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Critique de florencem


Ce tome trois des aventures de Sally Lockhart est à mon sens assez différent des deux précédents, dans la mesure où les sujets traités n'ont plus vraiment la même connotation. Nous ne sommes plus seulement dans un roman d'aventures et d'intrigues, mais plus dans un roman où la transformation de la société prend une place prépondérante. L'indépendance de Sally, déjà présente dans les deux premiers tomes, était déjà en soi, un élément clé de l'histoire. Philip Pullman ose et bouscule la société anglaise du dix-neuvième siècle. J'avais aimé cet aspect-là. Déjà parce que Sally était, de ce fait, plus proche d'une lectrice de notre époque, et qu'en plus cela lui donnait une force et un charisme particulier. Mais le fait aussi que son côté marginal pour l'époque la pousse à se surpasser était un plus indéniable.

Dans ce tome trois, Sally est confrontée à bien d'autres réalités : la pauvreté, l'exploitation des ouvriers, la misère, la maladie, la soif de profit, la corruption, la déchéance, le racisme... J'ai trouvé ce tome beaucoup plus "politique" pour le coup. Et en un sens, cette dimension-là a changé la donne. Il y avait beaucoup plus de réflexions par rapport à tout cela, une description de la vie des Londoniens à cette époque avec plus de réalisme, le contexte était différent, le sentiment se dégageant du roman aussi. Pourtant, Philip Pullman a su garder le côté aventureux de ses précédentes histoires. Il commence d'ailleurs très fort ce troisième tome.

Dès les premières pages, Sally se retrouve face à un complot qui m'a particulièrement agacée. J'ai une sainte horreur de sentir un héros que j'affectionne se trouver dans une situation plus qu'injuste et malhonnête. Dès le départ, on ressent un sentiment d'impuissance totale. Puis le dégoût. Un total inconnu demande le divorce à Sally (alors qu'elle n'a jamais été mariée, cela va s'en dire) et lui réclame la garde d'Harriet, sa fille et celle de notre regretté Frédérik. Mais cela va encore plus loin, on accuse l'héroïne de maltraitance, d’alcoolisme, de médisance, d'avoir quitter le foyer conjugal... Et autant vous dire qu'à l'époque, les femmes mariées n'avaient aucun droit et de telles accusations étaient impossibles à contredire, les femmes n'étant que des objets de décoration... L'avocat de Sally n'arrange rien à la situation. Il est incompétent, mesquin et a une piètre opinion de Sally. Bref, le lecteur est plongé dans une mélasse qui semble être impossible à vaincre. On imagine que les choses vont s'arranger mais... on doute de plus en plus.

Jim et Webster sont bien entendu absents, ce qui donne un plus à l'ampleur de la machination, mais les deux personnages m'ont cruellement manqué. Cependant, le fait que Sally se retrouve sans ses deux amis, nous donne la possibilité de rencontrer et de connaître plus de personnages. En un sens, c'était vraiment intéressant, car on rencontre des gens que Sally connaissait déjà, mais aussi des inconnus, et cela fait sortir notre héroïne de sa zone de confort. Elle prend conscience aussi de beaucoup de choses, et change peu à peu sa vision de la vie. C'est le tome du changement, et même si certaines choses sont un peu idéalisées, c'est une bonne chose.

Le tome, bien entendu, est aussi une course poursuite à la recherche de la vérité concernant toute cette machination. Sally ne se laisse pas faire, et malgré tous les obstacles qui se dressent devant elle, elle cherchent et essayent de comprendre. L'imbrication de son malheur et de ceux des autres est bien agencée, on arrive assez rapidement à découvrir qui est derrière tout cela mais l'enquête en elle-même est pleine de rebondissements. C'est palpitant. D'autant plus que j'ai trouvé qu'il y avait de nombreuses collaborations dans ce tome. J'adore cela, je trouve qu'une dynamique particulière s'instaure alors et que des événements qu'on ne croyait pas possibles, finissent pas se produire.

On ne s'ennuie pas une seule seconde, et les derniers chapitres du roman sont addictifs. Ils relâchent une certaine pression qui nous permet d'apprécier encore plus la fin. Je dirais même que les derniers mots de Harriet étaient juste parfaits ! J'ai donc hâte de poursuivre l'aventure avec notre jeune héroïne dans le dernier tome de la saga.
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