Ceux qui aiment ardemment les livres constituent sans qu'ils le sachent, la seule société secrète exceptionnellement individualisée. La curiosité de tout et une dissociation sans âge les rassemblent sans qu'ils se rencontrent jamais.
Leur choix ne correspondent pas à ceux des éditeurs, c'est-à-dire du marché. NI à ceux des professeurs c'est-à-dire du code. Ni à ceux des historiens c'est-à-dire du pouvoir.
.... Ils forment à eux seuls une bibliothèque de vies brèves mais nombreuses. Ils s'entre-lisent dans le silence...
Désirer est un verbe incompréhensible. C'est ne pas voir. C'est chercher. C'est regretter l'absence, espérer, rêver, attendre.
La meilleure façon de penser est d'écrire.
Il arrive qu'un amour qui ne peut avoir lieu dévore l'âme.
Nos vies sont fascinées par l'acte où elles ont pris naissance. Par leur source. Par l'aurore. Par la première aurore qui nous découvrit la lumière et nous éblouit. Il est vrai que nous sommes arrivés si humides et si anciens devant elle.
Nos sociétés,
fuyant la souffrance, le négatif, la peur, l'impatience, le tragique, la mélancolie, le silence, la pénombre, l'invisible,
désertent des civilisations sublimes.
Elles s'effarouchent devant les falaises les plus vertigineuses, à l'intérieur des jungles les plus profondes. Elles repoussent les joies les plus angoissantes, les plus désirantes, les plus belles, qui sont toujours au risque de la perte et de la mort.
Ceux qui aiment ardemment les livres constituent, sans qu'ils le sachent, la seule société secrète exceptionnellement individualisée. La curiosité de tout et une dissociation sans âge les rassemblent sans qu'ils se rencontrent jamais.
Leurs choix ne correspondent pas à ceux des éditeurs, c'est-à-dire du marché. Ni à ceux des professeurs, c'est-à-dire du code. Ni à ceux des historiens, c'est-à-dire du pouvoir.
Ils ne respectent pas le goût des autres. Ils vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps, les moeurs passionnées, les zones d'ombre, les bois des cerfs, les coupe-papier en ivoire.
Ils forment à eux seuls une bibliothèque de vies brèves mais nombreuses. Ils s'entre-lisent dans le silence, à la lueur des chandelles, dans le recoin de leur bibliothèque tandis que la classe des guerriers s'entre-tue avec fracas sur les champs de bataille et que celle des marchands s'entre-dévore en criaillant dans la lumière tombant à plomb sur les places des bourgs ou sur la surface des écrans gris, rectangulaires et fascinants qui se sont substitués à ces places.
L’amour, c’est d’abord aimer follement l’odeur de l’autre.
La vie de chacun d’entre nous n’est pas une tentative d’aimer.
Elle est l’unique essai.
Partout l'âme est un secret. Ce qui se montre est un corps.