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Dernier Royaume (Pascal Quignard) tome 1 sur 11
EAN : 9782246637417
192 pages
Grasset (18/09/2002)
3.61/5   206 notes
Résumé :
« Il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir.
Lire c'est errer. La lecture est l'errance. »
Il y a vingt ans j'ai composé les huit tomes des Petits Traités. Ils sont parus aux éditions Maeght. Dernier royaume est un ensemble de volumes beaucoup plus étendu et étrange. Ni argumentation philosophique, ni petits essais érudits et épars, ni narration romanesque, en moi, peu à peu, tous les genres sont tombés. Enfant, durant toute mon enfance... >Voir plus
Que lire après Dernier Royaume, tome 1 : Les ombres errantesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Il est mal­aisé, je trouve, de par­ler des oeuvres de P. Qui­gnard. Déjà parce qu'elles sont le plus sou­vent inclas­sables, “pas à leur place” dirait l'auteur (et ceci est d'autant plus vrai pour les volumes qui com­posent ce mys­té­rieux Der­nier Royaume). Écri­vain de l'interstice, du non-socialement-conventionné, l'écriture de P. Qui­gnard échappe aux défi­ni­tions lit­té­raires et au for­ma­lisme uni­ver­si­taire dure­ment acquises au cours des siècles : ni roman, ni poé­sie, ni essai, ni auto-fiction, ni écrit tota­le­ment auto­bio­gra­phique, phi­lo­so­phique ou phi­lo­lo­gique, et tout à la fois, Les ombres errantes se situe dans cet inter­valle indé­fi­nis­sable qui s'établit entre le récit (en l'occurrence ici plu­sieurs récits, fables ou contes, jux­ta­po­sés tels un patch­work) et la pen­sée errante, vaga­bonde, qui cherche sans savoir, qui sait sans trou­ver. Cela abou­tit concrè­te­ment à une trame dis­cur­sive dis­jointe, comme épar­pillée, dis­sé­mi­née, qu'il fau­drait res­sem­bler, relier, renouer, rejoindre, et qui donne à entendre le timbre d'une pen­sée, une pen­sée dont la qua­lité pre­mière est d'être indo­cile à l'ordre, au clas­si­fié, à la logique, d'être régie par l'obsession, la répé­ti­tion du même, le sou­ve­nir, le désir et l'errance.

Il res­sort de cette lec­ture facile et pour­tant exi­geante, l'impression d'être sur une barque (peut-être que la Barque silen­cieuse qui appa­raît au volume VI de son Der­nier Royaume influence ma per­cep­tion), une péniche des­cen­dant len­te­ment un canal pai­sible et silen­cieux. le passager-lecteur, assis der­rière le bas­tin­gage, per­çoit bien des choses, il observe, avec une cer­taine indif­fé­rence ou une jubi­la­tion inté­rieure, le moindre des détails, ici un bou­quet d'herbes folles, là un saule plon­geant ses branches dans l'eau sombre, là encore une souche juchée sur la berge, il remarque que le décor change, n'est plus tout à fait le même, que le soleil, lui-même, s'est un peu déplacé, que les ombres ne pointent plus dans la même direc­tion… Il se ras­sure à chaque fois qu'il fran­chit une écluse : c'est une étape, un cap qui lui prouve que le temps a passé, que la barque avance mal­gré tout, que le voyage conti­nue… Mais dans le même temps il doute aussi, se deman­dant s'il n'a pas déjà passé cette écluse, si le temps n'a pas fait machine arrière et si sa rade n'a pas remonté le cou­rant à son insu. Car ce voyage est si lent, si imper­cep­tible, ou si glo­ba­le­ment perçu et recons­ti­tué par les liens ténus et mys­té­rieux que lui sug­gère son cer­veau qu'il en perd toute sen­sa­tion de mou­ve­ment spa­tial et temporel.

