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Critique de Eric75


En se promenant un beau matin dans le parc du Bund situé dans Shanghai à la jonction des rivières Huangpu et Suzhou, l'inspecteur principal Chen Cao tombe sur un cadavre achevé à coups de hache et jeté par dessus bord depuis un bateau, une méthode qui semble bien être la signature des triades. Mais plutôt que de le charger de cette affaire, son supérieur Li Guohua, secrétaire du Parti et chef de la police criminelle de Shanghai, décide de lui confier une autre mission : Chen, policier parfaitement bilingue et poète dont on connaît bien les affinités pour les traductions et la culture occidentale, doit servir de guide et accompagner pendant sont séjour en Chine l'inspecteur du FBI Catherine Rohn, chargée à la suite d'un accord international de transférer vers les Etats-Unis Wen Liping, l'épouse de Feng Dexiang, un émigré chinois, témoin dans le procès de Jia Xinzhi, le chef d'une triade taïwanaise contrôlant l'immigration clandestine (j'espère que vous avez tout suivi).
Dans un premier temps, cette mission semble déplaire à Chen Cao, qui se voit mal en guide touristique alors que sa vocation est de pourchasser les criminels dangereux. Et tout se complique lorsque l'on s'aperçoit que Wen Liping a disparu. Chen Cao et Catherine Rohn décident de mener conjointement l'enquête pour la retrouver. Peu à peu, l'incorrigible Chen Cao se rend compte qu'il n'est pas insensible au charme de sa jolie partenaire, et réciproquement.
Visa pour Shanghai est le deuxième roman de Qiu Xiaolong mettant en scène le policier poète Chen Cao après Mort d'une héroïne rouge. On retrouve ici les ingrédients habituels de la série : intrigue policière honnête mais sans plus, centrée sur un sujet de société, ici l'immigration clandestine et l'influence des triades, exotisme culinaire au fond des assiettes, description du mode de vie des habitants de Shanghai, interrogation et atermoiement dans la vie sentimentale de Chen Cao, inspecteur principal dont la vie privée est plus compliquée que la fulgurante ascension professionnelle.
La critique feutrée du pouvoir politique en place, à laquelle l'auteur nous avait pourtant habitués, est ici quasiment absente, hormis l'évocation d'une surveillance policière discrète qui ne parvient cependant pas à générer le climat anxiogène voulu. Les effets nocifs de la Révolution Culturelle sont dénoncés, mais cela appartient déjà au passé. Les triades elles-mêmes, supposées jouer le rôle du grand méchant de l'histoire, semblent curieusement timorées et utilisent des méthodes assez inefficaces comme le sabotage d'escaliers vermoulus ou la nourriture avariée. On s'attendait à plus violent et plus expéditif de leur part comme moyens de dissuasion !
Mais ne boudons pas notre plaisir, ce roman nous ballade agréablement dans l'univers exotique et policier de Qiu Xiaolong, avec son lot de personnages attachants et de situations rocambolesques n'excluant pas dans le final quelques scènes d'action dignes du massacre de Fort Alamo transposé dans un western nouille (équivalent chinois du western spaghetti).
Chen Cao, policier à la carrière prometteuse et chouchou du régime en place, montre une fois de plus ses talents de fin limier, de poète romantique et de parfait gentleman, presque trop sage à mon goût, mais c'est ce qui nous change des héros de polar américains ou scandinaves, invariablement vieillissants, alcooliques et borderline.
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