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Christophe Claro (Traducteur)
EAN : 9782020950046
1206 pages
Seuil (01/09/2008)
3.87/5   69 notes
Résumé :
Contre-jour est un roman foisonnant, multiple, plein de rebondissements, qui couvre la période située entre 1893, à Chicago, et le début des années 1920, à Paris. L’auteur y évoque les luttes anarchistes dans l’Ouest américain, décrit le New York du tournant du siècle, et nous entraîne aussi en Europe, en Asie, dans le Mexique de la révolution, ainsi que dans « un ou deux endroits qui ne sont pas à proprement parler sur la carte du monde ». Une multitude de personna... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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A roman fleuve, courte critique : just jump !

Bien sûr, on n'y comprend rien, bien sûr il y a trop de personnages, trop de péripéties, trop de décors, trop de mots, trop de non-dits… mais comme dans la vie !
C'est une urgence, avant que l'ennui n'ait raison de nous : il faut plonger dans cette rivière si froide et si chaude, si transparente et si boueuse, si calme et si impétueuse, si longue et pourtant déjà arrivée à la mer : à nous de devenir des bateaux ivres, enfin !

Que vous n'en lisiez que 50 pages par ci par là ou trois fois de suite les 1200 que compte ce pavé dans la mare, que vous ayez envie d'embrasser Thomas avec la langue après ça, ou de le gifler avec des bagues rouillées à chaque doigt, une seule chose ne serait pas de l'ordre du raisonnable : que vous ne vous y frottiez pas, pour voir ! Tour à tour ironique, tendre, savant, époustouflant, sincère, politique, mystique, clair, obscur, poétique, délirant, explosif, lyrique, contemplatif, émouvant, horripilant, il n'y a bien qu'une corde que ce salaud de Pynchon n'aie pas à son arc : celle de la nonchalance blasée. Quel que soit le combat, semble crier sotto voce tous les fils tressés ici, l'important est de se battre, puisque de toute façon nous ne pouvons pas gagner. Au moins nous serons mort le poing levé !
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Contre-jour est une fresque de Thomas PYNCHON. Celle-ci se veut une représentation du quart de siècle courant de l'exposition universelle de 1893 à Chicago au lendemain de la première guerre mondiale à Paris. Entre-temps bon nombre de pays auront été visités à travers le monde, le lecteur accompagnant une multitude de personnages, tous liés de près ou de loin par la famille Traverse qui sert de fil rouge à un récit fort complexe.
Car la volonté de Thomas PYNCHON est de montrer comment le monde se transforme radicalement entre le XIXème et le XXème siècle, comment la révolution industrielle s'achève par l'avènement du capitalisme moderne, progrès technologiques et excès en tous genres allant désormais de concert. C'est à l'image de ces cows-boys désoeuvrés qui ne peuvent plus courir après la fameuse « frontière », celle-ci n'existant plus ; dès lors ils ne peuvent guère que se reconvertir en hommes de mains de riches industriels peu regardant sur les méthodes pour assoir leur pouvoir. Ces entrepreneurs semblent d'ailleurs galvauder tout ce à quoi ils touchent, ayant notamment décidés qu'ils n'avaient plus besoin de l'alchimie, leur suffisant désormais « de prendre la sueur des pauvres, la changer en biffetons et garder le plomb pour assurer l'ordre ». Tout cela est évoqué par le biais d'une galerie de portraits, chacun étant acteur plus ou moins impuissant d'une Histoire en marche, l'apogée étant atteint avec la Première Guerre mondiale qui marque à jamais les esprits.
Les références historiques sont nombreuses. Toutefois Thomas PYNCHON n'est guère pédagogue et part du principe que son lecteur est au fait des évènements qui ont fait l'Histoire. Il en est par exemple ainsi de la révolution mexicaine ou encore des guerres balkaniques. de plus, sa prose est extrêmement riche de par son vocabulaire, et de par sa structure, la multiplicité de ses personnages, et la longueur de ses phrases, rendant indispensable une attention de tous les instants pour bien saisir le sens de toutes les situations. En outre, l'auteur mélange son érudition avec une bonne dose d'absurde, le tout dans un melting pot de genres allant du western au fantastique, en passant par l'espionnage. S'il en est encore besoin, précisons tout simplement que Contre-jour est une oeuvre particulièrement baroque.