Voilà l'effet que m'a pro­curé les Ombres errantes, qui vous l'aurez deviné n'est pas racon­table mais hau­te­ment lisible, lisible à la lisière du livre. On entend encore, en fond très loin­tain, les voix de Blan­chot, de Lévi­nas, mais ces voix sont ténues, celle de Qui­gnard a pris son envol pour son Der­nier Royaume.
Lien : http://www.labyrinthiques.ne..
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« Je ne cherche que des pensées qui tremblent » .Le présent est le passant du temps...ainsi file le temps aussi longtemps qu'errent les ombres.
Bandes passantes des heures, fugaces, légères, incisives. Littérature, langage. Et puis l'image. «  Ce sont des ombres qu'il faut opposer aux images ».
L'ombre serait elle mémoire, présence ? Empreinte ? Qui passa par là se dira un jour ici. Ailleurs, dans un passé prochain. Ce n'est pas un roman, c'est un récit. L'ombre, l'ombre des réponses, et les questions de nos vies. Questions orphelines d'un passé inaccessible. Pascal Quignard se tient à part, écrire est une solitude, un cheminement, une épure, presque une ascèse. La lecture un besoin, une nécessite. Il nous fait entrer ici dans le dernier royaume, du moins nous permet il d'y jeter un oeil. le dernier royaume, ce lieu de l'esprit. Un sanctuaire.
Des pensées comme des notes, des touches, des traits, des points, une calligraphie née de l'obscurité. Tout cela se dessine, se croise, s'entremêle, se déchire, se retrouve, s'enlace, germe, meure, s'éteint, s'élève, se réfléchit, revient, revit, passe, disparaît. Ce livre est indescriptible. Ce sont des voix, des visages, des instants, des passés. Un dernier royaume fait d'échos, de reflets, de réverbérations, d'ondes.
Aussi déroutant que soit ce livre j'ai aimé me promener entre ses ombres, ses murs, ses voix.
Pas de fantômes, mais partout des immortels. C'est un hommage à la littérature, aux lettrés, à la mémoire, à l'Esprit. le royaume de Port Royal n'est jamais loin avec Pascal Quignard. Tanizaki non plus. Jamais absent, jamais détruit, toujours vivant. Des années lumières, des ombres réfléchissantes. Déroutant, oui, mais cosmique «  le passé le plus lointain et le plus dense de l'énergie de l'explosion.Tout souvenir intense approche de la force »... Des pensées comme des comètes, des phrases météorites, des trous noirs, des naines blanches, des supernova, un soleil immense, des nuages, des fleuves, le silence. «  une immensité flottante ».Rien ne se perd et tout se crée. « J'ai demandé à la levée de la Loire une part de son ombre. Puis je l'ai inventée.Puis elle m'a accueilli. »
« Le merveilleux ne connaît pas le temps ». « Les arts ne connaissent pas le progrès ».
Le dernier Royaume ...C'est un peu de la maison du monde de Simonomis…

La Maison du monde
Dans la maison du monde
il y a des enfants
avec ou sans parents
des blancs des noirs des jaunes
des rouges
dans la maison qui bouge.
Autour rôdent les ennemis
la faim la soif la maladie
le chômage et les bombes.
Il faut lutter pour la beauté du monde.
Pour toi ton voisin le mien
le sien
pour les enfants qui naîtront demain
très loin et qui parlent autrement
dans la maison du monde
dont nous sommes les grains
de sable
responsables
blancs noirs jaunes rouges
dans la maison qui bouge
autour du soleil commun.
Nous avons besoin d'un dernier Royaume pour y bâtir la maison du Monde.

