AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Woland


Titre Original : The Clue In The Jewel Box
Texte français : Hélène Commin
Illustrations : Albert Chazelle

ISBN : non cité - Editions Hachette Bibliothèque Verte 1963

Sorti à l'origine chez "Grasset & Dunlap", à New-York, en 1943, alors que les Etats-Unis étaient enfin entrés en guerre contre l'Axe, "The Clue In The Jewel Box", littéralement "L'Indice dans la Boîte à Bijoux", se vit rebaptiser vingt ans plus tard en France "Alice et le Pickpocket." Tout tourne, il est vrai, à la fois autour d'un oeuf de Fabergé qui s'ouvre sur un rossignol chantant, alors qu'il n'aurait pas dû le faire, l'air de "Joli Tambour", et d'un mystérieux pickpocket qui, avec son complice, va même jusqu'à démester habilement le propre père d'Alice, James Roy, de son portefeuille et de la somme, très coquette pour l'époque, de 300 dollars. Les éditeurs français, partisans d'un titre plus court, ont finalement décidé de mettre en vedette le pickpocket aux dépens d'un bien qu'il recherche avec passion, d'autant que ce bien se double d'un héritage conséquent et d'un titre princier. Mais oui !

Ne l'oublions pas : nous sommes en 1943. A l'époque, les réfugiés qui font voile sur les USA sont de vrais réfugiés, ayant les autorités nazies et leur cortège d'horreurs et d'injustices à leurs trousses. Mildred Wirt Benson est à nouveau la maîtresse d'oeuvre de ce roman qui précède "Alice & le Clavecin" et suit "Alice dans l'Île au Trésor", et qui porte le numéro vingt dans la série qu'elle initia. Or, elle n'est pas sans savoir que, dans les pays d'Europe de l'Est, envahis par les Nazis, les populations ont pris le chemin de l'Exil, s'arrêtant parfois çà et là en Europe de l'Ouest mais, vite rattrapées par le fléau à croix gammée, n'ont eu plus de ressources que de franchir l'Atlantique. Cette situation historique parfaitement exacte, elle va l'exploiter pour fournir un fleuron de plus à la couronne de son héroïne.

Toujours très romanesque, elle imagine la souveraine déchue d'un royaume proche de la Hongrie, la reine Marie, qui vit désormais à River City sous le nom de Mme Alessandro. C'est par l'intermédiaire de son antiquaire favori, M. Faber, chez qui elle s'était rendue pour trouver un cadeau pour l'anniversaire de son père, qu'Alice Roy / Nancy Drew va faire sa connaissance et, vous n'en doutez pas, je l'espère, se passionner pour la personnalité et l'histoire de cette grande dame qui, pourtant, sait se montrer si simple, comme se doit de l'être une véritable aristocrate.

Introduites dans l'intimité de Mme Alessandro, Alice et ses inséparables Bess et Marion apprennent que la vieille dame, si elle a perdu son fils et sa belle-fille dans la tourmente, n'en a pas moins un petit-fils, Mikhaïl, désormais adulte mais qui a disparu en même temps que sa gouvernante. Guidé et protégé par celle-ci, il aurait réussi, lui aussi, à rejoindre l'Amérique du Nord. Seulement voilà, on a perdu sa trace alors qu'il était encore enfant et vous avouerez que la retrouver dans de telles circonstances, c'est se livrer un peu à la recherche d'une aiguille minuscule dans une gigantesque botte de foin.

Les hasards du genre étant ce qu'ils sont, Alice, d'indice en coïncidence et de coïncidence en improbabilité si flagrante mais aussi si désarmante, n'en va pas moins remonter la piste du prince Michel. Hélas ! tout laisse à penser que le jeune homme, désormais connu sous l'identité de Francis Baume, a très, très mal tourné et, pour survivre, s'est fait pickpocket. En plus, où est donc passée sont éducation ? Invité chez sa grand-mère, qui ne cesse de le contempler avec adoration alors que sa domestique, qui a connu elle aussi le prince enfant, ne croit guère à cette réapparition aussi intempestive que déroutante et s'empresse de recompter l'argenterie dès que Baume a quitté sa cuisine, c'est tout juste s'il ne nous fait pas l'honneur pour le moins douteux d'un concert de "'slirps" et de "pssshhhhts" en accompagnement de l'excellent repas qu'on lui sert dans la vaisselle armoriée de ses ancêtres.

Alice elle-même commence à douter : sauf traumatisme extrêmement grave, une éducation reçue dès la prime enfance et pour ainsi dire déjà inscrite dans les gènes de celui ou de celle qui en a bénéficié, ne peut pas s'oublier du jour au lendemain. En outre, le prétendu prince-héritier, qui s'intéresse énormément à la fortune de sa royale grand-mère et aux objets précieux qu'elle a réussi à ramener de son passé (dont le fameux oeuf de Fabergé avec son rossignol chantant sur un rythme un peu trop maladroit), ne fait guère preuve d'empathie envers son aïeule, passe son temps à lui demander de l'argent et évoque à peine quelques généralités qu'il se rappellerait sur son enfance. Visiblement, le Roi Dollar est le seul souverain qu'il révère, ce qui démontre bien un mauvais goût qui ne se manifeste pas par ailleurs dans sa famille - hormis peut-être chez quelques lointains ancêtres un peu pillards qui vivaient d'ailleurs à une époque où l'infernale monnaie verte n'existait pas encore.

En parallèle, Alice, par l'intermédiaire de son amie Jeannette (Cf. entre autres, si mes souvenirs sont bons, "Alice au Manoir Hanté" , deuxième volume de l'inoubliable série), fait la connaissance d'une jeune fille originaire du même pays que Mme Alessandro et qui cherche à se faire un nom comme styliste. Cette jeune fille, au demeurant ravissante, a pour fiancé un ...

... Bon, c'est fini pour l'intrigue. Vous n'en saurez pas plus . Pour aller plus loin , il vous faudra retirer en catimini votre âme d'enfant du coffre-fort ou de la pièce dérobée où vous la dissimulez régulièrement et vous replonger avec elle dans "The Clue in the Jewel Box." Admirez au passage les très belles illustrations de Chazelle pour les objets précieux : le dessinateur parvient presque à nous les faire sortir de la page, c'est vous dire ! Cela fascinait beaucoup l'enfant que j'étais à l'époque et le plus étrange, c'est que je continue à trouver à ces dessins le même charme que par le passé . A part cela, "Alice et le Pickpocket" n'est peut-être pas mon préféré dans la série mais je lui conserve une grande tendresse et j'espère très sincèrement que vous l'aimerez autant que moi - et aussi que vos enfants et petits-enfants l'aimeront. Bonne lecture ! ;o)
Commenter  J’apprécie          00







{* *}