Qu'il y adhère ou non dans son intégralité, chaque lecteur sera très probablement subjugué par la force de certaines scènes. Il ne s'agit pas tant d'une force émotionnelle liée à l'intimité de quelques personnages que de celle qui est associée à la tragédie humaine dans son ensemble. Celle-ci, placée dans le contexte du début du XXème siècle, est parfaitement représentative d'un monde qui naît dans la douleur la plus cruelle et continue aujourd'hui d'en assumer les conséquences.
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L'action débute au moment de l'Exposition Universelle à Chicago en 1893 et s'achève au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Elle démarre dans le Grand Ouest américain par des histoires d'anarchistes poseurs de bombes, se poursuit du côté de Venise au tournant du siècle puis se déplace au Mexique en proie à la Révolution et finit par se perdre dans l'Orient lointain… Un ploutocrate richissime, Scarsdale Vibe, fait exécuter Webb, un mineur anarcho-syndicaliste. Les enfants de celui-ci n'auront de cesse de vouloir le venger. Autour de ce noyau central, gravite une foule de personnages bariolés et plus ou moins intéressants et s'imbriquent en arborescence totalement loufoque et désordonnée une multitude d'histoires n'ayant pas forcément grand-chose à voir les unes avec les autres. Veillant sur ce petit monde depuis leur ballon dirigeable, les Casse Cou, joyeux aéronautes dignes du Club des Cinq, suivent ces péripéties à la manière d'anges gardiens un peu snobs.
Cette fresque ambitieuse et déjantée relève de quasiment tous les genres : le roman historique, fantastique, humoristique, picaresque, d'espionnage, d'aventure, le western, etc… C'est un pur OLNI : objet littéraire non identifiable. Pynchon prend un malin plaisir à perdre son lecteur dans un labyrinthe d'historiettes innombrables, lui fait rencontrer une foule de personnages plus ou moins importants ou récurrents. A la longue, cette absence de fil directeur devient un peu lassante, mais possède néanmoins un avantage. On peut abandonner la lecture n'importe où, la reprendre ailleurs, sauter les descriptions, lire en diagonale et même repartir en arrière, vu que les histoires sont sans suite et souvent sans lien et que les personnages entrent, sortent, disparaissent à jamais ou reviennent quand on ne les attend plus. Cette épopée déjantée aurait pu relever du chef d'oeuvre si elle avait été bien écrite et bien traduite. Mais il ne semble pas que ce soit le cas.
Juste un énorme pavé (1207 pages) décevant, épuisant et indigeste…
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Je suis incapable de vous résumer le livre, ce qui pourrait être une bonne chose, sauf que je ne me rappel pas de la moitié des personnages ou évènements de l'intrigue.
L'un des rares livres que j'ai acheté à cause, ou grâce, à une critique presse, celle du Monde. Qualifié de rare et monumentale, je pensais tenir l'oeuvre qui me marquerait à vie. Depuis 2008 pourtant, il traîne dans ma pile à lire, mainte fois commencé, ce pavé de plus de 1200 pages m'a achevé avant que je lui fasse, enfin, subir le même sort.

Voilà donc un roman que je n'ai pas aimé mais pour lequel je trouve peu de défaut. L'univers est vaste, les personnages complets et diversifiés, un mélange de fresque familiale, de fantastique dans une ambiance travaillée avec une grande ingéniosité.
L'ensemble m'a semblé cohérent, ce qui pour un roman aussi vaste relève du talent, bien que je regrette de ne pas avoir fait de petites fiches.

Si l'oeuvre est grande, elle l'est peut-être un peu trop pour moi.
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Livre fleuve, protéiforme que j'ai abordé, comme les autres romans de Pynchon, avec humilité et gourmandise.
Je me suis arrêté à la page 450 en Octobre 2009.
Après avoir lu Underworld USA d'Ellroy, je me sens d'attaque pour reprendre l'ascension.
En y réfléchissant, la lecture du Seigneur des Anneaux fut un grand moment, très longtemps avant la trilogie cinématographique.