Astrid Shriqui Garain

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Une grande perplexité en refermant ce livre.
Une lecture déroutante pour une écriture hermétique et légèrement pompeuse, truffée d'expressions latines.
En se raccrochant au titre, émerge une lueur de compréhension. Mais faible, la lueur ; ça part dans tous les sens, dans toutes les époques.
On dirait que l'auteur s'écoute penser et note, au fil des ses errances, tout ce qui lui passe par la tête.
Ecriture, parole, art, temps, ombres naissance, mort….. des sujets traités en vrac. Tout semble jeté pêle-mêle sans souci d'organisation.
Ou alors c'est moi qui suis insensible. Ou alors, il aurait fallu mettre un mode d'emploi.
Franchement, je n'ai vraiment pas compris où Pascal Quignard voulait nous emmener.
Je vois qu'il a eu le prix Goncourt en 2002 pour ce livre. C'est étrange.
Heureusement que j'en ai lu deux autres de lui que j'avais appréciés. Si j'avais commencé par celui-ci, je n'aurais pas persévéré.
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En 2002, le Prix Goncourt attribué à Pascal Quignard pour son livre ‘Les ombres errantes' a été controversé. Plusieurs tours de scrutin pour que le jury dégage ce titre et, fait rare, un membre du jury s'est explicitement désolidarisé de ce choix dès sa publication (Jorg Semprun). Ce n'est ni la première, ni la dernière fois sans doute que le choix du jury est critiqué. Après lecture, je peux cependant comprendre cette crispation autour de ces ombres errantes devenues Prix Goncourt.

Cet ouvrage est inclassable. Ni récit, pas plus biographique qu'historique, ni roman, ni fable philosophique ou conte poétique, la tentation serait de le verser alors dans la catégorie Essais, un peu fourre-tout mais il n'en a pas les canons, entre autres manques, par l'absence de suivi dans la pensée de l'auteur, de construction d'une thèse et des observations structurées qui permettraient d'aboutir à un essai de théorisation. Rien de tout cela, des ombres, de l'errance ! Mais l'errance peut-elle se partager ? Pas sûr, quoique…
Si le lecteur accepte de rentrer dans une lecture d'aphorismes et qu'il se laisse porter par la houle de mots dont on ne sait trop si elle nous fait voyager ou si elle nous ballote sur place, la lecture des Ombres errantes, va lui permettre de se laisser flotter au fil d'une réflexion sur le temps. Temps qui n'est jamais qu'un présent passant, qu'un temps relatif mais marqué du passé et déjà par le futur.
L'écriture de Pascal Quignard est compréhensible. Chaque phrase n'offre, le plus souvent, que peu, voire pas de difficulté de lecture. C'est le lien entre les phrases qui ouvre la porte à une série d'ambiguïté que l'auteur ne tranchera pas et qu'il laissera au lecteur, à ce dernier à se débrouiller avec ses propres errances. La définition même de l'aphorisme peut nous aider à comprendre le pari de l'auteur et nous donner une clé pour entrer dans son oeuvre.
L'aphorisme est un énoncé autosuffisant. Il peut être lu, compris, interprété sans faire appel à un autre texte. Un aphorisme est une pensée qui autorise et provoque d'autres pensées, qui fraye un sentier vers de nouvelles perceptions et conceptions. Même si sa formulation semble prendre une apparence définitive, il ne prétend pas tout dire ni dire le tout d'une chose.
Après tout, l'auteur respecte son espace et le nôtre. A lui la possibilité de partager ses pensées diffuses, à nous de les saisir, ou pas, pour les laisser vibrer en nous et comprendre la dualité des ombres. Elles nous appellent à y chercher refuge et à grandir à leurs pieds tout comme la vie nous invite à sortir de l'ombre pour nous épanouir dans ces pleins soleils qui illuminent le temps des jours qui passent et génèrent ces ombres sans qui nos soleils ne seraient pas aussi appréciables.
Une lecture qui m'a semblé accessible, quelque peu dérangeante tout de même par son style inaccoutumé pour moi et, finalement, pas aussi nourrissante que je l'aurais voulue. Petite déception donc.

