la trilogie A la Croisée des mondes. On savait que l'histoire se déroulait dans un monde parallèle au nôtre (notre monde qui était visible à travers le personnage de Will), à la fois semblable et différent. Mais dans ce nouveau tome, nous avons des dates et des mentions à des événements historiques – comme la « guerre de Suisse » en 1933 entre Britannia et les forces du Magisterium –, nous apprenons que le pays de Lyra se nomme Britannia et est gouverné par des rois, et enfin, nous apprenons que l'Eglise – omniprésente dans la trilogie originale – révère Jésus-Christ. Je ne suis pas certaine de l'intérêt de ces informations. J'aimais le flou de A la Croisée des Mondes : le Nord, l'Eglise… c'était imprécis, mais parfaitement suffisant. On se doutait bien que le Magisterium et l'Eglise agissait au nom d'un dieu unique et c'est à mes yeux inutile de le nommer.

Vous l'aurez compris, c'est un bilan mitigé que je pose sur ce premier tome au rythme chaotique et aux personnages parfois superficiels. Il n'en reste pas moins une très bonne lecture au cours de laquelle j'ai retrouvé l'écriture riche, précise et poétique de Philip Pullman ainsi que les thématiques sombres et complexes de la trilogie A la Croisée des mondes. Ce livre peut se lire indépendamment de la trilogie originale, mais je vous la conseille cependant mille fois car elle reste, sans le moindre doute, indétrônée dans mon coeur.
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