Plusieurs générations d'immigrés chinois sont évoquées dans cette bande dessinée où
Lucie Quéméner prend plaisir à emmêler les destinées, commençant par celles à venir de jeunes adolescentes, celles des parents, des grands-parents, particulièrement le grand-père, tyrannique mais aimant sa famille qu'il ne comprend malheureusement pas.
Même si le dessin ne permet pas toujours de les reconnaître, les quatre filles sont plutôt attachantes, elles ont de la répartie, entre elles et avec les autres, elles ont rarement peur, elles veulent un destin différent de celui du restaurant où leur grand-père les imagine à la tâche pour la vie entière.
Edda est la plus téméraire sans doute et la plus déterminée aussi. Elle veut être médecin, mais elle sait aussi rire, s'amuser et profiter de la liberté tant désirée en échappant à l'emprise du grand-père.
Il y a beaucoup de lucidité, de psychologie fine dans la manière d'aborder les difficultés de l'immigration, de l'intégration, celles de l'existence avec ses aléas, comme la maladie, l'inéluctable vieillissement et les angoisses qu'il véhicule à mesure que s'enchaînent les jours, chacun pouvant être le dernier.
Les dessins ne sont pas particulièrement travaillés, les visages pas toujours expressifs, mais l'ensemble se lit avec une certaine émotion, une confrontation nécessaire au vécu des autres, une possibilité de réflexion largement ouverte, y compris par la fin et sa dernière planche en double page.