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EAN : 9782070370009
275 pages
Gallimard (17/02/1978)
3.99/5   698 notes
Résumé :
On connaît le célèbre apologue chinois : Tchouang-tseu rêve qu'il est un papillon, mais n'est-ce point le papillon qui rêve qu'il est Tchouang-tseu ? De même dans ce roman, est-ce le duc d'Auge qui rêve qu'il est Cidrolin ou Cidrolin qui rêve qu'il est le duc d'Auge ?
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 698 notes
Je viens de découvrir Raymond Queneau - grâce à un certain étudiant fort sympathique en première année de lettres.
- Lis ça, tu vas adorer, dit-il.
- Ca a l'air bien, vu ta tête, dit l'époux.
- Oh oui, c'est génial, dis-je.
- Bê, bê, dit Phélise.

Seule Phélise est un personnage de ce roman, le reste reste véridique - mais vous voyez déjà où je veux en venir. On est en plein récit surréaliste, un grand n'importe quoi, mais pourtant simple, marrant, dépaysant et agréable à lire.
La langue de Queneau est, pour ainsi dire, extrêmement "bazardeuse", il nous serve des "archaïsmes néologisants" et des "néologismes archaïsants"; tel son alchimiste Timoleo Timolei il "passe d'une couleur à l'autre" , il fait "les solides devenir liquides et les liquides devenir solides, les palpables devenir impalpables"...et vice versa. C'est un régal !

Cidrolin (!) vit sur une péniche, près de Paris. Il a trois filles. Il aime bien aller faire un tour au "campigne des campeurs", lézarder dans sa chaise longue et repeindre sa clôture, laquelle un mystérieux "graffitomane" macule régulièrement par des insultes. Et il rêve qu'il est....

....Joachim, duc d'Auge. Qui se rend souvent à la "ville capitale". Qui a trois filles Qui se déplace dans l'histoire, 175 ans à chaque pas. Et qui rêve qu'il est...

Vous pouvez faire tourner la boucle presque à l'infini, si vous voulez. Pourquoi "presque" ? A chaque pas, inévitablement, le duc s'approche de Cidrolin, jusqu'à moment où les deux verres d'essence de fenouil (jusque là consommée sans modération, mais, hélas, séparément) se retrouvent posés sur la même table sur la terrasse de la péniche.
Et on va enfin mettre la main sur le mystérieux "graffitomane" ! (Il paraît que Queneau avait très envie d'insérer à son récit un petit élément policier...)
Et vous comprendrez sans doute aussi pourquoi le duc est un grand amateur de "préadamites" et pourquoi il aime tant s'adonner à la peinture rupestre chez son copain Altaviva y Altamira.
Il est temps, d'ailleurs, car c'est la fin. le duc part avec la péniche de Cidrolin vers les fleurs bleues (ce sont les myosotis; et les myosotis, dans la langue de Shakespeare....!) - tandis que Cidrolin et sa fiancée Lalix sautent in extremis dans un canot de sauvetage.

Ca fait longtemps que j'ai vu "Zazie dans le métro" et je ne me souviens pas bien...Mais "Les fleurs bleues" me font penser à un autre film que j'aime - "Dead Man" de Jarmusch. Pour l'atmosphère, un peu, mais surtout pour la "boucle", pas vraiment explicite, mais pourtant évidente. Et là, vous vous dites : PAS MAL !
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Raymond Queneau est un auteur que j'apprécie vraiment beaucoup. Et ce roman est incontestablement mon livre préféré de cet écrivain. L'écriture est merveilleuse, pétillante, inventive... Raymond Queneau était un génie. Ce livre m'a beaucoup divertie et j'ai ri de bon coeur. Un texte lu et relu, que je conseille au plus grand nombre. Ce roman est devenu un classique. C'est un chef-d'oeuvre. Un coup de coeur.
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He bien ! Je suis agréablement surprise par l'écriture de Monsieur Queneau ! «Les fleurs bleues» est le premier roman que je lis de cet auteur et cela ne sera certainement pas le dernier, merci à jeeves_wilt pour sa recommandation.
Je ne m'attendais pas du tout à cet humour et surtout à ces jeux de langage ; c'est rafraichissant et j'ai souri plus d'une fois !
Bon, l'histoire semble un peu tirée par les cheveux, avec nos deux protagonistes très bourrus mais bien sympathiques quand même, le duc d'Auge et Cidrolin, qui rêvent étrangement l'un de l'autre. Je ne suis pas sûre d'avoir saisi le sens profond de cette histoire, mais y en a-t-il vraiment un et est-ce si important ? Pas pour moi en tout cas dans ce petit roman si particulier où je me suis fait plaisir à me laisser porter par le rythme du texte, des mots et calembours de Sieur Raymond.
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Un roman historique ?
Un conte philosophique ?
Une expérience psychanalytique ?
Une étude sur les effets psychotropes de l'essence de fenouil ?
Les fleurs bleues, c'est tout ça, et bien d'autres choses encore.
Vous aimez les mots-valises ? Il y en a.
Vous aimez les canons et les bombardes ? Il y en a.
Vous aimez les chevaux ? Il y en a (et ils parlent).
Vous aimez le camping ? Il y en a.
Vous aimez les graffitis ? Il y en a.
Vous aimez l'andouillette ? Il y en a aussi.
Vous aimez l'Oulipo ? Vous êtes en plein dedans.
Merci beaucoup à Bobby_The_Rasta_Lama de m'avoir fait découvrir cette pépite !

