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La « Cité de la Poussière Rouge » est un quartier en plein coeur de Shanghai, où les maisons de briques, très petites et modestes, sont alignées et donnent sur de petites cours intérieures. Tout le monde se retrouve dans les ruelles le soir pour faire la cuisine, boire le thé, et commenter les faits et gestes des habitants.
Né en 1953 à Shanghaï, exilé depuis 1989 aux Etats-Unis, Qiu Xiaolong s'est vu interdit de cours pendant plusieurs années parce que son père, propriétaire d'une petite entreprise, était considéré pendant la révolution culturelle comme un « droitier contre-révolutionnaire ».
Le livre se compose de 24 courts récits, correspondant chacun à une année, qui ont été publiés par « le Monde » en été 2008. Les nouvelles commencent en 1949, avec l'arrivée au pouvoir des communistes, et se terminent en 2005, avec l'ouverture de l'économie vers l'extérieur. Pour chaque année, la nouvelle est précédée d'un court « Bulletin d'information de la Poussière Rouge » résumant en quelques lignes la situation politique et économique de la Chine pour l'année concernée.
Qiu Xiaolong raconte les événements vus et vécus par les habitants de son quartier et le lecteur comprend ainsi l'évolution de la Chine et se remémore les errances idéologiques de la « grande révolution culturelle » et de la lutte des classes. Les divers personnages, les différentes scènes, sont décrits avec poésie et humour grâce à Qiu Xialong qui ouvre une belle et étonnante fenêtre sur son pays d'origine.
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J'ai bien aimé ce recueil de vingt-quatre nouvelles se déroulant de 1949 à 2008 , Cité de la Poussière Rouge, un quartier de Shanghai où l'auteur a grandi. Les maisons traditionnelles qui datent de la concession française regroupent plusieurs familles avec une cuisine commune et une cour où les résidents se retrouvent le soir pour manger, jouer aux échecs et se raconter des histoires. Comme Vieille Racine le faisait sur le tableau noir à l'entrée de la Cité, chaque nouvelle débute par le bulletin d'informations officielles du Parti communiste. Il est suivi par le récit du destin d'un habitant de la cité.