Adapté Pynchon au cinéma serait un défi intéressant et...foisonnant.
J'en reparle, une fois arrivé au sommet
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Webb fut bientôt fiché, même si on se demande bien quel danger il pouvait représenter à première vue. Un simple membre de la Fédération des Mineurs de l'Ouest - mais peut-être que ces fumiers d'anarchistes cachaient bien leur jeu. Peut-être conspirait-il en secret. Serments nocturnes, encre invisible. Ne serait ni le premier ni le seul. Et il semblait se déplacer beaucoup, un peu trop pour un type casé, non? Et puis il avait toujours de l'argent, pas beaucoup, mais plus qu'on pourrait s'y attendre chez quelqu'un qui perçoit un salaire de mineur. .. Un bon travailleur, pas le genre à se faire virer à tout bout de champ, non, c'était lui qui partait, il allait de campement en campement et finissait toujours, on ne sait comment, par causer des ennuis. Bon, pas toujours. Mais à partir de combien de fois la coïncidence cessait-elle d'en être une pour former un motif?
Ils se mirent donc à fouiner. Juste des détails. Consultèrent les chefs de chantier. Le convoquèrent au bureau en vue d'interrogatoire. Des humiliations régulières à propos de berlines insuffisamment chargées ou d'horaires pas respectés. Indésirable dans les saloons, ardoises brutalement interrompues. Affectations aux parois et aux tunnels les moins avenants, voire dangereux. Les gosses en grandissant, virent Webb se faire virer de plus en plus souvent, ils étaient même parfois avec lui, surtout Frank, quand ça se produisait. Ce dernier lui ramassait son chapeau, l'aidait à se relever. Tant qu'il avait un public, Webb s'efforçait de tourner la chose en pantalonnade.
"Pourquoi ils font ça, Papa?"
"Oh... ça doit avoir des vertus éducatives. Vous avez tenu le compte comme je vous l'ai demandé, sur ceux qui s'y collent?"
"Les commerces, les saloons, les restaurants, surtout."
"Des noms, des visages?" Et ils lui disaient ce qu'ils pouvaient se rappeler. "Et vous avez remarqué qu'il y en a qui inventent des excuses fantaisistes, et d'autres qui disent juste "Dégage de là"?"
"Ouais mais -"
"Bien cela mérite toute notre attention, les enfants. Divers degrés d'hypocrisie, hein.Comme d'apprendre à reconnaître les différentes sortes de plantes vénéneuses qui poussent ici, y en a qui déciment le bétail, d'autres capables de vous tuer, mais si vous les utilisez comme il faut, croyez-moi ou pas, elle vous guériront. Y a rien de végétal ou d'humain qui ait pas quelque utilité, c'est tout ce que je dis. Sauf les patrons de mine, peut-être, et leurs saletés de sbires."
Il essayait de transmettre ce qu'ils devaient savoir selon lui, quand il avait une minute, même si le temps manquait toujours. "Tenez. La chose la précieuse que je possède." Il sortit sa carte de syndicaliste de son portefeuille et la leur montra à tour de rôle. "Ces mots écrits ici" - montrant le slogan au verso de la carte - "disent tout ce qu'il y a à savoir, vous ne les entendrez pas à l'école, vous aurez droit à l'Adresse à Gettysburg, la Déclaration d'Indépendance, tout ça, mais si vous ne devez apprendre rien d'autre, alors apprenez ces mots par coeur, ce qu'il y a marqué là: "Le travail est source de toutes les richesses. Par conséquent les richesses appartiennent à ceux qui travaillent." Du parler vrai. Pas du boniment comme celui des rupins, parce qu'avec eux ce qu'il faut entendre c'est toujours le contraire de ce qu'ils disent. "Liberté"? Alors ça veut dire qu'il est temps de surveiller ses arrières - dès qu'ils se mettent à vous parler de votre liberté, vous pouvez être sûrs que les grilles viennent de se refermer et que le contremaître va vous regarder d'une drôle de façon. "Réforme"? Encore de nouveaux graoins à la mangeoire. "Compassion"? ça veut dire que la population des crève-la-faim, des sans-abri et des morts va encore augmenter. Et ainsi de suite. Ma foi on pourrait écrire tout un manuel de conversation rien qu'avec ce que les républicains ont à dire."
