Hugh Glass était un trappeur Américain oeuvrant au début du dix-neuvième siècle. Il est resté célèbre pour avoir survécu à une attaque de grizzly et avoir effectué, seul et blessé, un périple de plusieurs centaines de kilomètres dans l'Ouest Américain.
Michael Punke s'est donc inspiré de cette épopée pour nous livrer un roman prometteur.
En tout cas, tous les ingrédients d'une aventure passionnante étaient réunis et la quatrième de couverture plutôt alléchante.
Pourquoi alors ai-je été à ce point déçue ?
Même s'il existe peu d'écrits relatant l'histoire de ce héros peu ordinaire et que les historiens ont du mal à se mettre d'accord sur quelques points de détail,
Michael Punke et son imagination avaient là matière à nous transporter, nous émouvoir et nous dépeindre une époque.
Or, son imagination, à mon sens, lui a joué certains tours.
Car côté extrapolations, ma foi, on a été servi. Les blessures décrites résultant de l'attaque du grizzly, si elles ne manquent pas de réalisme, me semblent être bien trop graves pour espérer une guérison. Et plus encore pour permettre un périple tel que celui effectué par notre héros. Mais, pourquoi pas ?
Après tout, l'homme était habité par un tel désir de vengeance ! Peut-être que, effectivement, ça aurait pu l'amener à dépasser la douleur, à lui insuffler une énergie capable de juguler les infections inévitables liées à la nature de ses blessures et surtout au manque de soins qui leur furent apporté.
Mais justement, cette vengeance qui est bien l'un des principaux sujets du roman, aurait mérité un traitement en profondeur. Ça n'est pas le cas. On survole la chose avec quelques réflexions intérieures parsemées ici ou là mais on reste en surface. Elle fut pourtant le moteur de notre héros et j'aurais aimé en explorer les tours et détours, en savourer la violence qui permit à Hugh Glass de se dépasser et d'atteindre son but.
Il en est de même pour tous les sentiments animant les différents personnages. Un traitement superficiel qui empêche l'empathie ou même la sympathie, et plus encore la projection,l'identification.
Hugh Glass donc était trappeur. Une activité répandue à cette époque et là encore j'aurais aimé un peu plus de détails sur cette économie importante dans l'Ouest Américain de ce début de siècle. Sur le mode de vie de ces hommes qui servaient le commerce des peaux, risquaient leur vie, apprenaient un pays, une région.
Et donc encore, dans cet Ouest Américain on rencontre des Indiens. Des Arikaras, sanguinaires, cannibales et prompts à la torture. D'accord, je ne conteste rien de tout ça qui était une réalité de l'époque. Je déplore pourtant que
Michael Punke ne se soit pas autant attardé sur le séjour de Hugh Glass chez les Pawnees, Indiens bien moins belliqueux dont le héros apprend nombre de choses qui lui furent utiles durant son voyage.
Cette "omission" n'est, je pense, pas volontaire. Mais ne contribue-t-elle pas à répandre le cliché du "méchant Indien", du sauvage, et n'est-elle pas dommageable pour les nombreuses tribus qui, à la même époque, ne cherchaient que la paix ? Là, j'avoue, j'ai quelque peu serré
les dents.... Mais bon, le sujet, pour moi, est sensible.
Alors donc, nous voici plongés au coeur de l'Ouest Américain, avec un homme blessé, animé d'un désir de vengeance tel qu'il lui donne assez de force et de courage pour venir à bout de tous les dangers, tous les obstacles, toutes les blessures.... Soit...
Il traverse des paysages grandioses, des tableaux naturels dignes d'inspirer le plus humble d'entre nous. Alors, nous étions en droit d'attendre quelques envolées d'écriture, quelques descriptions émouvantes, quelques peintures magistrales propres à réveiller en nous la soif d'explorer, de découvrir et plus encore, d'imaginer. Là encore, je fus déçue...
L'écriture, sans être ennuyeuse ni rébarbative reste classique et peu propice au voyage.
Voila, j'ai été bien embêtée pour écrire cette chronique car en général, je préfère parler de ce que j'ai aimé. Parce ça me donne plus d'inspiration mais aussi parce que je renâcle toujours à descendre le travail d'un auteur dont je ne connais pas forcément l'implication dans son oeuvre. Ni surtout la dose de sincérité qui l'a animé.
Mais "Masse critique" oblige, là, je ne pouvais pas y couper... Et j'ai décidé après de longues tergiversations d'être honnête et sincère.
Je ne remets toutefois pas en cause ces mêmes honnêteté et sincérité qui ont pu habiter l'auteur. Mais je suis trop restée sur ma faim pour arriver à passer outre ce qui hors "Masse critique" aurait été pour moi rédhibitoire et m'aurait poussée à stopper ma lecture.
Il reste quand même que, pour un néophyte, ne connaissant rien ni de l'Ouest Américain, ni de l'histoire Amérindienne, ni du nature writting, et n'ayant aucune connaissance médicale, ce roman, pure aventure, peut être un bon récit d'initiation à toutes ces choses. Et donner envie de découvrir d'autres auteurs plus aguerris et aptes à faire aimer le genre...
Pour ma part, ce livre a quand même su éveiller ma curiosité et mon envie de découvrir Hugh Glass à travers d'autres oeuvres existantes. Et malgré cet avis peu flatteur, je reconnais à
Michael Punke, un certain talent pour conter l'aventure.
Un grand merci à Babelio et aux
Presses de la Cité pour cette découverte.