Challenge ABC
Challenge Globe-trotter (France)
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Loufoque, entrainant, rafraichissant, humoristique, curieux, irréaliste, aérien, décalé…. Que de qualificatifs pour définir ce roman !


Cidrolin vit sur une péniche. Ses passions sont simples. Il aime faire un tour au "campigne" pour observer, tel un zoo, ses habitants. Il admire l'évolution constructive du "hachélème" de l'autre côté de la route. Il repeint sa cloture après le passage d'un inconnu qui y tague des insultes. Mais surtout la passion de Cidrolin est de dormir. Parce que lorsqu'il dort, Cidrolin rêve. Mais ce ne sont pas de simples rêves. Non, Cidrolin rêve du duc d'Auge, un personnage haut en couleurs qui vit sous le règne de Saint Louis. le duc d'Auge a une très longue vie rempli d'aventures qui lui font traverser les siècles. Mais sa principale occupation est de dormir. Parce que lorsqu'il dort, il rêve. Il rêve d'un drôle de monde. Un monde rempli de "houatures", de "tévé". Mais le duc d'Auge rêve surtout de Cidrolin, un veuf qui vit avec sa dernière fille sur une péniche, dans un temps lointain et à qui il arrive pleins d'aventures…


Toujours dans le cadre du "challenge ABC", je cherchais un "Q". J'ai hésité à choisir Queneau en raison de quelques souvenirs scolaires où le côté surréaliste de l'écrivain m'avait dérouté. Ai-je acquis de l'expérience ? Est-ce l'enseignement qui n'a pas su rendre l'auteur intéressant ? Quoiqu'il en soit, je ne regrette pas mon choix. Et pourtant, si j'essaie d'analyser ce que j'ai apprécié, je suis bien en peine ! Pas d'histoire, au sens romanesque du terme. Les personnages sont décrits sous un aspect négatif. L'orthographe est volontairement faussée. Même le titre n'a aucun rapport. Toutefois, il est impossible de quitter ce roman une fois commencé. Bizarrement, j'ai adoré le passage d'un personnage à un autre, sans aucune transition. C'est tellement naturel ! C'est difficile à expliquer mais ce livre m'a donné un sentiment de légèreté, de liberté. C'est justement le privilège d'un grand auteur d'avoir la capacité de faire rêver son lectorat juste avec des mots. Et puis ce n'est pas tous les jours que mon héros romanesque préféré est un cheval s'appelant Démosthène….
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Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Ils allèrent à travers champs, à travers prés, à travers bois, à travers varennes, à travers brandes. L'abbé grommelait, peu disposé à goûter le spectacle de la nature, pestant contre Jean-Jacques Rousseau, les orties et les ronces, se tordant les pieds sur les cailloux dont le nombre s'accroissait à chaque toise. Il fallut enfin gravir une pente assez roide et l'abbé Riphinte, essoufflé, rejoignit le duc devant une fente dans un rocher.
- Et maintenant l'abbé, dit le duc en contenant son rire avec peine, vous allez voir ce que vous allez voir.
- Ah monsieur le duc, dit Riphinte d'un ton aigre-doux, que voilà une promenade que je n'apprécie guère.
- Entrons, dit le duc.
L'abbé regarde autour de lui.
- Là, dit le duc en désignant la fente.
Le duc commence à s'insérer dans le rocher.
L'abbé fait demi-tour, direction sa mule puis l'auberge du Soleil d'Or à Plazac.
- Holà, lui crie le duc, voulez-vous bien revenir!
L'abbé s'arrête. Il entend le duc rire, très fort.
- Auriez-vous peur? lui crie le duc.
L'abbé se retourne et voit le duc à moitié entré dans la roche. Il trouve le spectacle plus ridicule que terrifiant. Il crie à son tour :
- Monsieur le duc, vous devriez plutôt tenir votre place aux Etats généraux, que faire le jacques en Périgord.
Le duc rit de nouveau. L'abbé rectifie un point de son discours :
- A l'Assemblée Constituante, voulais-je dire.
Il fait de nouveau demi-tour, direction sa mule puis l'auberge du Soleil d'Or à Plazac; ce que voyant, le duc s'extrait de son roc, pose la lanterne et court après l'abbé. Quoique lourdaud, il n'a pas de mal à le rattraper. Il le saisit par le collet et le fond du pantalon et le ramène à son point de départ. Les voilà de nouveau devant la fente dans le rocher.
- Faire cela à un ecclésiastique! dit l'abbé tout essoufflé. Je ne suis pas près de vous le pardonner, monsieur le duc.
- Personne ne nous a vus, répliqua le duc calmement, et je ne le raconterai à personne. Allez, entrez!
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Cependant, commençait à courir par les rues environnantes le bruit qu'à la taverne des Trois Etoiles un cheval parlait; aussi le bon peuple de la ville capitale en profitait-il pour jacasser à tout berzingue et commenter l'événement en ces termes:
- Animal qu'a parlé, âme damnée.
- Si le coq a ri tôt, l'haricot pue trop.
- Quand l'huître a causé, l'huis est très cassé.
- A poisson qui cause, petit cochon peu rose.
- Si bêle le zèbre ut, voilà Belzébuth.
Et autres proverbes de vaste salaison issus du fin fond aussi faux que lorique de la sapience îlede françouèse.
- Messire, dit Mouscaillot, voilà les choses qui se gâtent comme vous l'aviez prévu. Si nous nous en retournions chez nous ?
- Sans dîner ?
Dehors on commençait à crier.
-Au bûcher, le nigroman ! au bûcher, le sourcier !
-Tu as raison, reprit le duc. Nous ne sommes point populaires dans le quartier.
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L'autre continue à se lamenter.
-Et cette humidité qui va se déposer partout !
Il se précipite pour boucher les bonbonnes, luter des vaisseaux. Il râle :
- Toutes mes substances vont demander une nouvelle dessiccation ! Des années perdues ! que dis-je : foutues ! Et à cause d'un hobereau qui ne sait où s'abriter.
- Holà, fit le duc en souriant. Un hobereau ? Sais-tu à qui tu parles, souffleur ?
- Sais-tu à qui tu parles, hobereau ?
- Il y tient, à son hobereau. Je suis le duc d'Auge et représente la noblesse de ma province aux Etats généraux.
- Pouah. Moi, je suis Timoleo Timolei, le seul alchimiste du monde chrétien à connaître la véritable recette de l'or potable ou non, sans compter mille autres merveilles.
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- Espèce d'autre vous-même, réplique le duc avec bonhomie. Puisque nous sommes tous deux des Joachim, appelez-moi donc Olinde, c'est mon second prénom.
- A moi aussi.
- J'en ai cinq autres : Anastase Cré...
-...pinien Hon
- ...orat Irénée Mé...
-...déric.
- Dans ce cas, s'écria le duc d'une humeur particulièrement excellente, revenons à notre point de départ; appelez-moi Jo et moi je vous appellerai Cid.
- J'aimerais mieux Cidrolin, dit Cidrolin.
- Cidrolin soit, puisque Cidrolin voulez, mais alors, je te tutoie.
- Je n'y vois pas d'inconvénients.
- Et tu me tutoies, ajouta le duc en s'envoyant une grande lampée d'essence de fenouil.
- C'est ça, je vous tutoie.

