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Critique de Eric75


Une « danseuse », c'est bien une maîtresse (plus ou moins officielle) entretenue par un nanti, un bourgeois ou un personnage de haut rang, et pas seulement une personne de sexe féminin qui pratique la danse ! La danseuse a donc d'autres talents… et c'est donc bien de cela qu'il s'agit ici, la particularité étant que le personnage de haut rang est Mao Zedong en personne !
Nous retrouvons l'inspecteur principal Chen Cao, élément appliqué et carriériste de la police de Shanghai, toujours aussi lucide sur de degré de confiance qu'il convient d'accorder aux autorités politiques de son pays. Chen comprend qu'il doit une fois de plus faire preuve d'une extrême prudence dans le déroulement de sa nouvelle mission, quand bien même elle lui a été directement assignée par le ministre de la Sécurité publique en exercice. Il est question de retrouver des documents ou objets (personne de sait trop en réalité de quoi il s'agit), qui seraient susceptibles de ternir l'image ou de compromettre la réputation du Grand Timonier.
Le roman dévoile en fait deux destins qui s'avèreront tragiquement parallèles, celui de Shang, maîtresse de Mao et danseuse, et celui de Jiao, petite-fille de Shang et dessinatrice, aux revenus occultes, qui détiendrait les secrets de sa grand-mère. Chen va chercher à rencontrer Jiao sous une fausse identité pour mener à bien son enquête.
Qiu Xiaolong nous offre cette fois-ci un livre à charge contre le régime chinois de la période Mao, qui dénonce en particulier les dérives de la Révolution culturelle et les turpitudes du dictateur vis-à-vis de ses épouses et maîtresses successives.
On appréciera (ou pas) comme toujours, les maximes, citations et extraits de poèmes, dont certains de Mao Zedong lui-même, poète à ses heures perdues, qui émaillent les romans de Qiu Xiaolong. Et on appréciera (ou pas) les incontournables et inconcevables recettes de cuisine chinoises, à consommer le plus souvent dans d'infâmes boui-bouis de quartier (J'ai un petit faible pour « la tête de carpe fumée » qui vous « regarde de ses yeux effrayants », du fond de votre bol), et parfois dans des restaurants de luxe. Quelques anecdotes historiques assez gores seront servies à table pour accompagner les plats d'anciennes dynasties chinoises proposés dans l'un des plus chics restaurants de Pékin. Et si les pattes de chameau braisées à l'échalote ne vous coupent pas l'appétit, le sort que réservait l'impératrice Lu à ses rivales y parviendra à coup sûr.
Le dénouement de l'intrigue policière est sans réelle surprise. Après quelques bagarres et quelques assassinats, l'enquête sera finalement bouclée, mais elle laissera un arrière-goût de tragédie et d'échec personnel pour Chen, malgré la réussite officielle de sa mission.
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