Citations sur Dernier royaume, tome 7 : Les désarçonnés (50)
Quand, en 1548, Etienne de La Boétie théorisa la désobéissance civile, il écrit : Je ne vous demande même pas d’ébranler le pouvoir mais seulement de ne plus le soutenir.
Commencez par arrêter de voter pour vos ennemis. Arrêtez de vous donner des maîtres. Arrêtez de payer des surveillants pour vous épier. Arrêter d’offrir par votre travail, au prince, l’or et les armes dont vous serez ensuite les victimes.Arrêtez de donner la liste de vos biens à ceux qui exigent de vous piller. Pourquoi constituez-vous ces files qui montent au bûcher et qui alimentent le sacrifice pour quelques-uns ou pour un seul ? Pourquoi tenez-vous tant à être le complice préféré du meurtre et l’ami fidèle du désespoir ? Les bêtes ne souffriraient pas ce que vous consentez. Ne servez plus. p 124
L'époque historique commence quand les hommes ayant exterminé les grands prédateurs, supplantant peu à peu en nombre les animaux sauvages qu'ils avaient décimés, parquant les fauves restants dans les paradis des temples, domestiquant les bêtes qui se soumettaient à leur domination dans les enclos, eurent plus à craindre les uns des autres que des espèces qui leur avaient enseigné la beauté, la civilisation, les ruses, la terreur.
Hurler avec les loups. Cette expression n'est pas seulement française. Elle est préhistorique. Elle est paléolithique. Elle est aussi ancienne que l'invention de la chasse. Elle est vaste comme la Sibérie et le lac Baïkal. La seule chose vraiment interdite dans la vie sociale: ne pas hurler avec les loups.
La démocratie : le plus grand nombre de loups qui hurlent dicte le hurlement de tous.
L'essence de la morale : celui qui ne hurle pas avec les loups est dévoré par eux.
Il se trouve que, toutes les fois oû elle se retrouvait à Nohant, George Sand écrivait dans la chambre où lui avait été annoncée, lorsqu'elle était enfant, la mort de son père désarçonné.
C'est dans cette chambre, toute sa vie, qu'elle attendit que son père " eut fini d'être mort ".
Les alignements de Carnac sont des listes de morts qui s'enfoncent dans la mer. Les oiseaux dans leurs migrations se regroupent sur les mêmes sites au moment de leur départ qui est aussi un chant. Leur envol unanime, soudain, paraît obéir à une même orientation pour eux pleine d'évidence. Les oiseaux sont les âmes qui, comme elles s'assemblent au terme de la terre, tout à coup prennent leur envol pour rejoindre leur pays qui se situe au fond du ciel. Car toutes les âmes partent se nourrir dans l'Ouest du ciel en sang. p 68
Toute sa vie on cherche le lieu d'origine, le lieu d'avant le monde c'est-à-dire le lieu où le moi peut être absent et où le corps s'oublie.
L'empereur Alexandre posa la main sur le mur, y prit appui et se pencha vers le plus pauvre des hommes, qui n'avait même plus d'écuelle pour manger, même plus de bol pour boire, qui buvait simplement dans le creux refermé de sa paume, et lui dit:
- Demande-moi ce que tuveux.
Diogène leva le visage et répondit à l'empereur ( l'individu répondit au pouvoir):
- ôte-toi de mon soleil.
Il faut que la pensée soit capable de désobéir à tout ce dont la pensée, la pensance, la pendance, la dependance, dépendent.
il faut laisser le temps soulever l'Histoire.
Il ne faut répondre aux autres qu'en créant. Il faut laisser toutes les autres sortes de répliques.