NB - les amoureux d'acrostiches y trouveront sans doute un autre point commun entre le duc et Cidrolin.....
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A la terrase du café, des couples pratiquaient le bouche à bouche, et la salive dégoulinait le long de leurs mentons amoureux; parmi les plus acharnés à faire la ventouse se trouvaient Lamélie et un ératépiste, Lamélie surtout, car l'ératépiste n'oubliait pas de regarder sa montre de temps à autre vu ses occupation professionnelles. Lamélie fermait les yeux et se consacrait religieusement à la languistique.
Vint la minute de séparation; l'ératépiste commença lentement les travaux de décollement et, lorsqu'il fut parvenu à ses fins, cela fit flop. Il s'essuya du revers de la main et dit :
-- Faut que je me tire.
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Vidéo de Raymond Queneau
Jacques Jouet & Laurence Kiefé -traduire Harry Mathews - "Les derniers seront les premiers" - à l'occasion de la parution de "Les derniers seront les premiers", d'Harry Mathews aux éditions P.O.L traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurence Kiefé et Jacques Jouet , à Paris le 6 février 2024 et où il est question, notamment, de Harry Mathews, de traduction à deux, de contraintes et de haïkus, de Georges Perec et de l'Oulipo, de Raymond Roussel et de Raymond Queneau.
"On peut dire de la plupart des poèmes rassemblés ici qu'ils ont des origines biographiques, imaginaires ou d'ordre procédural. Une fois établies ces catégories simples, il est indispensable de ne pas tarder à les bousculer voire à les détruire. En fait, presque tous ces poèmes entrent dans plus d'une catégorie et parfois dans les trois." Harry Mathews

-"Collected Poems 1946-2016", de Harry Mathews est publié en anglais chez Sand Paper press -"The Solitary Twin", de Harry Mathews est publié en anglais chez New directions -"Case of the Persevering Maltese", de Harry Mathews est publié en anglais chez Dalkey Archive press
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