Il y a maintenant pas mal de temps j'étais une lectrice assidue de
Mad Movies. Si, depuis, je n'achète plus le magazine que très rarement, cette revue garde pour moi une saveur particulière. Je ne la lis plus pour plusieurs raisons. D'abord, le cinéma actuel ne m'intéresse pas. Vous avez le droit de penser que je suis une vieille conne mais c'est comme ça, en gros je ne visionne que très rarement des films sortis après 2000. Peut-être que je loupe des nouveaux trucs super mais ça laisse du temps pour voir des anciens trucs super. Je ne sais plus qui a dit quelque chose comme « le problème avec les nouveaux films c'est qu'ils empêchent de voir les anciens », et bien je trouve qu'il a fichtrement raison. Ne pas s'intéresser aux films qui sortent amoindrit donc l'intérêt de la lecture d'un magazine principalement consacré à l'actualité cinéma, même s'il y a parfois des dossiers et articles intéressants sortant justement de cette actualité. Et puis, comme tout magazine, la rédaction a évolué au fil des ans et c'est bien normal mais disons que je ne me retrouve pas vraiment dans la revue telle qu'elle est aujourd'hui. Mais
Mad Movies gardera à jamais mon affection, ce magazine m'a accompagné dans ma cinéphilie, m'a permis des super découvertes. J'ai notamment apprécié la période aux alentours du début des années 2000, période où sont parus des hors-série particulièrement intéressants et enrichissants (inoubliable hors-série sur l'âge d'or du bis italien ! ). Il y avait des rédacteurs comme
Rafik Djoumi,
Yannick Dahan,
Julien Sévéon et d'autres qui, même si je ne tombais pas toujours d'accord avec leurs avis, savaient communiquer leur passion et avaient plein de références à transmettre au lectorat de la revue. de vrais bons passeurs. Mais le meilleur des meilleurs, l'âme de
Mad Movies c'est indéniablement
Jean-Pierre Putters. Il y avait une patte JPP que, tout intéressants qu'ils soient, les Djoumi, Dahan et consorts n'ont jamais pu égaler.
Ce ton inimitable on le retrouve dans « Ze craignos monsters ». C'est bourré de calembours et de bons mots, le livre est très drôle. Putters se moque avec bienveillance de ces films peuplés de monstres en plastique aux looks improbables. Si je parle de bienveillance, c'est parce qu'on sent bien que l'auteur, en plus de l'amusement, éprouve une immense tendresse pour ces films. Ces sentiments, il parvient très bien à les faire passer au lecteur à travers des portraits de personnalités du cinéma de genre (certaines très connues comme
Roger Corman,
William Castle ou Jack Arnold, d'autres moins) et surtout dans les pages qui reprennent la rubrique « ze craignos monsters » qui paraissait dans la revue. Ces courtes chroniques de films sont vraiment drôles, ont un ton très frais, léger et décalé.
Le seul truc qui m'a gênée dans ma lecture, c'est que j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque et que ce n'est pas le genre d'ouvrage qui se prête à une lecture à date limite. C'est le type de bouquin qu'on savoure beaucoup mieux en picorant de ci de là sans être contraint par une durée. S'enchaîner tout le bouquin d'une traite finit par paraître indigeste. Et ce n'est pas rendre justice à ce livre que de le lire dans de telles conditions. J'aimerais bien l'acheter, ou plutôt le racheter (il y a quelques années, je l'avais en PAL et je l'ai connement revendu, histoire de faire de la place, idiote que je suis ! ) mais le bouquin étant épuisé, il est devenu assez cher. Je pense que je finirai bien par débourser les quelques 50 euros qu'il coûte en général maintenant.
J'ai donc passé un moment assez délicieux avec « ze craignos monsters » qui me conforte dans l'idée que je préfère mille fois les effets spéciaux faits à base de caoutchouc, d'huile de coude et de créativité aux effets spéciaux modernes qui doivent tout à la technologie et qui manquent, à mon goût, singulièrement d'âme. le King Kong de 1933 de Cooper et Shoedsack, je le trouve finalement plus beau que celui de 2005 de
Peter Jackson, qui est pourtant un réalisateur de talent. La grosse peluche de 1933, si elle est moins crédible que celle de 2005, me met plus d'étoiles dans les yeux. Alors que devant le magnifique gorille ultra-réaliste numérisé de Jackson je me dis juste « ouais, il est très beau », devant la grosse peluche de Cooper et Shoedsack je redeviens une gamine. Et ça c'est imbattable.