Le recueil est très instructif sur l'histoire de la Chine depuis 1949. Les préambules permettent de se remémorer les périodes politiques depuis la prise de pouvoir de Mao jusqu'à la période actuelle. Mais il s'agit surtout de montrer les conséquences de ces programmes étatiques sur les petites gens ordinaires. Certaines nouvelles sont cocasses, d'autres sont de véritables drames. le destin de Bai, partie comme infirmière volontaire à la guerre en Corée est très émouvant. Passée pour morte, sa famille est hissée au rang de famille de martyrs de la Révolution. Une fleur en papier rouge est accrochée à leur porte. Et puis Bai revient. Consternation. Son retour inexpliqué du camp de prisonniers américains est réputé peu fiable par le Comité de quartier. La fleur disparaît, son sourire aussi. de méchantes rumeurs parcourent la cité...Les histoires se déroulant pendant la révolution culturelle sont marquantes également. Vieux Fang le Bossu vient hurler dans son mégaphone des insultes devant les maisons visées par le Comité. On stigmatise alors les gens instruits appartenant à l'ancienne classe dominante, les anciens petits commerçants ou les étudiants récalcitrants aux travaux agricoles... On ne choisit plus non plus son métier. On trouve alors des talents artistiques chez d'humbles ouvriers. Ainsi Bao qui aurait voulu être cuisinier compose un poème sur le tofu qui fait de lui une star. La révolution culturelle passera, sa poésie sera oubliée, son usine d'état périclitera avec sa retraite mais Bao, qui a de la ressource saura rebondir. Certains Chinois s'adaptent aux différents changements de cap, d'autres non. le vieux Kang est resté fidèle à son idéal malgré toutes les horreurs qu'il a vécues. Il ne comprend pas que son fils s'enrichisse sur le dos des ouvriers en devenant un de ces Messieurs Gros-sous qu'il honnit. Quand il apprend que son fils a racheté son usine, il s'effondre littéralement...
Je lirai avec intérêt la suite ( Des nouvelles de la Poussière Rouge).
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C'est un recueil de nouvelles, chacune témoignant d'une anecdote qui semble authentiquement vécue. Toutes se passent dans la Cité de la Poussière Rouge, un quartier de Shanghai dont on suit l'évolution de1949 à 2008. Les nouvelles sont classées par ordre chronologique avec en exergue un rappel de la politique en vigueur à l'époque en Chine. C'est donc une rétrospective de l'évolution de la Chine depuis l'avènement de la république populaire de Chine (1949) jusqu'à a politique d'économie socialiste de marché actuelle (mise en place en 1978) en passant par la révolution culturelle (1966-1976) et les manifestations de la place Tian'anmen (1989)… Ne serait-ce que de ce point de vue historique, le recueil est intéressant : on y assiste, en particulier, aux revirements de situations personnelles des habitants du quartier selon ceux de la politique nationale. Ce livre est cependant intéressant, selon moi, d'un autre point de vue: celui de la littérature. Son écriture, loin des façons occidentales auxquelles je suis habituée, m'a semblé transmettre un peu des valeurs esthétiques et de la pensée chinoises qui, en dépit des bouleversements politiques et économiques du pays, reste ancrée dans les traditions d'une finesse toute orientale qui, malheureusement, souvent nous échappe à nous occidentaux.
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J'ai bien aimé ce voyage en Chine ou plutôt dans un quartier de Shanghai appelé la Poussière Rouge, qui débute à la prise de pouvoir du parti communiste, de Mao et s'achève en 2005. L'auteur nous entraîne à travers des saynètes de la vie quotidienne à contempler l'évolution de ce géant à l'échelle planétaire, qui a suscité tant d'aphorismes fameux, de craintes, d'incompréhension voire d'admiration. Qui Xialong a découpé son livre en chapitres qui sont autant d'illustrations du vécu et du ressenti de gens ordinaires soumis aux injonctions, aux absurdités parfois, toujours à la propagande et aux consignes du parti. Ce condensé d'histoire aux couleurs rouges des habitants d'un banal quartier pointe aussi les différences culturelles, éclaire le chemin parcouru vers l'économie de marché qui emprunta les sentiers tumultueux du Grand bond en avant et de la Révolution culturelle. Traduit de l'anglais, le style est sans fioritures, la lecture fluide.
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"Applique-toi à étudier. Quand tu entreras à l'université, je t'achèterai des crabes.
- À quoi ça sert ? a répondu Xiaoguo en ravalant ses sanglots. Toi et mon père vous êtes allés à l'université, et après ?
- Alors qu'est-ce que tu vas faire ?
- Je serai un Gros-Sous, et je t'achèterai des crabes. Des tonnes de crabes, je le jure. C'est ce que j'ai promis sur la carapace de crabe.
- Confucius dit…
- Fait chier !"

Construite au début du XXe siècle, la cité de la Poussière Rouge est un ensemble de maisons traditionnelles au coeur de Shanghai.
Ses habitants ont coutume de se réunir le soir pour converser dans ses allées, "avec leurs fauteuils de bambou, leurs tabourets en bois, leur thé, leurs cigarettes et leurs éventails de papier."

"Qu'y a-t-il de remarquable, direz-vous, à ce que les voisins parlent de là où ils vivent ? Eh bien, ce qui rend ces conversations tout à fait singulières, c'est leur caractère imaginatif, peut-être dû au feng shui de la Poussière Rouge – l'habitude de bâtir une histoire à propos de tout, une manière de voir le monde dans un grain de sable."

De 1949 à 2005, on suit donc la vie de la cité à travers celle de ses habitants, de l'effondrement du gouvernement nationaliste "non pas dans un grand bruit mais dans un crissement de grillon" et l'instauration du régime communiste, à l'intégration totale au système économique libéral mondial.

Vingt-trois nouvelles rendent compte des transformations de la société chinoise, subies par tous mais aussi soutenues par certains, et de la place de la Chine dans le "concert des nations".
Drôles ou tragiques, absurdes ou émouvantes, chacune évoque un habitant de la cité, confronté à ce tirage permanent entre tradition et modernité, aux ravages durables des "Grand bond en avant" et "Révolution Culturelle" sur la société chinoise, aux conflits dans lesquels le pays est engagé, et à la poursuite ou à l'abandon de ses propres aspirations.

Toutes sont précédées du dernier bulletin d'information de la Poussière Rouge de l'année, resituant le contexte, première bombe atomique chinoise, visite de Nixon, Reagan, Clinton, mort de Mao, procès de la Bande des Quatre…

Qiu Xiaolong connaît bien Shanghai, où il est né en 1953. Il a vécu de près les conséquences de la Révolution Culturelle, son père ayant été victime des Gardes Rouges en 1966 et lui-même ayant été interdit d'études pendant de nombreuses années.