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Était-ce dû au manque de sommeil, au pur soulagement d'être loin de Jeshimon? Reef sentait une nouvelle présence au fond de lui, qui grandissait, enflait - enceint de ce qu'il devait devenir, il quittait de temps en temps la piste pour allumer un ou deux bâtons, prélevés dans la caisse de dynamite dont il avait délesté la cartoucherie d'une mine. Chaque explosion était semblable au texte d'un sermon, prêché d'une voix tonitruante par quelque prophète du désert, anonyme mais implacable, qui venait de plus en plus veiller sur ses pensées. Il se retournait parfois dans un grincement de selle, comme s'il cherchait l'approbation ou un éclaircissement dans les yeux vides ou le rictus de ce qui serait bientôt la mâchoire squelettique de son père. "Je m'échauffe juste", dit-il à Webb. "Je m'exprime." À Jeshimon, il avait cru qu'il ne tiendrait pas le coup, mais à chaque explosion, après des nuits passées dans sa couverture avec le cadavre nauséabond et délicatement déposé sur le sol à ses côtés, il trouva que c'était de plus en plus facile, c'était quelque chose qu'il attendait pendant toute l'alcaline journée, davantage de conversations qu'il n'en avait jamais eu avec Webb de son vivant, accompagnées par les sifflements des fantômes d'Aztlán, un passage obligé par l'austérité et la discipline, comme si le changement de statut de Webb était contagieux en ce monde-ci...
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On trouvait ici des Waziris venus du Waziristan qui s'enseignaient entre eux diverses méthodes pour assaillir le chaland, en lequel ils voyaient dans ce pays une source principale de revenus... des Indiens Tamahumaras du nord du Mexique étaient accroupis, visiblement nus, dans des répliques en lattes et enduites de plâtre des grottes de leur Sierra Madre natale, feignant de manger des cactus hallucinogènes qui les jetaient dans des convulsions spectaculaires fort peu différentes du geek commun, que connaissaient depuis longtemps les Américains amateurs de foires...
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Deuce et Sloat partageaient un logement à la ferme de Curly Dee, dans la vallée, où Curly et sa femme possédaient une sorte de ranch routier pour fugitifs, journaliers, menaces envers la société, et différents cas d'idiotie morale - une sordide bicoque, trop petite, qui s'affaissait entre ses poteaux, et dont le toit aurait tout aussi bien pu être un grillage, vu son utilité en cas de tempête.
"Et si on allait en ville se dégoter des pisseuses, on les ramène ici -"
"On n'emmène pas des femmes dans un endroit pareil, Sloat, ça les mettrait dans tous leurs états, tout ce qu'elles verraient c'est le jus de chique, les rats, les reliefs de repas, ça leur gâterait l'appétit."
"Tu l'aimes pas cette pièce?"
"ça une pièce? C'est même pas une stalle."
"J'aurais pas cru que tu virerais domestique, tout ça."
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Lors d'un de leurs derniers jours dans la prairie, alors que le vent soufflait dans les sorghos penchés, son père dit: "Voilà ton or, Dahlia, le vrai de vrai." Comme d'habitude, elle lui jeta un regard inquisiteur, sachant alors à peu près ce qu'était un alchimiste, et qu'aucun membre de cette évasive confrérie ne parlait jamais sans détour - leurs mots signifiaient toujours autre chose, parfois même parce que cette "autre chose" était bel et bien hors d'atteinte des mots, un peu comme les âmes défuntes sont hors d'atteinte du monde.
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Vidéo de Thomas Pynchon
À l'occasion de l'annonce du Grand prix de littérature américaine et des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, le Book Club s'intéresse aux livres qui nous aident à comprendre l'Amérique d'aujourd'hui. Pour en parler, nous recevons Francis Geffard, éditeur chez Albin Michel et créateur du Grand prix de littérature américaine ainsi que Nicolas Richard, auteur et traducteur. Il a notamment traduit Hunter S. Thompson, Thomas Pynchon, Woody Allen, James Crumley, Stephen Dixon ou encore Quentin Tarantino.
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