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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce n'est pas une critique de ma part de ce livre capital pour la compréhension de certains mécanismes de la société romaine (dont nous sommes très imprégnés) mais la présentation de l'édition "beaux livres" écrite par Pascal Quignard lui-même ( disponible sur le site de Gallimard).
Vu la qualité des illustrations, je recommande vivement cette édition de préférence à l'édition de poche, importante pour le texte, mais c'est bien de se plonger dans l'iconographie
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«Quand Auguste réorganisa le monde romain sous la forme de l'empire, l'érotisme joyeux, anthropomorphe et précis des Grecs se transforma en mélancolie effrayée.
Des visages de femmes remplis de peur, le regard latéral, fixent un angle mort.
Le mot phallus n'existe pas. Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs appelaient phallos. Dans le monde humain, comme dans le règne animal, fasciner contraint celui qui voit à ne plus détacher son regard. Il est immobilisé sur place, sans volonté, dans l'effroi.
Pourquoi, durant tant d'années, ai-je écrit ce livre ? Pour affronter ce mystère : c'est le plaisir qui est puritain.
La jouissance arrache la vision de ce que le désir n'avait fait que commencer de dévoiler.»

Pascal Quignard.
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Dans le sexe et l'effroi, Pascal Quignard explique la nudité comme frontière, un secret connu de tous. Parce que « nous transportons avec nous le trouble de notre conception (...) Il n'est point d'image qui nous choque qu'elle ne nous rappelle les gestes qui nous firent (...) Or cette "chose regardée en même temps", nous ne pouvons en aucun cas la voir. Nous sommes venus d'une scène où nous n'étions pas. ». C'est-à-dire que le sexe de la femme représente, dans l'inconscient, le non être, la mort. L'être fasciné qui veut nous cacher sa fascination, ou se la cacher à lui-même, doit toujours feindre de vivre entre solitude et communion, ces deux pôles de la véritable liberté cachée sous les masques de l'engagement, l'abandon ou l'indifférence, toutes ces excuses qui nous aident à vivre. Il existe d'énormes différences entre l'érotisme joyeux, le culte du corps, en Grèce, et l'érotisme de plus en plus effrayé, de plus en plus fasciné, du monde romain. En reprenant les textes, le mot phallus n'est jamais employé en latin. Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs nommaient phallos. du sexe masculin dressé, c'est-à-dire du fascinus, dérive le mot de fascination, c'est-à-dire la pétrification qui s'empare des animaux et des hommes devant une angoisse insoutenable. Les fascia désignent le bandeau qui entourait les seins des femmes. Les fascies sont les faisceaux de soldats qui précédaient les Triomphes des imperators. de là déroule également le mot fascisme, qui traduit cette esthétique de l'effroi et de la fascination.
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Le sexe et l'effroi - Pascal Quignard

L'auteur a voulu écrire ce livre pour affronter ce mystère : c'est le plaisir qui est puritain. La jouissance arrache la vision de ce que le désir n'avait fait que commencer de dévoiler.

Le désir fascine. le fascinus est le mot romain pour dire le phallos chez les Grecs

Il faut savoir qu'à cette époque que nous appelons aujourd'hui les travers de l'amour, l'érotisme, les viols, cela était monnaie courante et les femmes comme les hommes prépubères y passaient.

L'histoire est donc mise en avant à travers l'Empire romain, les Grecs, la mythologie.

Un ouvrage très intéressant et compréhensible et l'on y retrouve des pensées de Sénèque, Sophocle, les histoires de Persée et de méduse, Pétrone et d'Ausone Domus et Villa , Médée, Narcisse. Des histoire autour de Pompéi, de fresques sur l'amour et bien entendu la grande écriture de Pascal Quignard.
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Quand le Phallos des Grecs devient le Fascinus des Romains. Si vous voulez savoir ce qu'était la sexualité, la philosophie de la chose, la vision sociale, sociétale de la chose, alors c'est ce livre qu'il vous faut. Pourquoi ne savons-nous pas que la plupart, la grande majorité des représentations artistiques de l'époque tournaient autour de cela ? En découvrant les coutumes d'autrefois, les traditions et les folies, on se rend mieux compte, on explique un peu plus les comportements d'aujourd'hui...
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Ma pensée en terminant le livre :
"J'espère que les psys ont lu ça aussi..."
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Bonne lecture... 🌻
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Inépuisable source d'information et de réflexion sur notre rapport social au sexe à travers l'analyse passionnée et érudite de l'érotisme en Grèce et à Rome. Dans une écriture limpide et très belle, l'auteur de Tous les matins du monde va de digressions en digressions montrer comment notre puritanisme en matière sexuelle issu du christianisme découle de l'institutionnalisation par l'Église naissante des dictats répressifs de l'empereur Auguste, (qui, par exemple, envoya sa fille en exil sur une île où elle mourut car ayant commis la faute d'être tombée amoureuse) en s'appuyant sur les textes latins, l'étymologie, le sens des mots, le pouvoir du langage et les représentations picturales, les fresques de Pompéi en particulier. Un livre d'une grande richesse où la culture rayonne par la fascinante capacité de l'auteur à construire des ponts entre les idées, l'histoire et leurs traces. Remarquable.
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