Les confrontations de ses personnages avec la broyeuse révolutionnaire font écho à sa propre expérience.
Avec ces nouvelles, Qiu Xiaolong, maître du polar, laisse provisoirement son inspecteur Chen et trouve une voie différente pour dépeindre la société chinoise et ses mutations.

J'ai pris grand plaisir à poser mon tabouret de bois à côté des voisins de la cité de la Poussière Rouge et à écouter leur histoire commune prendre forme à travers les destins de quelques-uns d'entre eux.



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La cité de la poussière rouge est un quartier de Shanghai. Une cité dans la cité, en plein coeur de la ville. Les maisons, toutes modestes, y sont alignées comme des baraquements et regroupent le plus souvent des colocataires. Petits commerçants, cadres ou ouvriers, des personnes de statut économiques différents composent la population de la poussière rouge. le soir venu, les résidents se retrouvent pour jouer aux échecs ou aux cartes et surtout pour raconter des histoires. Ces histoires ne sont pas des contes, elles mettent en scène « les gens réels d'ici »…

On retrouve donc dans ce recueil les destins singuliers de quelques habitants pas forcément plus remarquables que les autres mais dont la trajectoire un tant soit peu particulière mérite d'être contée. de l'arrivée au pouvoir des communistes en 1949 à l'ouverture économique des années 2000 en passant par la révolution culturelle, on découvre en filigrane l'évolution de la Chine au cours des cinquante dernières années.

Les nouvelles sont présentées de façon chronologique et précédées d'un « bulletin d'information de la poussière rouge », sorte de compte rendu politique à la gloire du parti. Elles retracent des destins individuels remis dans le contexte historique de chaque année. L'ensemble propose une photographie réaliste des bouleversements qui ont frappé le pays au fil des décennies. Intéressant notamment de découvrir à quel point le commerce privé et l'appât du gain ont peu à peu pris le pas sur le communisme pur et dur. Un « socialisme à la chinoise » qui laisse de plus en plus de place à l'économie de marché, au grand dam des anciens, nostalgiques du marxisme-léninisme de Mao.

Franchement, je me suis régalé. Des petites vies, des petites gens, des petits événements bien moins insignifiants qu'il n'y paraît, c'est tout ce que j'aime. C'est poignant ou drôle, triste ou édifiant. Pauvreté, amour, solitude, désillusion, rêves d'avenir, les thèmes sont variés et rythment le quotidien de la cité. Au final, le tableau brossé par petites touches successives est passionnant. En plus un second volume intitulé « Des nouvelles de la poussière rouge » est sorti il y a peu. Autant vous dire que je suis partant pour m'y plonger dare-dare.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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La cité de la poussière rouge , quartier central de Shanghai fait l'objet dans ce livre d'une exploration au coeur du communisme socialisme sous forme de récits relatant le quotidien des Chinois durant les dernières cinquante années en passant par la révolution culturelle.
Qiu Xiaolong , au même titre que son acolyte Ma Jian dresse un constat sur la précarité , le système des travailleurs et la propagande traditionnelle que l'on connaît confinant toute âme dans les rouages de l'idéologie et broyant par un système répressif et arbitraire le faux pas malheureux ou le réfractaire désespéré.

Pour ceux qui sont quelques peu étrangers à cette partie de l'histoire de Chine , c'est une bonne base qui permet de s'insinuer dans l'ordinaire des couches sociales désillusionnées et d'entendre en off la voix des habitants, d'en saisir au gré des anecdotes les moments de vie de ceux qu'on entendait pas.
La Chine de Mao Zedong et la montée des gardes rouges n'auront néanmoins pas eu raison de ces voix qui s'élèvent de cette poussière rouge ; des hommes de lettres, aujourd'hui , nous restituent, parfois avec ce cynisme justifié, le parcours touchant de toute cette population ballottée.
Si les ruelles de cette cité étaient la chambre des murmures , c'est armé d'une mémoire collective qu'ils sont devenus cris lors des révolutions afin d'illustrer les rêves de liberté.

Un livre qui me paraît essentiel afin de decouvrir la version du petit peuple , même si j'avoue que Ma Jian garde mes faveurs dans ce registre , il en reste que Qiu Xiaolong fait également partie de ceux qui sont passés sous le rouleau compresseur ayant été interdit d'école lorsque son père fut la cible des révolutionnaires lors de la révolution culturelle , ce qui en fait une voix majeure.

