— N’est-ce pas merveilleux de songer à cette longue histoire qu’a vécue M. Sidney ? reprit Alice, songeuse. Il a connu le temps des esclaves. Il a vu la lampe à pétrole remplacer les chandelles, puis être elle-même abandonnée pour les becs de gaz. Et aujourd’hui, on trouve l’électricité partout, jusque dans les fermes les plus isolées.
— Oui, dit Peggy, et il a vu aussi l’aéroplane concurrencer le chemin de fer qui, lui, avait remplacé la diligence. Et le téléphone, la radio, le chauffage central, les réfrigérateurs,… bref, que sais-je ? C’est inouï le nombre de choses dont nous ne pourrions nous passer et qui ont été inventées de son temps !
— En revanche, je ne pense pas que la nature humaine ait beaucoup changé sous ses yeux...
Le tonnerre roulait sans arrêt, ce qui rendait toute conversation impossible. Bess, assise entre Alice et Marion, fermait les yeux et se bouchait les oreilles en s'efforçant de se faire aussi petite qu'elle le pouvait. Cependant, sa cousine Marion montrait à la lueur des éclairs un visage pâle et crispé.