Lien : https://frconstant.com
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Obscures, ces Ombres errantes qui font référence aux improvisations de Couperin après la bataille (p 176), primées par le Goncourt après une bataille entre jurés qui voulaient célébrer le meilleur d'entre eux — lecteurs, critiques, écrivains —, et ceux qui lui reprochaient de se ficher du monde, lesquels n'avaient pas tort dans leur système. Mais Quignard est hors système, il rapporte précisément dans ce livre comment il renonce au roman pour lui-même et à l'édition de l'oeuvre des autres (p 152).

On connaît, on aime ou l'on déteste son style classicisant, sévère, ses sentences, ses notes de lecture (« Le dernier mot noté par Freud : Kriegspanik » p 88), ses références aux antiques, aux Solitaires de Port-Royal, aux Vedas et à la Chine ancienne, sa marche sur une ligne de crête entre le génial et le fumeux, ses chapitres au titre trompeur : HAN YU par exemple, où sept pages évoquent Saint Cyran, le contre-feu, le contrepoint, les contre-lettres, le contrepoids, les Vikings, les Espagnols et les Portugais, enfin Georges Bataille, un chapitre qui s'ouvre par une ellipse : « Han Yu naquit en 768, obtint son doctorat en 792 et abomina le bouddhisme ».

Le paradoxe de Quignard est d'afficher sa passion pour l'isolement, l'anomie et la misanthropie alors que l'inspiration lui vient des hommes, de leurs délires, de leurs écrits et de leurs crimes, qu'il leur consacre toutes ses méditations, alors que la Nature n'est présente que par des images fugitives : « Les nuages noirs dans le ciel, comme ils se déchiraient, la voûte bleue parut soudain dans un état de nudité dont il m'est difficile de donner l'idée. le bleu était frais et luisant au fond du ciel noir » « J'avais mis à sécher sur la terrasse de la vieille ville de Mogador ma chemise. Elle était blanche. La brume l'entourait, la prolongeait sur le balustre blanc. Je regardais la mer. La brume due au soleil qui se levait déjà envahissait le port punique. Sur la gauche, la médina avait disparu sous la brume. Il y eut une invasion de papillons. La mer était sans écume, lissée, extrêmement brillante, resplendissante. Chaque vague était comme une grande tuile d'or qui s'élevait, qui avançait ». Ces phrases impressionnistes sont les seuls contenus des chapitres XIV et XX, respectivement.

Ses idées n'excluent pas les contradictions mais sont profondes, elles excitent l'esprit réfléchi : « Quand tout le monde aura cessé de lire, la littérature redeviendra prisée. Cette expérience recréera ses ermitages tant il est vrai qu'aucune autre expérience humaine ne rivalise avec elle. Expérience la plus désocialisante qui fut. La plus anachorétique. Au point que son histoire n'a jamais transité de pays en pays. Passa de monastère en monastère. Passa de moine en moine. Passa de monos à solus. de seul à seul » (p 146-7).


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critiques presse (1)
LeFigaro
23 avril 2015
L'auteur des Ombres errantes examine avec doigté la morale et les institutions qui le guident.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (104) Voir plus Ajouter une citation
Nos sociétés,
fuyant la souffrance, le négatif, la peur, l'impatience, le tragique, la mélancolie, le silence, la pénombre, l'invisible,
désertent des civilisations sublimes.
Elles s'effarouchent devant les falaises les plus vertigineuses, à l'intérieur des jungles les plus profondes.
Elles repoussent les joies les plus angoissantes, les plus désirantes, les plus belles, qui sont toujours au risque de la perte et de la mort.
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On ne sait pas bien quand le propre et le sale se sont sépa­rés dans les socié­tés et les consciences des hommes. […]

Le sacré n’a jamais été aussi omni­po­tent que dans les socié­tés modernes. On ne s’est jamais à ce point séparé des cadavres, sang des mois, cra­chats, morves, urine, fèces, croûtes, pous­sière, boue.

Nous sommes tous des prêtres maniaques dans nos cuisines.

Nous sommes des tyrans fous dans nos salles de bains.