Captivant.
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Quelques présentations s'imposent : Qiu Xiaolong est un écrivain chinois qui a émigré aux USA . Son père a subi les affres de la révolution culturelle et les évènements de la place Tiann'Anmen l'ont incité à rester aux USA où il poursuivait ses études. Voilà pour l'auteur.

La Cité de la Poussière Rouge est un micro quartier central de Shanghai où les habitants ont l'habitude de se réunir le soir dans la rue et de se raconter des histoires.
Ce sont ces histoires que l'auteur nous narre : Il y en a une vingtaine, de 1949 à 2005.
Elles commencent toutes par un petit récapitulatif de l'année en Chine et concernent toutes des habitants du quartier. Voilà pour le contexte.

Le fond ? Il y a tout d'abord beaucoup de poésie dans la métaphore chinoise où le wok et le bambou sont à l'honneur !

Historiquement, on apprend beaucoup sur la société chinoise et les évolutions du peuple .Bien entendu , la révolution culturelle de Mao est dézinguée mais l'économie de marché , omnipotente à Shanghai, se fait bien habiller aussi.
Il y a beaucoup de belles histoires , tristes parfois , l'honneur est au centre des préoccupations, le travail , le logement , le mariage ...
On plonge dans le quotidien du travailleur chinois . Il y a la dessus une anecdote qui symbolise bien l'idée du livre.
Sous la dictature communiste , des employés de l'état, on disait qu'ils avaient un bol de riz en fer. En gros , ils étaient certains de manger à leur faim et leur avenir était assuré.
Avec le libéralisme , cette catégorie est devenue raillée voire rayée: il y a les bol de riz en or , les sans bol de riz , le bol de riz en fer a presque disparu. Si bien que tous les commerces dont ils étaient la cible périclitent : Trop ringard pour les riches , trop cher pour les sans bol.
Voilà, tout est comme cela , c'est très instructif , les métaphores sentent le jasmin , le gingembre , le traitement des animaux fait passer la chasse à courre pour une bucolique balade en forêt. On est en Chine.
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Qiu Xiaolong est surtout connu pour ses romans policiers dont l'excellent Mort d'une héroïne rouge. Cité de la Poussière Rouge est, quant à lui, un recueil de chroniques obéissant à une unité de lieu : chaque bref récit a pour protagonistes les résidents d'une cité construite dans l'ancienne concession française de Shanghai, un ensemble de maisons traditionnelles devenues des habitations collectives avec l'arrivée de Mao au pouvoir.
L'ambition de l'auteur est de nous faire revivre au travers de la destinée de ses personnages un demi-siècle de régime communiste et de réformes radicales. Êtres broyés par l'injustice des diktats politiques, vies ordinaires engluées dans la misère, victimes du qu'en-dira-t-on, heureux bénéficiaires des changements économiques, pour eux tous la cité devient les coulisses de leur vie tandis que les plus vieux locataires, tel un choeur antique, commentent les malheurs ou la bonne fortune des uns ou des autres, au gré des mutations imposées d'en haut.
C'est cruel, tendre, caustique, parfois déchirant : là où l'idéologie ne voyait que les masses populaires, Qiu Xiaolong, avec beaucoup de talent, préfère s'attacher à l'Homme.
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Publié en 2008, "Cité de la Poussière Rouge" est un recueil d'anecdotes, de petites histoires indépendantes les unes des autres, qui ont un point commun: le lieu où elles se déroulent, la Cité de la poussière rouge, quartier de Shangaï.
Ces chapîtres relatent la vie des gens de ce quartier tout en les replaçant dans le contexte historique de l'année évoquée. Nous voyons évoluer la Chine de 1949 à 2005.
Les personnages changent d'un chapître à l'autre. Personnellement, j'ai préféré ceux qui concernent les années les plus récentes. Pour les plus anciennes, certains chapîtres me semblaient tourner un peu court.
J'ai été plus intéressée par l'étude sociologique et humaine que politique. J'ai notamment été charmée par leurs proverbes: cf. Ma citation: l'équivalent de "chat échaudé craint l'eau froide":http://www.babelio.com/auteur/Xiaolong-Qiu/6876/citations/886945.
Quand le toit fuit, il faut qu'il pleuve toute la nuit: version chinoise de "un malheur n'arrive jamais seul".
C'est ce que j'aime chez les Chinois: leur vocabulaire très imagé.

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