Une relecture de ce petit recueil de nouvelles de
Barbara Pym m'a remis en mémoire le grand talent de l'auteure comme novelliste !
Ces trois nouvelles se situent dans les heures sombres des préparatifs du Royaume-Uni à la deuxième guerre mondiale ainsi qu'au début de la guerre. Je ne parlerai que des deux premières, les plus réussies selon moi.
La nouvelle éponyme qui ouvre ce recueil est racontée par Cassandra, une vieille fille pas très futée, dont les principales occupations sont de fleurir l'église et de confectionner des sandwichs pour les soldats. Quand son amie Harriet qui travaille au Foreign Office disparaît en lui laissant un mystérieux message, Cassandra se trouve entraînée malgré elle dans une histoire d'espionnage qui se présente comme l'Aventure de sa vie. C'est très drôle car on la voit se mettre dans des situations ridicules ou dangereuses sans jamais rien y comprendre.
La deuxième nouvelle intitulée "Roman du front intérieur" débute fin août 1939, juste avant l'invasion de la Pologne par l'Allemagne. Les héroïnes de cette nouvelle sont déjà largement mobilisées pour contribuer à la Défense Passive ou pour s'enrôler à la Croix-Rouge. Elles apprennent à confectionner des bandages pour les blessés, cousent des rideaux noirs pour le couvre-feu ou tricotent des chandails pour les troupes. Les pancartes des routes ont été retirées afin de perturber l'Ennemi, les pelouses et parterres de fleurs sont transformés en potagers et l'on recense les foyers qui pourront accueillir les millions d'enfants à évacuer des grandes villes. Dans cette atmosphère fébrile, inquiète, les personnages de
Barbara Pym évoluent avec grâce, frivolité, détachement ou vanité.
Certaines femmes s'ennuient tant dans leurs activités domestiques que l'imminence de la guerre leur semble presque être une bonne nouvelle, d'autres y voient l'occasion d'exercer à bon escient leur science de l'organisation un tantinet tyrannique ou de s'émanciper en échappant à la lourde charge d'une mère invalide. Une autre encore se ravit que la guerre les aient rendus économes. Enfin, la guerre ne détruit pas les espoirs de romance qui résident dans le coeur des jeunes filles pour le vicaire ou pour le notable du quartier. Bref, malgré la guerre, malgré le rationnement, les privations et le Blitz, la vie continue...
Avec cette longue nouvelle,
Barbara Pym se moque tendrement de ses personnages et nous livre avec beaucoup d'humour un petit bijou qui allie gravité et légèreté et condense toutes les faiblesses et vertus de l'être humain.
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