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Critique de Parthenia


Je crois que Kate Quinn et moi sommes incompatibles.
Car il m'est advenu la même déconvenue qu'avec La maîtresse de Rome : j'ai dévoré les 100 premières pages, puis l'ennui s'est installé pour ne plus me quitter. Et pourtant, contrairement à la première fois où mes attentes étaient trop fortes, cette fois, j'ai abordé cette suite avec détachement afin de me préserver d'une trop grande déception, cependant, le style est tellement plat, l'intrigue tellement banale, les personnages sans profondeur, que mon intérêt a décru au fil de la lecture. Et c'est dommage, car le thème abordé (les légions), peu traité dans la littérature, avait attisé ma curiosité. Ajoutez à cela que le récit est truffé d'invraisemblances et d'inexactitudes historiques et vous comprendrez mon désappointement teinté d'agacement...

Avant de développer mon ressenti, je dois vous faire part du choc que j'ai éprouvé au début quand je me suis rendu compte que Paulinus était mort ! cry Keuwa ?!? L'un de mes chouchoux a rejoint les Champs Elyséens ? Sans que personne ne ne me prévienne de cette tragédie ? Et d'abord, est-ce que cette mort a été abordée dans La maîtresse de Rome ? Si oui, comment ai-je bien pu l'oublier ? Par les dieux de l'Enfer, est-ce qu'une âme charitable pourrait éclairer ma lanterne sur ce mystère ?
Fin de l'aparté.

Comme je le disais, le début, encourageant, me faisait espérer un avis plus enthousiaste. J'ai même été agréablement surprise de constater que Vix (nous retrouvons à l'âge adulte les enfants des personnages du tome 1), qui m'avait horripilée dans le roman précédent, réussisse l'exploit de me faire rire ; malheureusement, ses défauts ont très rapidement repris le dessus. Expliquez-moi comment s'attacher à un homme aussi "grossier, insolent, prétentieux, déloyal et menteur ?" Ce n'est pas moi qui dresse ainsi ce portrait peu flatteur mais son meilleur ami, Titus à la 200è page ! Vix me fait donc davantage penser au Miles gloriosus de Plaute qu'au Corydon de Virgile !

Si bien que je n'ai jamais compris ce que Sabine pouvait bien lui trouver !
Passe encore leur liaison du début. Sabine s'ennuie en attendant un mariage qui lui permettra de réaliser ses rêves d'aventures ; alors, qu'elle choisisse pour se désennuyer de coucher avec le garde de son père dont le physique est plus qu'avantageux est tout à fait envisageable ! Par contre, qu'elle continue cette liaison après son mariage avec ce garçon si fruste, si inculte et si incontrôlable dépasse l'entendement ! J'ai trouvé leur relation vraiment agaçante : d'un côté, nous avons Vix, garçon complètement immature et coureur, égoïste forcené qui n'hésite pas à trahir Sabine juste pour soulager sa fierté de mâle froissée, de l'autre Sabine, jeune femme intelligente et indépendante, un peu volage (le personnage m'a fait penser à un mixte de la Sabine historique et de sa petite-nièce Faustine la Jeune !), qui ne se laisse pas aveugler par ses sentiments et qui nourrit envers son amant un amour adulte et pragmatique ! Bref, leur histoire d'amour m'a laissée de marbre et le récit retrouve un certain intérêt dès lors que Vix et Sabine ne sont pas ensemble... Donc, côté romance, c'est la frustration totale...

Malheureusement, ma frustration ne s'est pas cantonnée à l'histoire d'amour. Non. Elle a trouvé son apogée au traitement infligé à l'histoire et à L Histoire...

Déjà, le récit fourmille d'approximations historiques (je ne parle pas des arrangements avec l'histoire que nous explique l'auteure à la fin du volume et qui ne me gênent en aucune manière) : par exemple, Vix, bien que n'ayant pas la citoyenneté romaine, appartient à la Xè légion Fidelis (cela aurait été plus logique qu'il fasse parti des troupes auxiliaires) ; certains gestes de la vie quotidienne décrits par l'auteure, ou certains dialogues, ont une consonance curieusement moderne et anachronique !
De plus, l'auteure s'inspire de certaines scènes cinématographiques pour broder son histoire ou ajouter un effet mélo-dramatique : j'ai trouvé des similitudes avec les films Centurion , Gladiator, Kingdom of Heaven ainsi qu'avec la série Rome (les amis centurions de Vix m'ont fait penser aux 7 légionnaires du 1er et à leurs dialogues, ce qui n'est pas forcément positif vu la lourdeur de ces derniers! ^^ ; j'ai trouvé un parallèle entre le parcours de Simon et celui de Timon, le juif romain etc etc ). Ce procédé ne me dérange pas en soi, au contraire, j'aime d'ordinaire reconnaître certains clins d'oeil cinématographiques, mais là, on avait l'impression que c'était pour compenser l'essoufflement de son inspiration et le sentiment de scènes déjà vues (et en mieux ailleurs !)...
A un moment, j'ai même cru reconnaître une référence littéraire à un bouquin qui a fait le buzz, quand Vix s'interroge sur sa maîtresse : "Peut-être mon amie avait-elle en elle une petite déesse ?" (page 204-205) ; j'avais juste envie de crier : "Non, par pitié ! Anastasia, sors de ce corps !". Pardonnez-moi, je craque...

Encore une fois, l'intrigue pâtit de son lot d'invraisemblances : je n'ai pas cru un seul instant que Sabine, femme de légat, réussisse à rester incognito parmi les soldats, cachée sous sa "peau de mouton crasseuse", partageant leur feu de camp ou leurs longues marches, massant les pieds de Vix à chaque étape ou lavant son linge à la rivière ! Et que dire de Vix, qui se fait encore un ennemi du futur empereur, prenant plaisir à le ridiculiser, sans que le ciel ne lui tombe sur la tête ? encore une fois, il échappe à la vengeance de cet homme cruel sur une explication aussi saugrenue que capillo-tractée... Et là, je me dis que cette manière de tirer son héros de l'embarras où elle l'a fourré sans se soucier d'être crédible est une marque de fabrique de l'auteure ! je suis même allée jusqu'à penser qu'elle s'auto-adressait un clin d'oeil !

Donc, comme vous l'avez compris, je n'ai pas du tout été convaincue par cette suite ! La lecture en elle-même n'est pas désagréable mais l'écriture plus ludique que littéraire, l'intrigue inexistante ou poussive, les personnages pour la plupart transparents et sans charisme, n'ont pas réussi à me faire oublier que le fonds historique n'est qu'un prétexte, ce qui est révélateur du niveau d'exigence historique et littéraire de ce roman !
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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