Il est dif­fi­cile de dis­so­cier les notions d’hygiène, de morale, de sacri­fice, de pen­sée, de racisme, de guerre. Nous épions l’autre, le non-classifié social ou sen­so­riel, le para­site, la sou­ris, la salive, le mar­gi­nal, les habi­tants des inter­stices (les arai­gnées et les mulots ou les scor­pions je sont jamais ni dedans ni dehors), les uni­ver­si­taires auto­di­dactes, les mam­mi­fères pois­sons, les juifs chré­tiens, les mères céli­ba­taires, l’eau non potable, les habi­tants des fron­tières qui s’agisse des ter­ri­toire des pays ou des corps, le sperme, les épingles, les rognures d’ongle, la sueur, la glaire, les reve­nants, les pho­bies, les fan­tasmes (qui piratent le mur qui devrait sépa­rer la veille du som­meil). L’art est une pro­duc­tion parasitaire.

Celui qui fait sur­gir ce qui jusqu’à lui n’est pas appar­tient au règne de l’inapproprié.

Il n’est pas à sa place. C’est la défi­ni­tion même de la saleté : Quelque chose n’est pas à sa place. Un sou­lier est propre sur le plan­cher. Il est sale pour peu qu’on le pose sur la nappe, parmi les fleurs, l’argenterie et les verres ali­gnés.
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Il n’existe pas dans la nature de fragments. Le plus petit des morceaux est encore le tout.
...
Tout est égaré comme la goutte d’eau dans la nappe immense de la mer.
Qu’est-ce que la mer ?
Chaque océan est une larme du temps.
Qui pleure au fond de l’Être ?
                   
*
                   
À chaque fois, la mer s’avance.
À chaque fois, elle recule.
À chaque vague, elle avance sa tuile d’or.
À chaque recès, elle recule la poche incurvée de son ombre.
                   
(Chapitre XXI)
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On ne sait pas bien quand le propre et le sale se sont sépa­rés dans les socié­tés et les consciences des hommes. […]

Le sacré n’a jamais été aussi omni­po­tent que dans les socié­tés modernes. On ne s’est jamais à ce point séparé des cadavres, sang des mois, cra­chats, morves, urine, fèces, croûtes, pous­sière, boue.

Nous sommes tous des prêtres maniaques dans nos cuisines.

Nous sommes des tyrans fous dans nos salles de bains.

Il est dif­fi­cile de dis­so­cier les notions d’hygiène, de morale, de sacri­fice, de pen­sée, de racisme, de guerre. Nous épions l’autre, le non-classifié social ou sen­so­riel, le para­site, la sou­ris, la salive, le mar­gi­nal, les habi­tants des inter­stices (les arai­gnées et les mulots ou les scor­pions je sont jamais ni dedans ni dehors), les uni­ver­si­taires auto­di­dactes, les mam­mi­fères pois­sons, les juifs chré­tiens, les mères céli­ba­taires, l’eau non potable, les habi­tants des fron­tières qui s’agisse des ter­ri­toire des pays ou des corps, le sperme, les épingles, les rognures d’ongle, la sueur, la glaire, les reve­nants, les pho­bies, les fan­tasmes (qui piratent le mur qui devrait sépa­rer la veille du som­meil). L’art est une pro­duc­tion parasitaire.

Celui qui fait sur­gir ce qui jusqu’à lui n’est pas appar­tient au règne de l’inapproprié.

Il n’est pas à sa place. C’est la défi­ni­tion même de la saleté : Quelque chose n’est pas à sa place. Un sou­lier est propre sur le plan­cher. Il est sale pour peu qu’on le pose sur la nappe, parmi les fleurs, l’argenterie et les verres ali­gnés. (pp. 105, 106)
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Sans solitude, sans épreuve du temps, sans passion du silence, sans excitation et rétention de tout le corps, sans titubation dans la peur, sans errance dans quelque chose d'ombreux et d'invisible, sans mémoire de l'animalité, sans mélancolie, sans esseulement dans la mélancolie, il n'y a pas de joie.
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
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